
Martyr. Rom. 6.
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3 <><i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Lavez-vous mérité ? Quand ma vie , dit Marcellin J
feroit telle que vous dites, croyez-vous que Dieu me
faiTe une petite graçe de punir ici mes pechez, 8c ne
les pas referver au jugement futur ? Saint Auguftin
craignit qu’effeétivement il n’eût commis quelque
péché fecret d’impureté, qui eût befoin d’une grande
penitence ; 8c fe trouvant feul avec lui dans la prifon,
il le lui demanda. Marcellin fourit modeftement
en rougiflant , 8c prenant à deux mains la main
droite de S. Auguf t in, il dit : Je prens à témoin cette
main qui offre les facremens, que je n’ai jamais eu de
commerce avec aucune autre femme que la m ienne,
ni devant ni après mon mariage. S Auguftin témoigne
que Marcellin poffedoit toutes les autres vertus:
la probité , l ’intégrité dans les jugemens, la fidélité
pour fes amis, la patience pour fes ennemis ,1a facilité
à pardonner,la libéralité, la charité envers tout le
monde : la fincerité dans la religion , le foin de s;en
inftruire : le mépris des chofes prefentes, l ’efperance
des biens éternels. Sans fa femme il eût quitté tout
l ’engagement des affaires temporelles, pour fe donner
entièrement à Dieu. Enfin lorfqu’on s’y attendoit le
moins , la furveille de la fête de S. Cyprien , c’eft-à-
dire le douzième de Septembre , Marin fit tirer tout
d’un coup les deux freres de prifon , 8c leur fit trancher
la tête. S. Auguft in en eut tant d’horreur , qu’il
fe retira aufli-tôt de Carthage en fecret, de peur d’être
obligé de prier Marin pour plufteursperfonnes confi-
derables, qui s’étoient réfugiées dans l’églife. La mémoire
du tribun Marcellin ef tcelebréelef ixiémed’A-
vril, comme d’un martyr tué par les heretiques, pour
avoir défendu la foi.
Pour empêcher les Donatiftes de fe prévaloir de
L i v r e v i n g t - t r ô i s i e ’m e . 397
cette mo r t , l’empereur Honorius fit une loi très-feve-
xe contr’euxl ’annéefuivante 414. le vingt-deuxième'
de juin , &c une autre le vingt-neuvième d’Août fui-
vant : portant expreffément que tout ce que le tribun
Marcellm avoit fait contr’eu x , 8c qui étoit écrit dans
les aétes publics, feroit toujours en vigueur. On croit
que c’eft la même raifon qui fit renouvellefle vingt-
cinquième d’Août 415. la loi adreflée à-Heraclien
en 410. qui les condamnoit au banniffettient & à la
mort.
La loi du vingt-deuxième Juin 414. les. dcclaroit
incapables de tefter 8c de contraéter, 8c notez d’infamie
: ajugeoit à l’églife Catholique leS lieux de leurs
affemblées : condamnoit leurs évêques & léurs clercs il-
l’exil , avec confifcation de biens -,&c aux-mêmes pci-*‘
nés ceux qui les auroient recelez. Elle impofoità tous
les Donatiftes de groffes amendes félon leur condition
: fçavoir aux proconfuls & aux autres perfbnneS
du premier ordre, deux cens livres pefant d’argent
pour chaque fois qu’ils auroient aflifté aux affembîées;1
& aux autres à proportion, jufques aux pcrfonnes fer-
viles, qui étoient mulétezide la troifiéme partie de
leur pécule avec punition corporelle.
Vers le temps de la mort de Marcellin S- Àuguftiiï
reçut une grande confolation, par la confeerationde
la vierge Demetriade, fille d ’Olybrius conful en 3513.
Elle fe fauva après la prife de R om e , avec fa mere Ju-
liene 8c Proba fon ayeule paternelle , qui fe réfugièrent
à Carthage , 8c eurent beaucoup à fouffrir de l ’avarice
8c de l ’injuftice d’Herachen. Elles avoient ré-
folude la marier en Afrique à quelqu’un des iltuftres
Romains qui s’y étoient retirez | quoiqu’elles eu ffent
mieux aimé lui voir embraffer la virginité vttvais elles
D d d iij
i . Th. de fîfri
ret. cod|
L. h . cod. & iVÏ£
Gothofr.
Xlt.
Sainte Demetria*
de vierge.
S up. l.Tint. n. 6ôv
Hier, eptfi. 8. ad
Demet. c. 3.
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