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164. H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j ï e .
lences,de meurtres,& de plufieurs autres crimes.Maïs
S. Chryfof tome n’en voulut point prendre connoif-
fance -, 8c par confideration pour. Théophi le, & encore
plus par refpeêt pour les canons : qui défendoient de
juger les caufes hors de leurs provinces, & fur tefquels
Théophi le lui-même infiftoit, dans fes lettres que
faint Chryfof tome gardoit.
Cependant Théophile travailloit jour 8c nuit aux
moyens de chafferS. Chryfoftome de fon fiege. H
trouva àC P . plufieurs perfonnes animées contre lui.
Aca c e é v êqu ed eBe r é e y é toi t venuquelque tems auparavant
: 8c n’ayant pas été bien logé à fon gré,il crut
que c'écoit un effet du mépris de S. Chryfoftome ; 8C
outré de colere, il s’emporta,, jufques à dire à quelques
uns des clercs de S. Chryfof tome: Je lui prépara
un plat de ma façon, il fe lia àSeverien de Cabales, à
Ant ioche dePtolemaïde & à un abbé Syrien nommé
Ifaac , exercé à courir en divers pars, & à calomnier
des évêques. Ils envoyèrent d’abordà Antioche,pour
rechercher la jeunefle de S. Chryfof tome: & ne trouvant
rien, ils envoyèrent à Alexandr ie, vers T h é o phi
le, qui chercha dès-lors avec foin des pretextes
pour l ’accufer.
La ville même de CP- fournit à Théophi le plu-
s#p. xx. n. 58. ftcurs ennemis de S. Chryfoftome : fçavoir , ceux de
fon c lergé, qui fouffroient avec peine la regle qu’il y
¡s. vouloit introduire; 8c en particulier deux prêtres Se
cinq diacres : deux ou trois perfonnes de la cour de
l ’empereur qui procurèrent à Théophile des foldats
pour lui prêter main-forte: trois veuves du premier
rang, Marfa veuve de Promotus, Caftricia veuve de
Saturnin, tous deux confuís, & Eugraphia, dont le
mar in’eft pas nommé. S. Chryfof tome avoit accou-
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ici trié de les reprendre , de ce quêtant vieilles elles
fe paroient encore 8c portoienc fur le front des cheveux
frifez. Les eveques d’Afie qui avoient été de-
pofez , ne manquoient pas non plus de relfenciment.
Théophile fomentoit avec foin toutes ces inimitiez: stcr.vi.c. ¡s.
il répandoir de l’argent avec profufion , tenoit une «j.
grande table, ufoit de careffes, ôeflattoit l’ambition
des ecclefiaftiqucs, en leur promettant de plus grandes
dignitez. Il trouva deux diacres que S Je an C h r y foftome
avoit chaffez de l’églife pour leurs crimes ,
l’un pour un meurtre , l’autre pour un adultéré : il
leur promit de les rétablir dans leur rang ; & leur
tint parole après l’éxil de S. Chryfoftome. Sous cette
promeffe, il leur perfuada de lui prefenter des requêtes,
qu’il avoit di&ées lui-même, & qui ne con-
tenoient que des fauffetez , hors un feul article. C ’cft t.jjfe
que l’on aceufoit l’évêque Jean de confeillerà tout le
monde , de prendre après la communion de l ’eau, 8c
quelque paftille,de peur de rejetter involontairement
avec la falive quelque chofe des efpeces, & il en ufoit
ainfi lui-même. Théophi le ayant reçu ces requêtes,
fe rendit chez Eugraphia avec Sevcrien, Antiochus,
Aca c e , & les autres ennemisde Jean ; 8c là tous en-
femble ils cherchoient la maniéré de commencer
fonprocez Un d’entre-eux propofa de prefenter une
requête à l’empereur, 8c de le faire venir malgré lui
dans leuraffemblée. Cet avis fut fu iv i , 8c l’argent en
applanit les diffioultez.On prétend même qu e l ’impe-
ratrice Eudoxia étoit perfotmellement irritée contre
Jean Qu ayant apris qu’elle avoit excité S. Epiphane
contre lui, il avoir fuivi l’ardeur de fon tempérament,
& fait un difeours contre les femmes en g én é r a l ,
mais que le peuple avoit appliqué à l’imperatrice.
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