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A n. 1095. jeune roi Conrad fils de H enri, vint au devant de lui,
Benoid. Ju j forvit d’écuïer : le pape y fit ainfi ion entrée le
dixième d'Avril'. Le roi Conrad lui fit ferment de fidélité
, promettant lui conferver la v ie , les membres
& la dignitç pontificale. Le pape de fon coté le re-,
çut pour fils de l’églife Romaine , & lui promit aide
& confeil pour fe maintenir dans le roïaume &c acquérir
là couronne impériale: à la charge de renoncer aux
inveftitures. Ives de Chartres, écrivant au pape, lui
tfifi.43. témoigna fa joie de la reduétion du roïaume d’Italie
à fon obéiiTance, & de la foûmiflion du nouveau
roi.
vgheii. A r n o u l archevêque de Milan , avoit été élit dès
l’année 1093. Sc avoit reçu l’inveftiture de la main de
l’empereur H en r i, par l’anneau & le ballon paftoral,
mais fon élection avoit été déclarée nulle par le légat
du pape. Arnoul acquiefça, 8c fe retira dans un mo-
nailere , jufques à ce que le pape venant fur les lieux,
fie ne voulant pas laiffer plus long-tems vacant le fie-
ge de Milan, le fit facrer par Dimon ou Thiemon
archevêque de Salibourg , Ulric évêque de Paffau &
Gebehard de Confiance-, qui avoient aihfté au concile
de Plaifance. Mais Arnoul mourut l’année fui-
Vànte 1096. & eut pour fucceffeur Anfelme IV.
, l c roMvuigie- Guillaume le Roux roi d’Angleterre , n’aïant point
t«ieimtéjon- encore pris de parti entre les deux qui fe difoient papes.
, avoit envoïé à Rome deux clercs de fa chapelle
tjmer.x.nnwr. Girard & Guillaume : pour favoir lequel étoit le pape
légitimé, §c l’engager , s'ils pouvoient, à adreffer
au roi le pallium de l’archevêque de Cantorberi. Ils
virent qu’Urbain étoit le vrai pape, & aïant obtenu
de lui ce que le roi defiroit, ils amenèrent en Angleterre
Gautier évêque d’Albane, qui apportoit fecret- An.i09$;
tement le pallium ; Se ils arrivèrent auprès du roi
quelques jours avant la Pentecôte , qui cette année
109 f. étoit le treizième de Mai. Le deiTein du roi
étoit de faire dépofer Anfelme, 8c mettre un autre
archevêque à ^Cantorberi par autorité du pape. Or
voici comment ce faint prélat avoit encouru fa dif-
grâce.
Dès l’année précédente , le roi voulant ôter la i.mmr.f. ¡s.
Normandie au duc Robert fon fre re , fe préparoit à
lui faire la guerre , 8e cherchoit de l’argent de tous-
cotez. Anielme qui venoit d’être placé fur le fiege
de Cantorberi, lui offrit cinq cens livres d’argent, par
le confeil de fes amis, qui lui perfuaderent que c’é-
toit le rtioïen de gagner pour toujours les bonnes
grâces du ro i, Sc d’attirer 1a protection pour l’églife.
Le roi d’abord agréa l’offre de l’archevêque : mais des
gens mal intentionnez lui dirent : Vous l’avez élevé
au-deffus de tous les feigneurs d’Angleterre , Sc maintenant
dans votre befoin , au lieu de deux mille li-.
v re s , ou du moins mille qu’il devroit vous donner
par reconnoiffance, il n’a pas de honte de vous en
offrir cinq cens. Attendez un peu, faites-lui mauvais
v iià g e , Sc vous verrez qu’il fera trop-heureux de vous’
en offrir encore autant. Le roi lui fit donc favoir, qu’il
refufoit fon prefent ; 8e Anfelme rentrant en foi-même
dit : Beni foit D ie u , qui a fauvé ma réputation.
Si le roi avoit reçu mon prefent, on auroit cru que
j ’au roi s faic femblant de fui donner ce que je lui au-
rois promis auparavant pour avoir l'archevêché. Je
donnerai donc cet argent aux pauvres à fon intention.
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