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faire n’étoit ni jufte en foi ni avantageux pour lui. Il
pourroit, dit-il, s’élever une fedition, 8c vous feriez en
péril comme auteur du defordre. Cet te remontrance
arrêta S. Epiphane.
Cependant le jeune Theodofe tomba malade ; 8i
l ’imperatrice craignant pour lui, envoya â faint Epiphane
, le recommandant à fes prières. Il promit que
i enfant v iv ro i t , il l'imperatrice s’éloignoit deDio f -
core 8c des autres heretiques. L'imperatrice répondit:
Si Dieu veut prendre mon enfant , il eft le maître :
pour vous fi vous pouviez reifuiciterles morts, vôtre
archidiacre ne feroit pas mort. Cet archidiacre étoic
Crifpion , frere deFufcon 8c de Salamas, moines fameux
fous le regne de Valens. Ammonius Si les autres
moines d'Eg ypte , par le confeil derimperatrice,
allèrent trouver S. Epiphane. Il leur demanda qui ils
ctoient. Ammonius répondit : Mon pere, nous fom-
mes les grands freres: mais je voudrois bien fçavoir ,
fi vous avez jamais veu nos difciples ou nos écrits. Il
dit que non; 6c Ammonius réprit : Comment donc
nous avez-vous jugez heretiques, fans avoir aucune
preuve de nos fentimens ? C ’ef tqueje l’ai oui dire, dit
S. Epiphane. Ammonius répliqua ? Nous avons
fait tout le contraire ; car nous avons fouvent trou-,
v é de vos difciples 8c de vos écrits, entre autres l ’A n -
corat,8c commeplufieurs vouloient le blâmer 8c l’ac-;
cuier d'herefie , nous l’avons défendu, 8c nous avons
pris vos intérêts comme d’un pere. Vous ne deviez
donc pas fur un oüi-dire, nous condamner fans nous
entendre: ni irriter ainfi ceux qui ne difent que du
bien de vous. S. Epiphane leur parla plus doucement
& les renvoya.
Peu de temps aprè s , il partit de C. P. pour retourner
L i v r e v i n g t - u n i ï ’me, iiSi
tourner en Chypre: foit qu’il fe repentît d’être venu ,
foitqu il eut révélation de fa mort. On dit qu’étant
p rê tas embarquer, il dit aux évêques qui le condui-
foient jufquesà la mer: JevouslaiiTela ville,le palais,
le theatre : pour moi je m’en vais : car j’ai hâte j j ’ai
grand’hate. En effet, il mourut fur mer avant que
d’arriver en Chypre. On ne fait pas précifément le
tems de fa mort: il efl certain qu’il gouverna pendant
trente-fix ans l’eglife de Conftantia en Chypre , 8c
qu’il arriva à une extrême vieiïlefTe. L'églife honore
fa niemoire le douzième de May. il avoir une très-
grande érudit ion, mais fa critique n’eft pas toujours
fûre: fa bonté naturelle le rendoit credule 8c capable
de felaiffer prévenir.
En effet, nous.ne voyons aucune preuve que les
grands freres foùtinifent les erreurs d’Or igene; 8c
nous avons un témoin oculaire , qui leur eft très-
avantageux: c’eft Pofthumien Gaulois ami de Severe
Sulpice, qui le fait ainfi parlér, racontant fon voyage
d Orient : Lefept iéme jour nous arrivâmes heureu-
fiement a Alexandrie, où les évêques 8c les moines
fefaifoient une guerre honteufe : à I’occafion de ce
que les eveques fouvent affemblez- avoient ordonné
dans leurs conciles, que perfonne ne lût ou ne retînt
les livres d’O r ig en e ,q u i paffoit pour le plus habile
interprète des faintes écritures. Mais les évêques
raportoient quelques endroits peu fenfez de fes écrits,
que fes défenfeurs n’ofoient foûtenir ; 8c difoient
que les heretiques les avoient inferez malicieufement,
8c qu’il ne falloic pas pour cela condamner le refte ,
puis que les lcéteurs en pouvoient a ifément faire le
difeernement. Les évêques s’y oppofoient opiniâtrement
, 8cufoient deleùrpuiifance, pour contraindre
Tome y . x
♦
P ail» dial.p. r y i
Hier, feript. E
piph. Mur t.
r . i i . Mai•
X V I .
Témoignage <1
Pofthumien.
Sever• dial• r«