
fi précis, S. Jean Chryfof tomedefcendit delamaifotf
épifcopale avec les évêques fes amis,&leur dit:Venez,3
pr ions , & prenons congé de fan g e de cette églife.
Auffi-tôt un hommepuiffant & craignant D ie u , qui
fuivoit le bon parti, lui donna cet avis : Luçius , dont
vous connoiiTez l’iniolence, eft tout prêt dans un bain
p u b l ic , avec les foldats qu’il commande, pour Vous-
enlever de force,, fivous refiftezou différez d’obéïr;
la ville eft fort émûë , fortez donc promptement &
fecretement, de peur que le peuple n’en vienne aux>
mains avec les foldats. AlorsSiChry foftome prit congé
de quelques-uns des évêques avec le baiier accompagné
de larmes ; car il n’eut pas la force de les em-
braifer tous, & dit aux autres dans le fanêtuaire : De meurez
i e y , je vais un peu me repofer.
Il entra dans le bap t i f te re ,&ap p e l la Olympiade,
qui ne fortit point de l ’é g l i fe , avec Pentadie & Pro~
cladiaconef les , &S i lv ine veuve de Nebridius& fille
deGi ldon : Ven e z -çà , leur dit-il, mes filles, écoutez
moi : Ma fin approche , à ce que je v o i , j’ay
achevé ma carrière, & peut-être ne verrez-vous plus
mon vifage. C e que je vous demande, e’eft que votre
affeêbion pour l’églife ne fe relâche point ; & que
quand quelqu’un aura été ordonné malgré lui , fans
l’avoir br igué,& du confentement de tous, vousbaif-
f iez la tête devant lui comme devant moi ; car l’é-
g l i fe n e p e u t être fans évêque. Et comme vous voulez
que Dieu vous falfe mifericorde, fouvenez-vous
de moi dans vos prières. Elles fe jetterentà fes pieds,,
fondant en larmes. Il fit figne à un des plus fages de
fes prêtres, & lui dit : Emmenez-les d’i c i , de peur
quel les ne troublent le peuple. Elles s’appaiferent un
p eu, .&i l fbrtit du côté de l’O rient , tandis qu’à l ’Ocd-
L i v r e v i n g t -u n i e ’ me . pas
Jent devant le grand portail de l’églife on tenoitpar
fon ordre fon cheval,pour donner le change au peuple
¡qui l’y attendoit ; il s’embarqua & paifa en Bythinie.
Sa mere qui v ivoi t encore, l’exhorta courageufe- cbryfiji.ef.in-
ment à fe retirer plutôt que de rien faire d’indigne
de lui.
Pendant qu’il fe retiroit,on v i t tout d’un coup une m. ¿.jr.
grande .flâme dans l’églife, à la chaire ou il avoit coutume
de s’affeoir, & d’où il prêchoit. Le feu monta
au toit, & du dedans gagna le dehors; en forte que 1 e-
glifefut toute brûlée, avec iesbâtimens qui 1 accom- ?.»*•
pagnoient,excepté une petite facriftié ou etoient les
vafesfacrez, qui fembla confervée par miracle, de
peur que les ennemis de faint Chryfof tome ne 1 accu-
faifent d’avoir enlevé ces vafes. De l’églife le feu pouffé
par un grand vent de no rd, t ra v e r fa la place fans
faire de mal au peuple,, maisfaifant comme un p o n t ,
il prit au palais où fe tenoit le fenat,fitue au midi de
l’églife. Ce palais commença à brûler non du cote de
L’églife, mais du côté du palais de l’empereur qui
joignoit celui du fenat: brûla pendant trois heures,
depuis fextejufques à none, ôt fut confume tout entier.
Danstout cet incendie,quicommençadeslefoir
precedent, il neperit pas une ame , pas meme une
bête.Les Catholiques la regardèrent comme un mira- sw.-n. uji. c
cle& un effet de la vengeance divine; quelques-uns H
en accuferent les fcliifmatiques, & dirent qu avec 1 e- 8oi, 5
glife ils vouloient brûler le peuple qui etoit dedans.
Les fchifmatiques, & les payens après eux, en accuferent
les Catholiques , & dirent qu’ils avoient mis
exprès le feu à l’églife , afin qu’il n’y eût plus d’évêque
après Jean; mais jamais on ne put découvrir 1 auteur M*rc. c&f *#>
4 e c.ec embrafement, Il arriyale lundi vingt ième de
D d ij