
3ï o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e '.
tirera après ion ordination. Cependant la multitude
qui étoic devant les degrez du lanèïuaire , perfiftoit
dans la même volonté avec des clameurs horribles
fit s ’emportoit contre iaint A lypius qui étoit prefent,
comme s’il eue voulu garder Pinien pour fon églife
d eT a g a f t e , afin de profiter de Tes richeffes. Saint Au-
guf tin craignoit qu’il n’arrivât pis, 6c qu’il ne fe naê-
lac dans la foule de gens perdus , qui ptiilent occa-
f ionde ce tumulte , pour commettre quelque violenc
e , pa r le defir de piller; fit il ne fçavoit quel parti
prendre. Il vouloir fortir de l’églife, de peur quelle
ne fût profanée : fit il craignoit que s’il en fo r to i t , ce
malheur n’arrivât plutôt , le peuple étant encore plus
irrité fit moins retenu par le refpeôt. D ’ailleurs s’il
pafl'oit aq travers de cette foule'avec A ly p iu s , il étoit
à craindre que quelqu’un ne fût affez hardi de mettre
la main fur lui: fit il n’y avoir pas d’apparence de le
laifïer expoféà la fureur de ce peuple.
Comme faint Auguft in étoit dans cet embarras,tout
d ’un coup Pinien lui envoya dire, qu’il vouloir juret
au peuple, que fi on l’ordonnoit malgré l u i , il forti-
roit abfolument d’Afrique. Il croypit quele peuple
cefferoit d’infifter fur une prétention qui ne pourroit
avoir autre effet que de le chaffer; car on étoit bien
perfuadé qu’il ne fe parjurerait pas : mais faint Auguf
t in,qui craignoit quece ferment n’aigrît encoreplus
le peuple, n’en dit mot,8t alla aulfi tôt trouver Pinien
qui l’avoit demandé. Comme i l y alloit, Pinien lui fit
encore dire qu’il demeureroit, fi on ne l’engageoic
point a entrer malgré lui dans le clergé. Saint Auguftin
commença un peu à refpirer: fit fans lui rien répondre,
il alla promptement trouver faint Alypius,
& lui rapporta ce que Pinien lui avoit dit. S. Aly pius,
L i v r e v i n g t - d e u x i e ’ me. 31 r
craignant de choquer la famille de Pinien , dit :
Qu’on ne me confulte point là-deffus.Saint Auguftin
revint au peuple, fit ayant fait faire filence f i l dit ce
q u e Pinien promettoit de jurer. Comme ils ne fon-
geoienc qu’à le faire ordonner prêt re, ils n’en furent
pas contens ; mais après avoir un peu confulté entre
eux, ils demandèrent qu^l a joûtâtà fa promeffe, que
fi jamais il confentoit à entrer dans le c lergé, ce ne
feroit que dans l’églife d’Hippone. S. Auguftin le rapporta
à Pinien ; il y confencit fans hefiter, fit le déclara
au peuple, qui en fut content, fit qui demanda le ferment
qu’on avoit promis.
Saint Auguf t in retourna trouver Pinien, que l’on
gardoit dans un lieu feparé, & te trouva embarafle
fur le choix des paroles du ferment ; à caufe des ne-
ceffitez de fortir qui pourroient arriver comme une
incurfion d’ennemis^ Sainte Melanie fon époufevou-
loitajoûter lemauvais air. S. Auguftin craignoitque
toute la reftridfion ne fut fuipeêfe au peuple. On convint
d’en faire l’experience. Le diacre lût à haute voix
te paroles de Pinien, & le peuple en fut content ; mais»
à ces mots de neceffité furvenante, il le récria, fit recommença
à faire du bruit, croyant qu’on le vouloir
tromper. Ce que voyant Pinien, il fit ôter le mot de
neceffité, fit le peuple reprit fa première joye.Pinien
vint alors trouver le peuple, fit confirma ce que le
diacre avoit dit de fa part, fit le ferment qu’il avoir
lû. On demanda qu’il foufer ivî t , fit il le fit. Que l ques
uns des principaux demandèrent que les évêques
fouferiviffent auffi. Saint Auguftin ayant commencé
d’écrire,fainte Melanie s’y oppofa.Saint Auguftin s’étonna
qu’elle s’en avisât fi tard,comme fi en ne fou fer i*
Vant pas , il eut pû annuller le ferment. Toutefois il»