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Aug^de grat.
~ bien , vient de celui qui nous a donné ce pouvoir , Si
1 ' qui l'aide : mais l ’aétion par laquelle nous fa ifo n s , ou
d ifo n s , ou penions bien , vient de nous : parce que
nous pouvons auffi tourner tout cela à mal. C etoit-là
le fond de fon dogme : que l ’homme ne tînt de Dieu
que le pouvoir de bien fa ire , & qu’il tînt de lui-même
1 aétion ôc l ’effet. Il nommoit donc grâce cette
puiffance naturelle de faire le b ien , que nous avons
«H reçûë de Dieu. Il eft vrai qu’il y ajoutoit fon fecours:
mais il le faifoit confifter dans la lo i , dans l’inftruc-
tion Sc la ré v é la tion , par laquelle il nous ouvre les
yeux du coeur; nous montrant les chofes futures, afin
que nous ne foyons pas prévenus des prefentes : nous
découvrant les artifices du démon, & nous éclairant
en plufieurs maniérés.
Pelagé difoit encore , que la grâce nous eft donnée
félon nos m é r ité s ,. quoiqu’il eût femblé condamner
ÇM cette propofition dans le concile de Palcftine : car il
parloit ainfi dans fa lettre à Demëtriade, fur un paf-
■c fagede S. Jacques. Il montre comment nous devons
rcfifter au démon , fi nous femmes fournis à Dieu ; Si
fi en faifant fa v o lo n té , nous méritons fa g râ ce , pour
refifter plus facilement à l’efprit malin par le fecours
du S. Efprit. Et pour montrer que Pelage 11e parloit
pas feulement de l ’accroiffement de grâce qui peut
être méritée, mais de la première grâce ; S. Auguftin
rapporte un autre paffage, où il difoit : Celui qui s’at-
tache entièrement à D ie u , ne le fait qu’en ufant de
fon libre arbitre, par le quel il met fon coeur en la main
de D ie u , afin qu’il le tourne où il lui plaira. Ainfi
Dieu ne nous ai d o it , félon lu i , qu’après que de nous-
memes fins aucun fecours, nous nous étions donnez
a;lui. Le paffage de la lettre à Demctriade, contient
L i v r e v i n g t - t r o i s i e ’m e , 443
une autre erreur : que le fecours de la grace n’eft pas
pour faire le bien abfo lumen t, mais plus facilement ;
& il le d ifoit encore dans fon premier livre pour le libre
arbitre.
Par tous ces paffages faint Auguftin m on tre , que
Pelage n’a voit jamais condamné clairement l’erreur
qui lui étoit attribuée fur la grace : puifque tout ce
qu’il en avoit d i t , foit dans le concile de Paleftine,
foit dans fes écrits au pape Innocent, foit en prefen-
ce de P in ien , tout cela fe pouvoir entendre, felon fes
principes, du pouvoir naturel de faire le bien : de la
l o i , de l’exemple , Sc des autres maniérés de nous
éclairer , ou de la rémiflion des pechez : fans reconnoitre
la neceflité d’un fecours furnaturel, de la part de
la volonté. Et parce que Pelage avoit donné de grandes
loiianges à Am b ro ife , dont il tiroit quelques paroles
à fon avantage, S. Auguftin en rapporte plufieurs
paffages formels pour la neceflité de la grace,
Dans le fécond livre à Alb in e , Pinien & Melanie,
S. Auguftin traite du péché O l O orig inel. Il montre qjue
Celeftius s’écoit plus ouvertement déclaré contre ce
dogme , dans le concile de Carthage de l’an 4 1 1 . que
Pelage dans le concile de Paleftine : mais que Pelage
s’en étoit affez expliqué dans le premier livre de
ion ouvrage pour le libre arbitre , où il difoit : Le
bien Si le mal qui nous rend louables ou blâmables
, ne naît pas avec nous : c’eft nous qui le faifonse
nous naiffons capables de l’un & de l’autre : fans vice
comme fans vertu : & avant l’a61 ion de la volonté
propre, il n’y a dans l’homme que ce que Dieu a
créé. C e feu l paffage faifoit voir la mauvaife foi avec
laquelle il avoit anathematifé ceux qui tenoient que
le péché d ’Ad am n’avoit nuit qu’à lui feu !, & que
Q q q iij
A n . 418,-
Aug. c. 27V
c. 43- 4#.
L lV .
Livre du péché
originel*
Ap. Aug. de p'ev*
erig. c. i