
J4 H I STOIR.E E C C L ESI AST I QUE.
montroientdu doigt à leurs parens, qui toutefois ne
le voyoient point. Plufieurs diloient avoir veu une
étoile fur fon corps. Le dimanche de pâques; quand,
le jour parut,après avoircelebré lesiaints myfteres.on.
leva le corps pour le porter à la bafilique Ambrof iene
où il fut enterré. Là une multitude de démons temoi-
gnoient leur rage par des cris infupportables ; 8c 1 on
entendit de femblables cris à fa g lo ire , en plufieurs
provinces, 8c pendant plufieurs années. Le peuple jet-
toit des mouchoirs pour les faire toucher au corps.
Car il fe trouva à fes funérailles une multitude innombrable
de toutes conditions, de tout fexe, 8c de
tout âge: non-feulement de Chrétiens,mais de Juifs
8c de payens : Les nouveaux baptifez brilloient fur
tous les autres, 8c tenoient le premier rang. Le meme
jour qu’il mourut, il parut en Orient à quelques faints
perfonnages, priant avec eux, 8c leur impofant les
mains. On le connut quelque temps après a Mi lan ,
par une lettre datée du jour de fa mo r t , qui lui etoic
adreffée comme vivant : ôt qui fut reçue par Simpli-
cien fonfucceffeur,8c gardée loigneufement. S. Am -
brôife aparut auffi àFlorence,iuivant la promeife qu il
avoit faite à ceux qui le prioient de les vifiter fouvent.
On le v i t plufieurs fois prier devant l’autel de la bafilique
Ambrofiene , qu’il y avoit bâtie. C ’eft fur le
témoignage de S.Zenon évêque deFlorence,que Paulin
raporte ce fait dans la vie de S Ambroi fe, qu’il
écrivit quelques années après, à la priere de S, Au-
g u f t in , fur ce qu’il avoit veu lui même, ou apris de
fainte Marcellinefoeur du faint , 8c d’autres perion-
nes dignes de foy.
S. Simplicien au commencement de fon epifeopar,
reçut une lettre de S. V ig i le évêque de Trente conte-
L i v r e v i n c T i i ' m e ; j î
nant la relation du martyr de trois ecclefiaftiques que
les barbares des montagnes voifines avoient fait mourir
: favoir Sifinniusdiacre, Martyriusleèleur,8c Ale xandre
portier.Sifinnius étoitGrec natif deCapadoce,
de race noble, 8c déjà vieux. Ce fut le premier qui
prêcha l’évangile à ces barbares, 8c il bâtit chez eux
une églife à fes dépens, tout pauvre qu’il étoit. Mar-
tyrius ayant quitté la milice du fiecle 8c la compagnie
de fes parens, reçût le baptême, 8c enfuice 1 ordre
de le&eur, ac fut le premier qui fit entendre à ces
barbares le chant des louanges de Dieu. Il etoit continuellement
apliqué aux oeuvres fpirituelles, 8c jeûnoit
affiduëment: Alexandre étoit fon frere, tous trois
avoient gardé le célibat. Le lieu ou il prechoit 1 e-
v an g i le , étoit nommé Ana gniaou Anaunia à v in g t -
cinq ftades, c ’eft à dire à une lieuë de la ville de
Tr en te , dans les détroits des montagnes, ils fouffri-
rent long-temps les infultes des barbares; enfin ils
furent martyriiez à cette occafion. Les payens fai-
foient à la fin du mois de May des proceffions profanes
autour de leurs terres, prétendant les purifier,
ëc attirer fur leurs femcnces la benediétion de leurs
dieux; ils portoient des couronnes, chantoient des
cantiques 8c menoient en pompe les animaux qu ils
dévoient immoler. Comme ils vouloient contraindre
un des nouveaux chrétiens a donner auffi des
viét imes , Sifinnius l’empêcha, 8c fut bleffedange-
reufement. Le lendemain des le point du jour, les
payens armez debâtons, de cognees, 8c de femblables
inilrumens, vinrent tout d’un coup à 1 eglife, ou ils
trou verent quelques clercs,qui chantoient les prières
du matin; ils pillèrent 8c foüillerent tout , profanèrent
les faints myf teres, Ôc abattirent 1 eglife. Le
A n. 397.
Ap. Rain. a lia
Marc. fine,
f . C 84.
p. Oo*
V. Baron* a#.
400.