
4o6 H i s t o i r e I c c t r s r a s t i q u e :
m s. «mm*»t. < Quand ils furent à H ip p on e , S, Auguftin les reçu
t , quoiqu ils n eu/Tent point de lettre de leur abbé :
remarquant en eux une trop grande fimplicité, pour
les foupçonner dimpofture. Ils lui expoferent l ’état
de la queftion, ■& accuferent Florus comme l’auteur
du trouble de leur communauté. Saint. Auguftin les
inftruific, & leur expliqua fa lettre à Sixte : il vou lut
meme les charger de toutes les pièces qui regar-
doient les pelagiens : mais ils ne lui donnèrent pas
le temps de les. faire copier, parce qu’ils vouloient
retourner au monaftere avant la fête de P âqu e ,
pour la.celebrer avec leurs freres dans une parfaite
u nion, après que toutes les difputes ferment appai-
fées- On croit que c’étoit l’année 4 2.7 . ou P iq u e
étoit le troiiîéme d’Av r il. Saint Auguftin leur donna
donc une lettre pour l’abbé Valentin & pour toute la
communauté, ou il expliquoit cette queftion fi difficile
de la volonté & de la grâce ; & prioit l’abbé
de lui envoier Florus > fe doutant de ce qui étoit
v t a i , que les autres s’échauffoient contre lui faute de
l ’entendre.
xlvi. Toutefois S. A uguftin aïant écrit cette le ttre , re-
?;Ji[md*iagfacê H m° ines Û Adtumet jufques après Pâque : à
libre arbitre, l’occafion , comme io n c r o i t , de l ’autre Félix qui
2IÎ. */. vint plus tard v & qui apparemment l’inftruifit mieux
de 1 état de la queftion. Pendant ce long fejour faint
sup. 1. uni. ». Auguftin leur lu t , outre fa lettre à Sixte , les lettres
du concile de Cartilage, du concile de M ile v e , &
des cinq eveques au pape In n o cen t, avec fes répon-
fes : la lettre du concile d’Afrique au pape Zofime
avec fa lettre adreflàeà tous les évêques du monde i
les canons, du concile pîenier d’Afrique contre les
Pclagiens, Il leur lut aufti le livre de iaint Cyprien de
L i v r e v i h g t - q u a t e u m ï . eoy
l’oraifon dominicale , où il recommande merveilleu-
femenc la grâce de Dieu. Iliic plus, & il compofa e'x- I(
près un nouvel ouvrage intitu lé , de lagracc & d ü l i bre
arbitre, & adreffé à Valcntinien & aies moines.
Il y montre qu’il faut également éviter de nier le
libre arbitre pour établir la g râ c e , ou de nier la grâce
pour établir le libre arbitre. Il prouve le libre arbitre c
par les faintes écritures, qui font pleines de préceptes
& de-promeifes ; & il infifte particulièrement fur les
paffagesqui nous exhortent à vouloir. Il prouve aufti
la neceftîté de la grâce par l ’écriture , qui dit que les
vertus qu’elle commande, font des dons de D ie u , qui
joint le preeepte & le fecours, &: nous ordonne de
prier. Il montre contre les Pelagiens, que la grâce n’eft
point donnée félon nos mérités : puifque ia première
grâce eft donnée aux méchans, qui ne meritoient que
la peine. T o u t le bien que l'écriture attribue à l'homme
, elle l’attribue ailleurs à la grâce : ainfi la vie éternelle
eft tout enfemblemne reconipenfe &c une grâce.
La loi n’eft point la grâce, puifque la loi feule n’eft
que la lettre qui tuë , & la fcience qui enfle. La nature
non plus n’eft pas la g râ ce , puifqu’ellc eft commune
à tous ; ainfi Jefus-Chrift feroic mort en: vain.
La grâce ne confifte pas dans la feule remiflion des
pechez paflez, puifque nous difons : Ne nous indui-
fez pas en tentation. Nous ne pouvons mériter la grâce
, ni par nos bonnes oeuvres, comme il a été d it , ni
par aucune bonne volonté : puifque nous prions
Dieu de donner la f o i , de changer les volontez , &
d’amolir les coeurs endurcis. C ’eft donc lui qui nous
a choifis &c nous a aimez les premiers : c’eft lui qui
nous donne la bonne v o lo n té , qui l’augmente pour
accomplir fes commandcmens ; & nous les rend poifi