
£}8 H i s t o i r e E c o l e s ï â s t i q j e t e .
ou fau v e z , félon que Dieu prévoit qu’ils feroient
bons ou mauvais, s'ils arrivoient en âge d’agir. Ils en
difent de meme des nations entières, 8c que l ’évangile
y a etc preche ou n o n , félon que Dieu prévoïoit
qu e lle s dévoient croire ou ne pas croire. Que N . S.
J- C . eftmorc pour tout le genre humain, & que per-
ionne abiolument rieft exclus de la rédemption de
fon fang. A iïifi dé la part de D ie u , la vie éternelle eft
préparée a tous : mais de la part du libre arbitre y
elle n eft pas pou-r ceux qui croient d’eux mêmes,
& méritent par leur fo i le fecours de la grâce. Saint
Profper ai>nt ainfi expofé la doftrine des Demi-Pela-
g ien s , demande à faint Auguftinfoivfecours. Etpre-
miercinent, dit i l , parce que la plupart ne c ro ien t
pas que la fo i foit be fle e dans cette difpute , faites-
leur voir combien leur opinion eft dangereufe r en-
fuite comment cette grâce prévenante & coopérante
ne nuit point au libre arbitre. Si dans la predeftina-
tion il faut diftinguer un décret ab fo lu , pour les en-
fans qui font fauvez fans rien faire , & une prévifion
du bien que les autres doivent faire ,o u tenir fans-
diftindrion, qu il n y a en nous aucun bien dont D ieu
n e foit 1 auteur. Inftruifez-nousencore fur ce qu’aïant
ïepaife les opinions des ancieng fur ce fujet, nous les
avons trouvez prefque tous du même avis :: que la
predeftination eft fondée fur la prefcience , par laquelle
D ieu connoit comment chacun ufera par fa
volonté du fecours de la grâce. Nous efperons par-là
que vous eclaiTerez ceux qui font prévenus de ces
opinions. C ar vous devez fçavoir que l’un d’entr^eux,
homme p e grande autorité & très- zélé pour l’églife ,,
îe faint eveque d Arles Hilaire* eft en tou t le refte
admirateur & feélateur de votre do&rine, & defîre
L i v r e v i n g t -q j j a t r i e’m e . 639
depuis long-temps de conférer par lettres avec vous
fur ce point.
Saint Auguftin aïant retjû ces lettres d’Hilaire 8£ , u_
de Profpe r, fut affligé de vo ir que l’on osât encore re- g«fH" de
fifter à la doétrine de l’églife, confirmée par tant d’au- slbis.
toritez divines fi manifeftes. T outefois il ne pur refu-
fer de contenter le zele de ces vertueux laïques -, 8i
quoiqu’il eût déjà tant écrit fur cette matière , quoiqu’il
fût accablé de fes autres occupations & de fon
grand â g e , il ne laiffa pas de compoferdeux livres intitulez
de la predeftination des Saints, &c adrëflez à
Profper & à Hilaire.
Dans le premier, il montre que non feulement c.
l’accroiflemcnt de la fo i , mais fon premier commencement
eft undon de D ie u , puifque S. Paul dit : Il vous
a été donné par J. C . non feulement de croire en lui, pwk/.i.z>
mais encore de fouffrir pour lui. Et ailleurs:Nous ne z. c>r. m-s-
fommes capables de rien penfer de nous-mêmes : Or
c ro ire , eft penferavecconfentement. Ilcon fe ffeq u ’il c. } .
avoir été autrefois d’un autre fentiment, comme dans
l ’expofîtion de l’épître aux Romains écrite avant
fon épifeopat, que les Demi - Pelagiens lui objec-
toient : mais il reconnoît qu’il s’étoit trompé ; & dit
avoir été défabufé principalement par ce paffage :
Q u ’avez-vous que vous n'aïez re^û ï car il montré i.cor.tr.7.
qu’il faut l’entendre même de la fo i : & qu’elle doit f. 5.
être comptée entre les oeuvres qui né précèdent point c . 7. '
la grâce de D ieu , félon cet autre palTage : N on par «.
les oe uvres, autrement la grâce n’eft plus grâce. Car
Jefus-Chrift dit que l’oeuvre de D ieu , c’eft de croire /»«».n.i*.
en celui qu’il a envoie. Donc la foi & commencée
& parfaite eft un don de D ie u , qui n’eît pas donné à
tous