
M w t . R. t . & 4,
A pr il.
X X V I .
Perfecution en
Perfè.
Théo d. y. ht fi. c,
$9 .
Chr. ^îare. 410 .
•ytfo H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
là terre, fi un lion ne fur v en u fa irc la foffe. Il l'enterra,
Fa priant de prier pour tout le monde ; & étant
de retour au monaftere, il raconta tout ce qu’il avoit
v û Si oui de cette fainte penitente. Il mourut âgé d’environ
cent ans ; & un auteur du temps écrivit cette
hiftoire fur la relation des moines, L ’églife honore le
fécond jour d’A v r il fainte M a rk Egyptienne, & faint
Z ofimede quatrième.
L ’églife Orientale étoit en paix fous l’empereur
Th eod ofe le jeune : mais les Chrétiens de Perfe fouf-
froient une cruelle perfecution. Un évêque nommé
■ Audas ou A b d a s , d’ailleurs très-vertueux, pouffé
d’un zele indifcret, abattit un des temples où les Per-
fes adoroient le feu. Le roi l’aïant appris par les mages
, fit venir A u das , & d’abord fe plaignit doucement
de cette adâion , Si lui ordonna de rebâtir le
temple :mais l’évêque le refufa, & le roi le menaça
d’abattre toutes les églifes. Il lui tint parole : & après
l ’avoir fait m ou r ir , il donna ordre que toutes les
églifes fuffent ruinées. Theodoret en rapportant cette
h ifto ire , blâme l’évêque d ’avoir abattu le temple du
feu : mais il le loue d’avoir fouffert le martyre', plutôt
que de le rebâtir. Car il rnefemble, d it-il, que
c ’eft la même chofe d ’adorer le feu , ou de lui bâtir
un temple. T e lle fut l ’origine de cette perfecution ,
qui étoit déjà cruelle fous le neuvième confulat de
Theodofe ,' & le troifiéme de Conftantius , c'eff-à-
d ire , en 4 10 . & duroit encore au bout de trente ans.
L e 'ro i Ifdegerdd’avoit commencée ; après fa mort
Gororane ou Vararane fon fucceffeur la continua, Si
le fils de celui-ci en ufa de même.
Les tourmens furent divers & cruels. Il y avoit des
Chrétiens à qui on écorchoir les mains, à d’autres le
dos,
L i v r e v i n g t - q j j a t r i e ’m e . $61
d o s , à d’autres le vifage , depuis le front jufques à la
barbe. Les perfecuteurs fcndoient en deux des ro-
feaux , les appliquoient par le pla t, Si en couvroient
tout le corps ; puis ils lé ferroient étroitement avec
dçs cordes depuis les pieds jufques à la tête , & arra-
choient enfuite de force lesroieaux l’un après l’autre:
enforte qu’ils emportoient la peau. Ils creufoient de
grande foffe , & après les avoir bien enduites, ils y
enferrnoient quantité de gros*rats: puisyje ttoient les
martyrs pieds Si mains lie z ; enforte que les rats preC.
fez de la faim les rongeoient peu à peu , fans qu’ils
puffent s’en défendre. Ces cruautez n’empêchoient
pas les Chrétiens de courir au devant de la m o r t, pour
acquérir la vie éternelle. O n remarque en particulier
quatre martyrs , H o rm ifd a s , Suenés, Benjamin Si
Jacques.
Hormifdas étoit de la première nobleffe des Per-
fes, de la race des Achemenides, fils d’un gouverneur
de province. Le roi aïant appris qu’il étoit Chrétien
, le fit venir , &c lui commanda de renoncer à
J .C . Hormifdas lui rép on d it, que celui qui auroit
méprifé Dieu , mépriferoit encore plus aifément fon
r o i , qui n’eft qu’un homme mortel. Le roi lui ôta
tous fes biens & fes d ign ite z , & le fit dépouiller n u d ,
excepté un petit linge dont il étoit ceint; & en cet
é t a t , vou lu t qu’il menât les chameaux de l ’armée.
Long-temps après regardant de fa chambre en bas,
il vit Hormifdas brûlé du foleil Si couvert de poufiie-
re; & fe fouvenant de la dignité de fon pere, il l’ap-
pella , lui fit donner une chemife , Si lui dit : Maintenant
au moins quitte ton opiniâtreté , Si renonce
au fils du charpentier. Hormifdas déchira la chemife
& la lui jetta , en difant : Si vous avez cru pour ce
Tome V B b b b