
A n. 404.
L I V .
Affaire de Spes
& de Boniface.
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à l eglife catholique , par le moyen des officiers des
Villes, & des propriétaires des terres. Enfin que l ’on
ecriroita l’évêquedeRome,ou auxévêques des lieux
ou fe trouveroit 1 empereur , pour leur recommander
les députez.
Ce fut peut-être pendant le féjour que faint Au-
guftin fit à Carth ige pour ce concile,qu’il écrivit les
deux lettres iur ¡’affaire du prêtre Boniface. Ce prêtre
avoir acculé d’un crime infâme un jeune homme
nommé Spes , qui demeuroit dans le monaftere de S.
Auguf t in. Spes au contraire avoit rejetté le crime fur
Boniface, l’accufant de l’en avoir follicité lui-même.
Comme il n’y avoit point de preuve, S. Auguftin fut
iong-tems inquiété de cette affaire, ne trouvant de-
quoi convaincre ni l'un ni l’autre,quoi qu’il eût meilleure
opinion du prêtre,& lui donnât plus de créance;
ainfi il avoit penfé deles laiffer au jugement de D ieu,
jufquesà r e q u e Spes, q u i lu ié to i t ftrfpeét, lui donnât
quelque occahon de le chafferde fon monaftere.
Mais il preffa fortement faint Auguftin de le promou.
voir danslaclericature, ou de lui donner des lettres
pour etre ordonne ailleurs; a quoi faint Auguft in ne
put fe reibudre, a eaufe du foupçon qu’il avoit contre
lui.
Alors Spes commença à demander avec plusd'em-
preffement, que fi la clericatureluiétoit refufée, on
ne permit pas nonplus au pretre Boniface de garder
fon rang: Boniface y confentoit plutôt que de cau-
fer du fcândale enfaifant éclater une affaire où il ne
pouvoit fejuftifier devant les hommes Mais faint Au-
guftin trouva un tempérament, qui fut de les faire
convenir tous les deux d aller a Noie au tombeau de S.
Félix -, & la convention fu t rédigée par écrit. S. Auf
guftin étoit perfuadé que Dieu obligeroit le coupable A n . 404.
à confeffer fon crime. Il avoit vû à Milan un pareil
miracle ; d’un voleür qui étant venu à un tombeau
de faints, pour faire un faux lerment , fut contraint
d avouer ion lacrin ; le tombeau de S. Félix étoit célébré,
par le grand nombre de miracles qui s’y faifoient;
& S. Auguftin étoit affuré d’en apprendre plus fure-
met it , que d’ailleurs, ce qui s’y feroit paffé, par S.
Paulin fon ami qui y demeuroit. Boniface 8c Spes y
devoient aller fecretement 8t fans être connus : Boni-
face même ne prit point de lettre pour faire connoî-
tre qu’il étoit prêtre, afin d’être traité également avec
fa partie. S. Auguftin vouloit dérober à ion églife la
connoiffance de cette affaire, qui ne pouvoir caufer
que du fcandale.
Toutefois elle fut divulguée,8ton demandoit que le
nom de Boniface fût ôté du catalogue des prêtre^. S.
Auguftin en écrivit premièrement à Félix & à Hila- 77*^3
rin, deux des principaux du peuple catholique d’Hip-
pone, difant qu’il ne peut le refoudre à ôter le nom
de Boniface d’entre les prêtres, puifqu’ il ne l’a convaincu
d’aucun crime , 8c qu’il eft perfuadé de fon.
innocence; que la caufe eft pendante au jugement
deDieu, 8t qu’un tel préjugé lui feroit injure; comme
dans les jugemens feculiers, le juge inférieur n’ofe
rien attenter au préjudice de l’appel.il écrivit enfuite
a Ion clergé & à fon peuple une lettre pleine de ten-
dreftê &. de charité, pour les fortifier contre ce fean-
dile; où il confent , fuivant leur defir, d’ôter le nom
de Boniface du tableau, que l’on lifoit dans l ’églife , »;■*.
pour ne pas choquer les infidèles. Il dit dans cette
lettre, qu’encore que Dieu foit par tout , 8c doive ”-s°-
etre adoré en eipric 8c en vérité ; toutefois ce n’eft.
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