
— d’or avec des croix au-dedans, une verge d’or à la
* 5' main. Il s’approcha, fe tint à la droite de Lucienr&
le pouffa de fa verge d’or en diiant : Lucien, Lucien,
Lucien. Puis il lui dit en Grec : V a à Jerufalem , &
dis à I évêque Jean : Jufques à quand fommes- nous
enfermez ? Ouvrez-nous promptement le tombeau
où nos reliques font négligées, afin que Dieu ouvre
par nous au monde la porte de fa clemence. Je ne luis
pas tant en peine pour moi , que pour les faints qui
font avec moi. Lucien répondit : Qui êtes vous,Seigneur,
& qui font ceux qui font avec vous ? Il répondit
: Je fuis Gamal iel , qui ai inftruit dans la loi l’apôtre
Paul, Ôc avec moi du côté oriental du monument
eft mon feigneur Etienne , qui fut lapidé par
les Juifs hors la porte feptentrionale. Il y demeura le
jour ôc la nui t , félon l'ordre des prêtres impies, afin
que fan corps fût mangé des bêtes : mais ni bête ni
oifeau n’y toucha. J’cnvoiai la nuit aux fideles que
je connoiilois à Jerufalem : je les exhortai, je fournis
la dépenfeneceffaire, Ôc je leur perfuadai d’enlever le
corps fecretement dans mon chariot, & le porter en
ce lieu dans ma maifon. Là je fis celebrer fes funérailles
pendant quarante jours,& je le fis mettre dans
mon féptilchre à l’Orient. Nicodeme y eft suffi dans
un autre cercueil, lui qui vint de nuit au Sauveur
Jcfus , ôc fut baptifé par fes difciples. Les Juifs
l ’aïant fçu, le dépoferent de fa dignité , l’excommu-
nierent & lebannirent de Jerufalem. Je leretiraichez
moi a la campagne, le nourris & l’entretins jufques à
la fin. de fa vie, ôc l’enfevelis honorablement auprès
d’Etienne. J’y mis auffi mon fils Ab iba s , qui mourut
avant moi à l’âge de vingt ans , après avoir reçu avec
moi le baptême de Jefus-Cbrift. Il eft dans le troifiéme
cercueil plus élevé , où j’ai auffi été mis après A n . 4 1 y.
ma mort. Ma femme Ethna ôc mon fils aînéSelemias
n’aïant pas voulu embraffer la foi de J . C . font enterrez
en une autre terre de leur mere, nommée Ca -
pharfemalia. Lucien lui demanda : Où vous chercherons
nous ? Gamaliel répondit : A u fauxbourg nommé
Delagabri.
Lucien étant éveillé fit cette priere : Seigneur Je-
fus, fi cette vifion vient de vous, faites que je l’aïe
encore une fécondé & une troifiémefois. Il commença
à jeûner au pain ôc à l’eau jufques au vendredi fuivant.
Gamaliel lui apparut encore en la même forme,
& lui dit : Pourquoi n’as-tu pas été avertir le faint
évêque Jean ? Lucien répondit : J’ai crains,Seigneur,
fi j’y allois à la première vi f ion, de paroître un fé-
duéteur. Gamaliel dit : O b é i s , o b é is , obéis. Puis il
ajouta : Parce que tu m’as demandé où font nos reliques
, prens garde à ce que tu vas voir. Auffi tôt il
apporta quatre corbeilles, trois d’or ôc une d argent.
Les trois d’or étoient pleines de rofes, deux de rofes
blanches, une de rouges ; la corbeille d’argent étoit
pleine de fafran d’excellente odeur. Lucien demanda
ce que c’étoit. Gamaliel dit : Ce font nos reliques.
Les rofes rouges, c’eft Etienne qui eft à l’entrée du fe-
pulchre. La fécondé corbeille , c’eft Nicodeme qui
eft près de la porte. La corbeille d’argent , c’eft mon
fils Abibas, qui eft forti du monde fans tache. Sa
corbeille eft jointe à la mienne. Aiant ainfi parle, il
difparut.
Lucien étant éveillé, rendit grâces à Dieu,& con- *• f-
tinua fes jeûnes, Latroifiéme femaine au même jour
& à la même heure Gamaliel lui apparut , ’ le menaçant
ôc lui faifant des reproches de fa négligence.
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