
xSi Histoire Ëcclesiast tqü t.-
apparemment au printemps de l’an 406. Ne vous
iaquietez point de langueur d e l 'h y v e r , de mon mal
d’eftomac,,ni des incurfions desliaures; l’hy ve ra é té
comme il doit être en Arménie ; mais il ne m’a pas
beaucoup incommodé, par les p récautions que j ’ay
prifes, faifant continuellement du f e u , fermant exa-
¿lement de tous cotez la chambre que j ’habite , me
couvrant beaucoup, ne forçant poinr. J’en fuis incommodé,,
mais je lefouf fre, parce que je m’en trouve
bien | car tant que je demeure enfermé, le froid;
ne me fait pas grand mal ■,* mais pour peu que je fois
obligé de fortir, 8c de fentir l ’air de dehors , je n’en
fouffrepas peu. Er enfuite: Ne vous affligez point
de ce que je paife ici l’hy ve r , car je me porte beaucoup
mieux quel ’anrrée paifée; ôc vous-mêmes vous
porteriez mieux, fi vous aviez pris le foin neceifaire
de vôtre fanté. Il s’étend fur ce fujerôc fur le casque
l’on doit faire de la fanté; puis il ajoute 3 Si nôtre
féparation vous aff lige, attendez-vous à en voir la
fin. Et je ne le dis pas pour vous confoler,. mais je
fçai qu’il fera fûrement ainfi ; autrement i l y a longtemps
que je ferois more de tout ce que j ’ay fouf-
fert. Cependant je me porcefi bien avec un fi foible
corps, que les Arméniens mêmes s’en étonnent; ni
la rigueur de l’a ir, ni la folitude, ni la difetre des
denrées 8c les perfonnes pour me fer-vir ; ni l’ignorance
des médecins, ni le manque de bains , dont
j ’avois accoutumé d’ufer continuellement-,„ ni la
chambre où je fuis toujours enfermé , comme dans
une prifon, fans faire d’exercice à mon ordinaire ;
ni d’être toujours dans le feu & la fumée, d ’être toujours
afflegé 8c en aliarme ; rien de tout cela n’a pû
m’abbattre ; mais je me porte mieux qu’à Conftanti-
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1 ^ople par les foins que j ’en ay pris | An . 4q7 .
Ses ennemis apprenant les grands biens qu il railoit
| parla converfiondes infidèles du voiûnage, 8c com- Mon de faine
[ bien fes vertus etoient celebresa Antioche,refolurent ? ntl. p. 97*
\ de l’envoyer encore plus loin. C ’étoit Severien de C a bales,
Porphyre d’Ancioche , 3c quelques autres évêques
de Syrie qui le craignoient encore , tout exile
! qu’il écoit ; tandis qu’ils joüiifoient des richeffes de p ^
I fé g l i fe , 8c difpofoient de la puiifance feculiere. Ils
envoyèrent d o n c l la cour,Scobtinrent de 1 empereur
Arcade un referit plus rigoureux pour le faire trans-
I ferer ôc três-promptement àPy t ion te , lieu defert du
pays desTzanes fur le bord du Pont-Euxin. Le voyage
étoic long , 8c dura trois mois; quoyque les deux
ioldats du prefet du pretoire qui conduifoient le faine ÎQ.
I .évêque le preiTaffenc extrêmement , difant que tels
; étoient leurs ordres. L’un d’eux moins intereifé lui
tétnoignoit quelque humanité, comme a la derobee;
mais l’autre écoit fi brutal, qu’ il s’offenfoit des carqiTes
qu’on lui faifoit pour l’obliger à épargner le faint éve-
que. Il le faifoit fortir par la plus forte pluy e , en forte
qu’il fut percé jufques à la peau. Ilfemocquoit delà
plus grande ardeur du fo le i l , fçaehant que le faint
avec fa tête chauve en étoit incommode.il ne lui per-
mettoic pas d’arrêter un moment dansles villesoules
bourgades qui avoient des bains, de peur qu’il ne prit
,çe foulagcment.
Quand ils approchèrent de Comane , ils paflerent
outre fans s’ y arrêter, 8c demeurèrent dehors dans
uneéglifequi étoit à cinq ou Iix milles,dédiée a faint
Bafilifque évêque de Comane , qui avoir fouffert le
martyre àNicomediefous Maximin D a ïa, avec faint
Lucien d’Antioche. Comme ils étoient logez dans
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