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A n. 1078. il pût envoïer fes léga ts, pour terminer ce grand dif-
t[. 16. ferend. Il en écrivit en particulier à Udon archevêque
de Trêves , en qui il témoigne avoir une grande
çonfiance, quoiqu’il fût toujours attaché au roi Henri.
Çqs deux lettres font du neuvième de Mars 1078.
Egiiben arche- L’archevêque Udon mourut la même année, étant
' à la fuite du roi Henri au fiege du château de T u n g ,
dans la haute Allemagne. Son fucceffeur futEgilbert
grand fchifmatique. Il étoit de la noblelfe de Bavière,
& prevpt de la cathédrale de Paifau. Un jour comme
l’évêque pubüoit le décret du pape Grégoire , portant
excommunication contre le roi Henri IV. & fes adhé-
rans, Egilbert réfifta en face â l’évêque, difant, qu’il
etoit permis au roi de donner à qui il voudroit gratis
ou pour de l’argent les biens temporels de l’églife relevant
de lui. L’évêque de PaiTau voïant Egilbert incorrigible
, le déclara excommunié,-jufques à ce qu’il
allât fc faire abfoudre par le pape. Egilbert après
avoir long-tems héfité, réfolut enfin d’aller à Rome:
mais il voulut auparavant demander congé au roi,
qui l’adreiTa à l’antipape Guibert, 8c le chargea de
fes ordres. Comme il revenoit après s’être acquitté
de fa commiffion, il apprit que l’archevêque Udon
etoit mort, & que le roi étoit venu à Trêves pour
lui donner un fucceffeur. Il fe hâta donc d’y arriver
, efoèrant d’obtenir cette place pour recompenfe
de fes iervices.
Le roi aïant ordonné au clergé de Trêves de lui
nommer celui qu’ils defiroient pour archevêque : ils
lui en prefenterent de leurs corps plufieurs très-dignes:
mais comme pas un neluiavoit rien offert, il les refufa
tous. Trois jours fe paflerent a in il, & le quatrième
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Egilbert arriva. Après qu’il eut rendu compte de fa
commiffion , le roi d i t , que puifqu’on n’avoit encore
pû s'accorder pour le choix d’un archevêque de T r ê ves,
il falloir convenir de celui-ci. Tbierri évêque de
Verdun y confentit : mais Herman de Metz , Pibon
de T o u l, &c la plus grande partie du clergé & du peuple
y répugnoient, quoiqu’ils n’ofaffent réfifter ouvertement
au roi. Tout ce qu’ils purent obtenir fut
de faire différer le facre : car le roi donna fur le champ
l ’inveftiture à Egilbert par l’anneau & la croffe. C ’é-
toit le fixiéme de Janvier 1078. j’entens 1079. avant
Pâques. Egilbert demeura ainil fans être facré environ
trois ans.
Le pape Grégoire écrivit auffi en France, pour déclarer
ce qu’il avoit ordonné au quatrième concile de
Rometouchant lesévêqu’es de France &c deBourgogne
que le légatHugues deDie avoit fufpendus ou condamnez.
Quant à Manafles archevêque de Reims, nous
l’avons, d it- il, rétabli dans fes fon d ion s , après qu’il
a fait ferment fur le corps de faint Pierre, que ce n’eft
pas par mépris qu’il a manqué de venir au concile
d’Autun. Que toutes les fois qu’il fera appelle de notre
p a r t, il fe foûmettra à notre jugement , ou à celui
de notre légat. Enfin qu’il confervera les tréfors , les
ornemens &c les terres de l’églife de Reims. Le pape levé
de même les fufpenfes prononcées contre les archevêques
de Befançon , de Sens, de Bourges & deTours,
& contre Godefroi évêque de Chartres, â la charge
qu’ils fe juftifieront devant fon légat : ce qui montre
le f 1 jet qu’avoit ce prélat de fe plaindre de la facilité
avec laquelle on levoit â Rome les cenfures qu’il avoit
prononcées en France.
A a a ij
A n. 1078.
L U I .
Plaintes de Ma*
naiTes de Reims- s
y . efift» 17.
Sup. n, 46