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$64 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
que les foufFrances des Catholiques doivent être des
exemples de patience, qu’il ne faut pas ternir par le
fang de leurs ennemis & s’il ne fe rendoit pas à mes
inftances, je le foupçonnerois de n’y refifter qu’en
haine de la religion. Et enfuite : On a fait en forte
que les ennemis de l’églife qui s'efforcent de féduire
les ignorans par la prétendue perfecution dont ils fe
vantent , ont eux-mêmes confefle les crimes horribles
qu’ils ont commis contre des clercs Catholiques.
O n fera lire les aétes pour guérir ceux qu’il ont fé-
duits. Voulez-vous que nous n’ofions faire lire ces
aétes jufques au b ou t , s’ils contiennent l’execution
fanglante de ces malheureux ; & que l’on foupçonne
ceux qui ont fouffert d’avoir voulu rendre le mal
pour le mal ?
Comme Marcellin tardoit d’envoïeràS. Auguftin
les a£tes-de ce procès, qu’il lui avoit promis, il lui
écrivit pour l’en prefler : car il les vouloit faire lire
dans l’églife d’Hippone, & s’il fe pouvoir, dans toutes
celles de la province ; pour faire voir à tout le
monde, que les Donat iftes, qui s’étoient féparez ,
fous pretexte de ne point participer aux prétendus
crimes de quelques Catholiques, confervoient parmi
eux une grande multitude de fcelerats convaincusju-
ridiquement. Il prie encore Marcellin de conferver la
vie à ceux -c i , & à d’autres qui continuoient leurs
violences, en fe faifant ouvrir par force des églifes. Si
le proconful, ajoute-t’i l , perfifte à les vouloir punir
de mort, du moins faites inferer dans les ailes les lettres
que je vous aiécritesà l’un & à l’autre fur ce fu-
jet. S’il ne le veut pas, du moins qu’il garde les coupables
en prifon ; & nous aurons foin d’obtenir de la
clemence des empereurs, que les foufFrances des fer-
L i v r e v i n g t -d e u x i e ’m e . 3¿y
vîteurs de Dieu ne foient pas deshonorées par le fang ■——-■■■■ ...
de leurs ennemis. Je fçai que l’empereur a facilement N‘ 4 1 1 *
accordé la grâce aux païens, quiavoient tué les clercs s«p>i. «. ». »».
d’Anaune,que l’on honore maintenant comme martyrs.
A la fin de cette lettre, il marque ainfi la A 5 1 multitu- Ocxcu'-pyaitiioin. de
de de fes occupations : Si je pouvois vous rendre comp- s- Auguftin.
te de mon temps, & des ouvrages aufquels j’ai été
obligé de travailler : vous feriez furpris & fenfible-
ment affligé de la quantité d'affaires qui m’accablent,
fans que je puifle les remettre, & qui ne me permettent
pas de travailler à ce que vous me demandez in-
flamment, que je fouhaite, & qui m’afflige plus que
que je puis dire,dene lepouvoirexecuter. Car quand
j’ai quelque peu de relâche de la part de ceùx qui
ont tous les jours recours à moi pour leurs affaires, &
qui me preffent de telle for te, que je ne puis les éviter,
ni ne dois les méprifer : je ne manque pas d’autres
écrits à compofer , qui doivent être preferez , parce
que les conjonétures du temps ne permettent pas de
les remettre. Car la charité fe réglé, non par le degré
d’amitié, mais par la grandeur du befoin. Ainfi j’ai
toûjours quelque chofe à diéler, qui me détourne de
diéler ce qui feroit plus de mon goût : dans les petits
intervalles de la foule d’affaires, dont je fuis accablé
par les befoins ou les paffions des autres ; & je ne
fçai du tout comment faire. Les ouvrages qu’il marque
comme étant alors entre fes mains, font : Les
livres du baptême des enfans : l’abregé des aétes de la
conférence, la lettre aux laïques Donatiftes : les
deux grandes lettres à Voluf ien & à Marcellin : la em-u- ?
grande lettre à Honorât. S. Auguftin marque en plu- ü/. 4 o.
fleurs autres endroits de fes ouvrases la multitude de
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