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attachez au p é ch é , parce que vous n’avez pas enccÊ
re reçu la grâce pour vous en relever. Mais fi vous
êtes prédeftinez, vous recevrez la même grâce. Et
vous autres, fi vous êtes rép ro u v e z , vous ceiîerez
d’obéir. Quoique tout cela foit vrai dans le fond & à
le bien prendre : la maniéré de le dire avec dureté &
fans ménagement,le rend infupportable. Il faut plutôt
dire : La prédeftination certaine vous a amenez de
Pinfidelité à la fo i , & vous y fera perfeverer. Si vous
êtes encore attachez à vos peche z, recevez les in {Imition
s falutaires , fans toutefois vous en élever ; car
c'efl Dieu qui opere en vous de vouloir & de faire.
Et fi quelques-uns ne font pas encore appeliez,prions
D ieu qu’il les appelle ; car peut-être ils font prédeftinez.
Quant aux rép rou v e z , il ne faut jamais en parler
qu’en tierce pe r fonn e , en difant par exemple : Si
quelques-uns obéiffent maintenant, & ne font pas pré-
deftinez , ils ne font que pour un temps, & ne demeu-
A r e r o n t pas d'ans l’obéiflance jufqu’à la fin. Sur t o u t ,
il faut exhorter les moins penetrans à laiffer les disputes
aux fç a v an s , & faire attention aux prières de
I’églïfe.
'• 11 S. Auguftin finit en ces mots : Ceux qui lifentcéci,
s’ils l’entendent, qu’ils en rendent grâces à D ieu , s’ils
ne l ’entendent pas .q u ’ils le prient de les inftruire.
Ceux qui croient que je me trompe , qu’ils confide-
rent très-attentivement ce que j’ai d it , de peur qu’ils
n e fe trompent eux-mêmes. Pour m oi je rends grâces
a Dieu , quand ceux qui lifent mes ouvrages, m’in f-
truifent &r me corrigent ; & c’eft ce que j’attens principalement
des doiteursde l’églife , s’ils daignent lire
ce que j’écris. S. Auguftin ne répond rien à l’obje-
¿fcion tirée de k differe-nce entre la grâce des deux
L ï v r ê v i n g t - q , u a t r i e ’me . 64J
états , celle d’A d am , & la nôtre
Dans ce livre dé la bérfèverance „ il marque qu’il txn
. . . . ■ K r \ . r i-, • • L iv re des hcrelic»
travailloit en meme temps a< les rétractations ; & il en f t[ n_
parje^ aulli dans fa derniere lettre à Quod vultdeus,
écrit par confequent vers le mêmeitémpsv Qubd-
Vultdeus alors diacre de Carthage. ,;’& depuis évêque
de la même é g life ,■ écrivit à S. A u g u ft in , pour le ¿ t- *»*
prier au nom de tout le clergé d’écrire un petit traité,
qui marquât en abrégé toutes les herehes-depuis le
commencement du chriftiamfme. S. Auguftin s’en
exeufa d’abord fur la difficulté de l’ouv ra g e , & ren-
vo ïa Quodvultdeus aux traitez de S. Philaftre évêque tpin.m:
de Breile , & de faint Epiphane, témoignant eftimer
beaucoup plus celui-ci. Quodvultdeus ne fe rebuta
pas ; mais par une fécondé lettre il prelfa tellement S. Efi/i.n3.
A u g u ft in , qu’il obtint enfin ce qu’il demandoit. Seulement
S. A uguftin le pria de lui donner du tem p s ,! tfij¡S®*!-
caufe des occupations qui lui étoient furvenuës, &
qui l’avoient obligé de quitter même l ’ouvrage qu’il
avoit entre les mains.
C ’eft , d it - il , la réponfe aux huit livresque Julien
a publiez , après les quatre aufquels j ’ai déjà répondu.
M on frere Alypius les aïant recouvrez à Rome
& ne les aïant pas encore tous copiez n’a pas voulu
perdre une occafioû qui s’offtoit de m’en envoïer
cinq : promettant d’envoïer bien -tê t les trois autres,
& me prefiant fort d’y répondre. J’ai donc été o b ligé
de faire plus lentement ce que je fa ifo is , qui eft la-
revûë de mes ouvrages ; & pour ne manquer ni à l’un
ni à l ’autre je travaille à l’un le jo u r , à l ’autre la n u it,
autant que me le permettent les autresoecupations qui
viennent inceffamment de toutes parts. Il exécuta fa
promeife, & envoïa quelque temps après à Quod-
M m m m iij