
4 ^ 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
.. aifemblées de ces peuples convertis en plufieurs quar-
tiers de l’Afr iqu e : vous diriez que ç’auroit été une
trop grande cruauté de les laiifer tomber dans les flammes
éternelles : de peur que quelques defefperez, dont
le nombre ne leur eft aucunement comparable /ne fe
». 14. jettaflent dans le feu. L ’églife vo it périr à regret ceux
q u e lle ne peut conferver. Elle defireardemment que
tous v iv e n t , mais elle craint encore plus que tous ne
periifent.
to. M a is , difoient les. Donatiftcs.’, les-apôtres n’ont
rien demandé de femblable aux princes de la terre. Il
eft vra i, répond faint A u g u ftin , mais .les temps font
changez. Les princes qui attaquaient alors le Seigneur/
de fervent main tenant,.n on feulement comme
h ommes ,ma is comme rois : en faifant pour fou
*.»<>. fervree ce que rie peuvent faire que des rois. Ne fau-
d ro it-il ¡pas avoir perdu le fens pour leur dire : Ne
vous mettez pas en peine fi l’on attaque oü fi l ’on
revere dans vo trè roïaume Téglife de votre maître ;
la religion ni les facrileges ne vous regardent pas :
tandis que l ’on n’ofe pas leur d ir e , que les bonnes
nioeurs ou l’impudicité ne les regardent pas ? Si parce
que l ’homme a reçu de Dieu le libre arbitre , le facri-
lege eft permis, pourquoi punira-t’on l’adultere }
Il vaut mieux fans doute amener les hommes au fer-
*•**• viçe de D ieu par l ’inftru&ion : mais il ne faut pas
pour cela-négliger ceux qui n’y viennent que par la
crainte. Il apporte l’exemple de faint P au l, converti
par une efpece de violence ; & il infifte fur cette pa^
rôle de J cius-Chrift : A lle z le lon g des haïes & des
grands chemins],; Sa contraignez d’entrer tous; ceux
que vous trouverez.
vÊhÀM Les Dônatiftes accufoient les Catholiques de les
perfecutet
L i v r e v i n g t - t r o i s i e ’m e . 4
perfecuter pour profiter de leurs biens: fous prétexte i.^.c.n.dc
que les loix vouloient que tout Ce que poffedoienc hir'
leurs églifes, pafsât aux Catholiques avec les églifes
mêmes. Dieu veuille, dit S. Auguftin, qu’ils fe faifent
Catholiques, Si qu’ils poiTedent avec nous en paix
Sc en charité , non feulement ce qu’ils appellent
leurs biens, mais encore les nôtres : Si nous en voulions
à leurs bien s , nous ne les forcerions pas à entrer
dans notre com m u n ion , comme il s’en plaignent
fi amerement. Où eft l’avare qui cherche un
compagnon de ce qu’il poiïede ? Q u ’ils voient fi
ceux d’entr’eux .qui font devenus nos fre re s , ne
poiTedent pas non feulement les biens qu’ils a v o ien t,
mais encore les nôtres. Car fi nous fommes pauvres,
ces biens font à n o u s , comme aux autres pauvres ;
mais fi nous avons de notre ch e f dequoi nous entretenir,
ces biens ne font pas à nous, mais aux pauvres
nous en avons en quelques maniéré l’adminiftration,
mais nous ne nous en attribuons pas la propriété : ce
feroit une ufurpation condamnable. T e l e ft, félon
faint Auguftin , le droit des évêques fur les biens ec-
clefiaftiques.
Mais ^difoient les DonatifteS y vous nous recevez c. 10. ». 44.
dans les clèrgé , au lieu de nous mettre en penitence
pour avoir été féparez ou ennemis de Tcglife. Il eft
v ra i, dit faint A u gu ftin , c’eft une playe à la difei-
pline -, mais une playe falutaire , com m e , celle que
l ’on fait à t;n arbre pour le greffer. Car quand i’é- <Mf-
glife a ordonné que perfonne ne puiffe entrer ou de-
ïneurer dans le clergé après avoir fait penitence : ce
ri’eft pas qu’elle ait douté de fon pouvoir pour re-
riiettre les pechez ; mais elle a voulu s’difurer de l’hu-
pailité des penitens Si de la fincerité de leur conver-
Tome F , N n n