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18 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
les neceiTnez de la vie. Ils efperoient même en convertir
d’autres par leur exemple 8c leurs inftruèfions. Enfin
ils fe figuroient que dans le voifiruge des terres
de leurs ancêtres, ils trouveroient de belles forêts Sc
des folitudes agréables 8c fertiles. Ils communiquèrent
ces penfées à l’abbé Abraham , qui en prit fujet
de les entretenir de la mortification, Sc leur dit : Ces
penfées fi foibles marquent , que vous n’avez pas encore
renoncé au monde ni mortifié vos défirs. Nous
aurions pu chercher àuffi les mêmes foulagemens.
Nos parens nous nourriroient volontiers ; Sc quand
ils nous manqueroient, les riches de ce monde nous
fourniroient avec joïe tous nos befoins. Nous p ouvions
mettre nos cellules fur le bord du N i l , Sc nous
épargner la peine d’aller quérir de l’eau à quatre milles.
Nous aurions auifi trouvé dans ce païs des deferts
agréables, avec des arbres fruitiers Sc des jardins. Mais
nous avons préféré à tout ces déferts trilles Sc fecs,,
Sc ces fables.falez 8c fteriles. Ceux qui tendent à la
perfection, doivent chercher des lieux où rien ne les,
invite à fortir de leur cellule, pour travailler au grand,
air , qui diifipe 8c fait évaporer l’efprit en diverfes-
penfées. Ilinfifte fur la neceffitédu travail des mains,
pour ne point vivre aux dépens d’autrui, Sc ne dépendre
de perfonne.
Après que Germain 8c Caffien eurent demeuré fept
ans en Eg ypte, ils retournèrent à leur monaftere. de
Bethléem , où ils furent très bien reçus ; Sc avec la
permiffionde leurs anciens , ils revinrent pour vificer
le fameux défert de Scetis ; 8c y virent entre-autres
fept illuftres folitaires, Moï fe , Paphnuce, Daniel, Se-
rapion , Théodore , Serene Sc ifaac. L’abbe Moïfe-
avoit été dans fa jeuneife auprès de faint Antoine;,&:
L i v r e v i n g t i e’ m e.’ i 9
comme ils lui demandoient quelques inftruétions,il ie
fit beaucoup prier , ne voulant parler de la perfeèlion
chrétienne qu’âceuxquiladéf iroientardemment , 8C
non pas à ceux à qui elle étoit indifférente; pour ne
pas tomber lui-même dans la vanité ou l'indiicretion.
Enfin fe laiffant toucher à leurs prières Sc leurs larmes
, il leur parla du but de la viemonaft ique, qui eft
d’aquerir la pureté de coeur pour arriver à la vie éternelle.
Le lendemain il les entretint de la diferetion, ou
plutôt du difeernement des efprits Sc de la prudence
qui réglé toutes les autres vertus : dont i lconf irmala
neceihté par plufieurs exemples.
Ils eurent auffi une conférence avec l’abbé Paj huu-
ce furnommé Bubale ou Bufle , a caufe de fon grand
amour pour la folitude : qui lui faifoit fuir la C®rn_
. pagnie même des autres anacoretes. Il étoit pretre
du défert de Scetis , 5c alors âgé de plus de quatre-
vingt-dix ans. Toutefois il n avoit jamais voulu quitter
la cellule qu’il avoit commencé d’habiter en fa
jeuneife , quoi qu’éioignée de 1 eglifede cinq milles,
qui font ptès de deux lieuës. Il ne laiffoit pas d y aller
tous les famedis 8c les dimanches ; Sc n’en reve-
noi tpasàvuide, mais les épaules chargées d un grand
vafe , qui contenoit fa provifion d eau pour toute la
iemaine ; Sc dans ce grand âge , il ne voulut jamais
iouftrir que les jeunes gens le foulageaffent de ce travail.
Il entretint les deux amis de trois fortes de renonciations
necefftires à un folitaire : aux richeffes 8c
aux biens extérieures, àfes pallions , a fes penfees,
pour oublier toutes les chofes temporelles. Daniel
étoit principalement recommandable par fon humilité.
Paphnuce le fit ordonner diacre, le préférant a
Plufieurs autres plus âgez , 8c même enfuite il le fit
coll. I. c. t.
e s ,
coll. III. G, I
C. f*
coll. IV, C. X»