
». iî. des pecheurs & à des pecheurs. Ce n’eft pas à dire
que la puiflance fouveraine, le droit de vie & de
mor t , les ongles de fe r , les armes,foient inutilement
inftituées Toutes ces chofes ont leurs réglés, leurs
caufes, leurs unlitez ., pour retenir les méchans par
la c rainte, & faire que les bons vivent parmi eux en
sûreté. Mais les intercédions des évêques ne font pas
contraires, à cet ordre des chofes humaines , qui en
eft le fondement ; & qui rend fa grâce d’autant plus
grande, que le fupplice étoit plus jufte. Il y a quelquefois
de la cruauté à pardonner & de la mifericor-
de à punir. C ’eft pourquoi il ne faut pas pouiïer le
châtiment jufques à la mor t , afin qu’il refte un fujet
a qui il foit utile. Il eft vrai qu’il y a des perfonnes à
qui il eft permis de faire mourir : comme le juge, le
bourreau , le voïageur attaqué par un v o leu r ,. le
foldat en guerre. Et fouvent celui qui eft la caufe ou
l ’occafion de la mort d’un autre n’en eft pas coupa-
8.18. b le , il faut regarder l’intention. Ainfi quoique le
criminel, que nous avons fauvé du fupplice, fafle en-
fuite de plus grands maux : il ne faut pas nous les imputer
; mais nous attribuer le bien que nous regardons
dans nos intercédions : fçavoir la douceur qui
rend aimable la prédication de l ’évangile, & le falut
éternel de ceux que nous délivrons de la mort temporelle.
8.i». Macedonius fe plaignoit encore, que les évêques
intercedoient pour des criminels , qui ne vouloient
pas rendre ce qu’ils avoient pris. Saint Auguftin déclaré,
que c’eft entièrement contre leur intention :
qu’il n’y a point de vraie penitence fans reftitution,
a.«. & que celui qui n’oblige pas à reftituer , eft complice
du crime. Mais quand le coupable n’a plus ce qu’il a
J L I V R E • V I N Ç T - T R O I S I E ’m E. 373
pris > ou quand i l nie de l’a vo ir ,' on ne peut l’obliger
à le rendre > & comme les évêques y étoient fouvent
trompez , les, juges lcs acculoient de favorifer la mau-
vaife foi des coupables, Saint; Auguftin donne ici
d'excellentes réglés fur diverfes matières de reftitution
, à l’égard des juges, des témoins, des,avocats &
des miniftres inférieurs de juftice, Macedonius reçut
cette lettre de S. Auguftin avec grande reconnoiiTan-
çe ; & perfuadé de; fes raifons;, accorda la grâce à
quelques criminels, qu’il lui avoit recommandez.
L I V R E V I N G T - T R O S I E 'ME .
r ¥ ~ ' A N d 1 s que l’herefie des Donatiftes tomboit,
| il s’en élevoit une autre plus dangereufe : celle
des Pelagiens, qui fut condamnée pour la première
fois, par un.concile tenu à Carthagel’an 4 1 t. Pelage
auteur de cette herefie , étoit né dans la grande Bretagne
de parens peu confiderables, enforte qu’il n’a-
voit pas été inftruit dTborçl dans les bonnes lettres.
Il embrail’a la profeflion monaftique & demeura fim-
ple laïque : aulli ne lui donnoit-on autre qualité que
de moine. Il demeura tr.ès-long-temps à R om e , y fut
connu de beaucoup d e ,gens, acquit une grande réputation
de vertu-, &; fuyaimé de S. Paulin , & eftimé
de S. Auguftin, ii fut auifi renommé pourfa doétrine,
compofa quelques ouvrages utiles ; fqavoir trois livres
de la Trinité -, & un recueil de paU'ages de l’écriture
pour la morale. .. . . , - . .
Pendant ce féjour de Rouie , Pelage tomba dans
l’herefie contre la grâce , inftruit par un Syrien nommé
Rufin. Car cette erreur avoit déjà cours en
A a a iij
Ep. 154. al. 5"!
I.
Coir.menceoeeD*
de Pelage & de
Celeftius.
©rof. apolcg, e. i 4 t
A u g. de gefl. Te-
J.ag. c. t z . '
Gennad. de feriptî
c. 4 1,