
3x4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .-
'au-devant,& le couvrant de fon corps lui fauva la vie.
A n . i o 7 <5. Aïant à grande peine fait faire filence , il dit : Mes
enfans , ne troublez pas la paix de Téglifc par une féi
. Tim. m. i. dition. V o ic i les temps dangereux dont parle l’écriture,
où il y aura des hommes amateurs d’eux-mêmes,
avares, fuperbes &c défobéiifans à leurs parens. Il faut
qu’il arrive des fcandales, & le Seigneur a dit qu’il
nous envoïoit comme des brebis au milieu des loups.
Nous devons donc avoir la douceur de la colombe
avec la prudence du ferpent, & fans haïr perfonno
fupporter les infenfez qui veulent violer la loi de Dieu.
Nous avon? allez long-temps vécu en paix, Dieu veut
recommencer à arrofer fa moiffon du fang des faints.
Préparons-nous au martyre , s’il eft befom, pour la
loi de Dieu , & que rien ne nous fépare de la charité
de Jefus-Chrift. '
Nous avons entre les mains un figne, que Dieu nous
a donné de la viôtoire de fon égliic. C ’étoit un oeuf
de poule trouvé près de l’églife de faint Pierre, autour
duquel on voioit en relief un ferpent armé d’une
épée :& d’un é cu , qui voulant s’élever au haut de
l ’oe u f, étoit forcé de fe replier en bas. Le pape avoit
d’abord montré cet oeuf dans le concile , & il en fit
dans fon difeours uñe explication mifterieufe , puis-
il conclut ainfi : il faut donc maintenant emploïer le
glaive de la parole pour frapper le ferpent à la tête &
vanger l’églifemous n’avons que trop de patience. Tout
le concile approuva cet avis du pape , déclarant qu’ils
étoient prêts à fouffrir la mort pour une fi bonne
XXIX. Caufe; & il fut conclu, que Henri leroit privé delà di-
Lt roi Henri dé- gnité roïale & anathematifé avec tous fes complices.
p° e“i Le lendemain donc le pape fit lire dans le concile
les lettres apportées de la part du r o i, puis il pronoü- ^ n . 1076.
ça contre lui l’excommunication en ces termes : Saint V ita Greg. C .
Pierre prince des apôtres écoutez vôtre ferviteur,
que vous avez nourri des 1 enfance & délivré jufques
a ce jour de la main des méchans qui me haïiTent,
parce que je vous fuis fidèle. Vous m’êtes témoin, vous
& la fainte mere de Dieu, faint Paul votre frere & tous
les faints, que l’églife Romaine m’a obligé malgré moi
à la gouverner 1 & que j’euife mieux aimé finir ma vie
en e x i l , que d’ufurper vôtre plaçe par des moïens humains.
Mais m’y. trouvant par vôtre grâce & fans l’avoir
mérité, je croi que vôtre intention eft , que le
peuple chrétien m’obéiiTe, fuivant le pouvoir que Dieu
m’a donné à vôtre place, de lier &c délier au ciel ôc fur
la terre.
C ’eft en cette confiance que pour l’honneur &c la dé-
fenfe de l’églife de la part de Dieu tout-puiffant Pere
& Fils, & faint-Efprit, & par vôtre autorité, je dé-
fens à Henri fils de l’empereur H en r i, qui par un orgueil
inoiii s’eft élevé contre vôtre églife , de gouverner
le roïaume Teutonique & l’Italie : j’abfous tous
les chrétiens du ferment qu’ils lui ont fait ou fe ro n t,
& je défens à perfonne de le fervir comme roi. Car
celui qui veut donner atteinte à l’autorité de vôtre églife
, mérité de perdre la dignité dont il eft revêtu. Et
parce qu’il a refufé d’obéir comme chrétien, & n’eft
point revenu au Seigneur qu’il a quitté en communiquant
avec des excommuniez , méprifant les avis
que je lui avois donnez pour fon ia lu t, voüs le favea,
& fe féparant de vôtre-eglife qu’il a voulu divifer , je
le charge d’anathême en vôtre nom , afin que les peuples
fâchent, même par experience, que vous êtes
R r ij