
Dtf Régna
&c.
Evagr. x.
s. 15,
Efijl.
>.iî. cun Grec n’avoit encore fait. Car il blâma le luxe de
la cour de C . P. & le crédit exceffif des Gotbs } qui
gouvernoient tout. Retourné chez lu i , il reprit fes
livres & la chalTe, qui étoient toute fa vie ; car il la
partageoit entre l’etude & le divertiffement , pour
nourrir fon efprit & entretenir fa fanté par l’exercice
du corps.
Il vivoit ainfî en philofophe, s'éloignant autant
qu il pou voit de tout embarras d’affaires publiques ou
domeftiques,- quand le peuple de Ptolemaïde métropole
de la Cyrenaïque le demanda pour évêque à
Théophile d’A lexandrie, de qui ces fieges^dépen-
doient auflî-bien que ceux d'Egypte-. Car quoique
W- Synefius ne fût pas encore baptifé , il n’étoit pas-
moins 1 admiration des chrétiens que des païens*
ioj. Synefiusaljarme de cette' nouvelle , écrivit a fon fre-
re Evoptius, qui étoit à Alexandrie , en ces termes
Je ferois infenfe fî je n avois bea>ucoup de reconnoif-
fance pour leç Ptoloméens , qui m’eftiment plus que
je ne m'eftime moi-même.. Mais je ne dois pas regarder
s’ils me veulent faire un grand prefent , il faut
voir s’il me convient de l ’accepter. Et enfuite :,Un
eveque doit être un homme divin : tout le monde a
les yeux fur lui ; & il ne peut gueres être utile aux autres,
s’il n’eftferieux & éloigné de tout plaifir. Il doit
être communicatif pour les chofes de Dieu, & toujours
prêt à milruirc. Il doit feul faire autant d’affaires
que tous les autres enfemble , s’il ne veut fe charger
d’une infinité de reproches. Il faut donc une
grande ame pour porter un tel fardeau. Il reprefen-
te enfuite combien il fe fent éloigné de cette perfection,
& de l’innocence de vie neceffaire à un évêque
pour purifier les autres ; puis il ajoute cette pro-
L i v r e v 1 n g t - d e u x i e ’ m e . 3 4 c>
teftation, qu’il priefonfrerede rendre publique, afin
qu’elle foit la juftification devant Dieu & devant les
hommes, principalement devant Théophile.
J’ai une femme que j’ai reçue de Dieu & de la main
facrée de Théophile. Or je déclaré que je ne veux ni
me féparer d’el le, ni m’en approcher en cachette comme
un adultéré3 mais je fouhaite d’avoir des enfans
en grand nombre Sc vertueux. Vo i là une des chofes
que ne doit pas ignorer celui qui a le pouvoir de
m’ordonner ; & il pourra encore l’apprendre de Paul
& de Denis,que le peuple a députez pour cette affaire.
Cette déclaration de Synefius fait voir combien c’é-
toit une difeipline conf iante, que les évêques dévoient
garder la continence: puifqu’il propofe fa femme
comme le premier obftacle à fon ordination. Il
en ajoute d’autres fur la doélrine. Il eft difficile , dit-
il , pour ne pas dire impoffible, d’ébranler les veri-
tez qui font entrées dans l ’efprit par une vraie de-
monftration : & vousfçavez que la philofophie en a
plufieurs, qui ne s’accordent pas avec cette doélrine
fi fameufe : il veut dire la chrétienne. En effet je 11e
croirai jamais que l’ame foit produite avec le corps.
Je ne dirai jamais que le monde doive périr , en tout
ou en partie. Je croi que la réfurreétion, dont on
parle tant , eft un myftere caché ; & je fuis bien éloigné
de convenir des opinions du vulgaire. Il marque
enfuite la peine qu’il auroit à quitter la chaffe ; mais
enfin il fe foumet & fe rapporte de tout au jugement
de Théophile.
Cette proteftation de Synefius a fait dire à quelques
hiftoriens, qu’il avoir été baptifé & ordonné
evêque , quoiqu’il ne crût pas là réfurreélion. Mais il
ne le dit pas. Il paroît feulement qu’il y entendoic
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