
~~ feront condamnez. Mais comme il n’avoit perfonne
N’ ^ l ^' en tête pour le faire expliquer; il répondit Amplement
qu’il l’avoit dit félon l'évangile , où il eft dit :
46. Q^e les pecheurs iront au fupplice éternel, Si les juf-
tes à la vie éternelle. Et il ajouta : Si fi quelqu’un
croit autrement, il eft Origenifte. Le concile dit : Cela
n’eft point éloigné de la dodr ine de l’églife. On lui
r.+. ». n. objeda encore d’avoir écrit : Que le mal ne venoit
pas même en penfée auxjuftes. Il répondit : Je ne l’ai
pas mis ainfi ; mais j’ai dit : que le chrétien doit s’appliquer
à ne point penfer de mal. Ce que les évêques
‘■•5- approuvèrent. On lût aufti qu’il avoit écrit, que le
roïaume des cieux étoit promis, même dans l’ancien
teftament. -C’eft qu’en effet il égaloit l ’anciepne
loi à la nouvelle. Mais comme il n’avoit point d’ad-
verfaire, il répondit : Cela fe .peut aufti prouver par
les écritures. Mais les heretiques le nient au mépris
de l’ancien teftament. Il entendoit les Manichéens.
Pour mo i , contiua-t i l, j’ai dit cela fuivant l’auto-
1.18. rité de l’écriture , parce qu’il eft écrit dans Daniel : Et
les faints recevront le roïaume du Très-haut. Le concile
dit : cela n’eft point éloigné non plus de la foi
de l’églife.
Enfuite on objeda que Pelage avoit écrit dans le
vtgeji.c.6. même livre: Que l’homme po u vo i t ,s ’il vouloir,être
fans péché ; Si qu’écrivant à une veuve , il lui avoit
dit : La pieté doit trouver chez vous la plâce qu’elle
ne trouve nulle part ;& d’autres parolesfemblablesde
flaterie. Et dans un autre livre adreffé à la même ,
montrant comment les faints doivent prier, il difoit 1
Celui-là prie en bonne confcience , qui peut dire :
Vous fçavez, Seigneur, combien font pures les mains
que j’étends vers'vous, & les lèvres avec lefquelles je
L i v r e v i n g t - t r o i s i e ’m e . 411
vous demande mifericorde, A quoi Pelage répondit:
J’ai dit que l’homme peut être fans péché, Si garder
les commandemens de Dieu s’il veut : car Dieu
lui a donné ce pouvoir. ; Mais je n’ai pas dit qu’il fe
trouve quelqu’un qui n’ait jamais péché depuis l’enfance
jufques à la vieilleffe ; j’ai dit feulement quêtant
converti de fes pechez, il peut être fans péché
par fon propre travail Si par la grâce de Dieu , fans
qu’il foit pour cela immuable à l’avenir. Le refte
qu’ils ont ajouté n’eft point dans mes l ivres , & je
n’ai jamais rien dit de femblable. Le concile dit : Puif-
que vous niez l’avoir é c r i t , anathematifez-vous ceux
qui le tiennent ? Pelage répondit : Je les anathemati-
fe comme des impertinens, Si non comme des heretiques
, puifque ce n’eft pas un dogme. Enfuite
les évêques prononcèrent, en difant : Puifque Pelage
a anathematifé de fa propre bouche ce difeours incertain
Si impertinent ; répondant comme il fa u t ,
que l’homme avec le fecours de Dieu Si la grâce ,
peut être fans péché : qu’il réponde aufti aux autres
articles.
On objeèla enfuite à Pelage ces propofitions, tirées
de la doélrine de Celeftius fon dïfciple. Q u ’ Adam
a été fait mortel, enforte qu’il devoit mourir, foit
qu’il péchât, foit qu’il ne péchât point. Que le péché
d’Adam n’a nui qu’à lui feul , & non au genre humain.
Que la loi envoie au roïaume comme l’évangile.
Q u ’avant l’avenement de J .C . i ly a eu d e s hommes
fans péché. Que les enfans nouveaux ne z , font
au même état oû Adam étoit avant fon péché. Que
tout le genre humain ne meurt point par la mort
d’Adam ou par fo:n péché ; & ne reffufeite point par
la réfurreélion de Jcfus-Çhnft. En objectant ces pro-
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A n . 415.
X X I .
Suite du mêfnt
. concile,. >
De gefi. c. i î i