
Epi/l. t i 4 . ad
Q u o d vu lt.
i l , Retrait. 67.
D.'Epift. 1 1 4 .
X L IX .
Convcrûon de
Leporius.
Cajf. 1. Incarn. c.
% y
4. Gennad, f c r i f t .
5.
6 1 4 . H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
depuis quinze ans, comme il paroîc par une lettre à
Marcellin. Enfin après avoir défigné Eraclius pour
fon fucceiTeur, aïant plus de loifir , ilentreprit . ee
travail , & l’acheva en deux liv re s , dont le premier
comprend les ouvrages écrits depuis fa converfion ,
même avant fon baptême jufques à fon épifeopat : le
fécond comprend tout le re fte , juiques au temps ou
il faifoit cette revûë. Il y repaife tous ces ouvrages ,
félon l’ordre des temps , autant qu’il pouvoit : fou-
haitant qu’on les lût dans le même ordre,afin devoir
10 progrès qu’il avoit fait. Il commence par les trois
livres contre les Académiciens, 8c finit au livre de
la correèfcion & de la grâce : marquant tout ce qu’il
trouve à reprendre, jufques aux moindres expreifions:
& défendant ce que d’autres avoient repris mal-à-
propos. Il compte q u a tr e -v in g t - t r e iz e ouvrages en
deux cens trente-deux livres ; 8c marque qu’il a été
preffé par fes freres de publier ces deux livres de R é tractations
, avant que d’avoir commencé à repaifer
fes lettres 8c fes fermons. Il commença enfuite à revoir
fes lettres, mais il n’eut pas le temps d’achever.
Vers le même temps Leporius fe convertit de fes erreurs
par les inftruètions des évêques d’A f r iq u e , 8c
particulièrement de S. Auguftin. Il étoir de Gaule,&
diftingué entre les moines par la pureté de fa vie :
maisilattribuoit fa vertu à fon libre arbitre & à fes
propres fo rce s , fuivant la do&rine de P elage, dont il
é to it difciple. Il pouifaplus loin ce mauvais principe.
11 foutint que J. C . n’étoit qu’un pur homme , mais
qu’il avoit fi bien ufé de fon libre arbitre , qu’il avoit
vécu fans aucun péché, & que par fes bonnes oeuvres,
jl avoit mérité d’être Fils de Dieu : Q u ’il n’é toit Ye-
L l V R E V I N G T - Q U A T R I E ’mE'.S t i f
nu au monde,que pour donner aux hommes des exemples
de vertu ; & que s’ils vouloient en profiter , ils
pouvoient auifi être fans péché. Leporius publia fes
erreurs dans une lettre qui caufa un grand fcandale.
Ca ifienqui p ou vo it être en Provence depuis treize ou
quatorze ans,l’avertit 8c l’exhorta à fe retraiter : plusieurs
autres fçavans hommes dans les Gaules en firent
de même, mais inutilement. C ’eft pourquoi Proculus
de Marfeille, 8c Cylinnius autre évêque Gaulois le
voïant obftiné, condamnèrent fa d oitrin e. Chaflcde
Gaule , il pafia en Afrique avec quelques autres engagez
dans la même erreur. Il demeura quelque temps
avec S. Auguftin ; 8c on croit que c’eft ce prêtre Leporius
qui aififta avec les autres à la défignation d’E-
raclius : car L ep o riu s , dont il s’a g i t , devint prêtre
après avoir été moine. Il reconnut fon erreur, la con-
fciTa publiquement ; & pour réparer le fcandale qu’il
avoit caufé dans les églifes de Gau le , il y envoïa une
rétractation autentique, qui fut lue devant plufieurs
évêques dans l’églife de Carthage. Elle eft adreffée à
Proculus 8c à C y lin n iu s . Leporius y reconnoît fon
ignorance 8c fa préfomption , 8c en demande humblement
pardon. Il condamne fa lettre fcandaleufe,
8c confeffe que Dieu, c’eft-à-dire J. C . eft né de Ma->
rie ; 8c qu’il n’a pas été plus indigne de Dieu de naître
d’une femme, 8c prendre d’elle la nature humaine ,
quand il a voulu, que de former en elle la nature hu-
maine:autrement c’eft mettre une quatrième perfonne
dans laT r in ité , fi l’on met deux Fils de Dieu & d eu x
Chrifts ; l’un Dieu, l’autrehomme. Une fautp ascroire
pour ce la , que l’incarnation du Verbe foit un mélange
8c une confufîon des deux natures ; un tel mé