
<foo H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fécond de Valentinien § c’eft-à-dire le vingc-fixiérnc
de Septembre 4 1 6. Il y a voitauftideux évêques, Re-
ligien & M artin ien, & fept prêtres/Saturnin, Lepo-
rius , Barnabe, Fortunatien, Ruftique , Lazare &
Eraelius.
Alors S. A uguftin dit : Nous fommes tous mortels :
dans la jeuneffe on efpere un âge plus avancé ; mais
après la vieilleffe il n’y a plus d’autre âge â efperer.
Je fçai combien les églifes font ordinairement troublées
après la mort des évêques ; & je dois autant
<jue je puis empêcher que ce mai n’arrive ici. Je viens
comme vous fçavez de l’églife d eM ile v e ,o ù on crai-
gn o it quelque trouble après la mort de mon confrere
Severe. Il avoit défigné fon fucceffeur : mais il avoit
cru qu’il fuffifoit de le faire.devant le cle rgé , & n’en
avo it point parlé au peuple:quelques-uns en étoient
contriftez : toutefois par la mifericorde de D ie u , ils
fe font appaifez ; & celui que Severe avoit défigné a
été ordonné évêque.
Afin donc que perfonne ne fe plaigne de moi/je
yous déclare à tous ma volonté, que je crois êtrecelle
de Dieu : Je veux que le prêtre Eraelius foit mon fuc-
ceffeur. Le peuple s’écria : Dieu foit loué , J. C.foit
béni. Ce qui fut dit vingt-trois fois : Jefus exaucez-
nous , vive Auguftin : On le dit feize fois. Quand on
eut fait filence , S. Auguftin dit : I ln ’eft pas befoin
de m’étendre fur fes loüanges , j’aime fa fagelfe, &
j’épargne fa modeftie: Il fuffit que vousleconnoiffez,
& que je veux ce que vous voulez. Et enfuite : Les
notaires de leglife,comme vous voïez,écrivent mes
paroles & vos acclamations : en un mot nous faifons
tin aéfce ecclefiaftique : car je veux que ceci foit ainfî
aflùré, autant qu’il fe peut devant les hommes. Le
peuple
L i v r e v i n g t - q u a t r i e ’me. gr&r
peuple cria trente-fix fois , Dieu foit loué , Jv C i foit
beni. J ésus exaucez-nous ; v iv ç Auguftin treize fois,
Soïez notre pere & notre évêque, huit fo is , i l eft dig
n e ,il eft jufte, vingt fo is : il le mérité j il en eftdignc,
cinq fois. I l eft d ig n e / il eft jü fte , encore fi x fois. I f
S. Auguftinajoûra : Je ne veuxpa&qu’on faffe pour
lui ce que l ’on a fait pour moi; ' M on pere Valere
d’heureufe mémoire , v ivo it encore quandq'e fus o rdonné
évêque , & je tins- le fiége aveedui/Oe que le
concile de Nicée a défendu: rmaisiflqus neleifcavions
ni lui ni moi. Je ne veux d on c pàSqüe> l ’on Reprenne
en mon’fils ce qu’on a repris'ien moi.' Il demeurera
prêtre comme il eft,/&ffer'a4 vêque iquand i l
plaira a Dieu. Mais je-vais faire'iînaintènant avec la
grace de: J. C . ce que je »n’ai pÊ exécute! jufques ici*
V0us-f9avez.ce que j’ai voulu faire i l y a quelques
années. Nous étions convenus1, qu'àçaufe du travail
fur les écritdres, dont mes frères les évêques ont bien
voulu me charger en deux conciles de Numidie & de
Carthage ; on me laiiferoit en repos pendant cinq
jours de la femaine : vous en convîntes par vos acclamations,
on en dreffa les^adês; On l’obferva jieù de
temps, & . on revint bien tô t ' fondre fur moi avec
violence : en forte que l ’on ne me permet point de
vaquer â ce-que je voudrois. 'Jovous prie & vous conjure
par J. C . fouffrez que je medécharge du- poids
de mes occupations / fur ce jeune homme: le prêtre
Eraelius, que je defigne pour mon fucceffeur. Lepeu-
ple cria vingt-fix fois : Nous vous rendons grâces de
votre jugement, S. A u gu ftin les remercia/ &i ajouta :
Q u on s adreffe donc a lu i , au lieu de venir à moi :
quand il aura befoïn de mon confeil, je ne le lui refu-
ferai pas. Si Dieu m’accorde encore quelque peu de
Tome F . Go -ag