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A n . 411. par cet exemple, & par la force de la vérité dirent :
Une affaire ou une perfonne ne fait poinr de préjugé
contre une au tre affaire ou une autre perfonne.C’étoit
juftement ce que les Catholiques avoient accoûtumé
de leur répondre, pour montrer que les crimesde Ce-
cilien , quand ils auroient été p rou v e z , ne tiroient
pointa confequencecontre fes fucceffeurs, & lesau-
tres évêques d’Afrique : & beaucoup moins contre
l ’églifc univerfelle,
c. ii. On acheva la leéture du concile de Rome , où Ce-
çilien ayoit été abfous ; & le commiffaire preffa les
Donatiftes de dire quelque chofe,s’ils pou voient,contre
ce concile. Ils dirent que le pape Melchiade qui y
avoit prefidé étoit lui-meme Traditeur ; &c pour le
p rouv e r , ils firent lire des aiftes très lo n g s , qui toutefois
ne prouvoient rien. Enfuite on lût le jugement
svp. liv. 1. ». i<>. de l’empereur Conf tant in, c’eft-à dire la lettre à Eu-
malius vicaire d’A frique, par laquelle il témoignoit,
qu’il avoit tràuvé Ceçilien innocent & les Donatiftes
Calomniateurs. Marcellin preffa les Donatiftes de re-
c . i o . pondre à cette lettre de Conftantin ; & ils firent la
leéture d’un paffage d’O p t a t , qui ne prouvoir rien :
mais ayant lu toute la page, on trouva qu’il difoit
le contraire de leur intention, c’eft-à-dire que Ceci-
lien avoit été déclaré innocent : ce qui fit rire les
affiftans, qui avoient veu l’emprcffement 4 deman-
t.n. 11.15. (Jcr çet:t:e levure, Ils firent encore lire d’autres pie-
ce s , dont les Catholiques tirèrent avantage contre-
cux : & une enfin , qui donna occafion de faire lire
les aifes de la juftification de Félix d’Aptonge ordinateur
de Çecilien.
Les Donatiftes n’ayant rien à oppofer à ces a f tc s ,
rebattirent plufieurs fois de vaines chicanes : & enfin
le
c. 14.
SuP. liv . x . a. i l .
X L .
Fin de la première
c o q fererx ;e.
L i v r e v i n g t - d e u x i e ’m e . 345
h tribun Marcellin dit : Si vous n’avez rien à dire au -------~— -
contraire, trouvez bon de fo r tir , afin que l’on puiffe A n . 4 h .
écrire la fenteneequi prononce fur tous les chefs. Ils 2J.
fe retirèrent de part & d’autre : Marcellin drefla la
fentence, & aïant fait rentrer les parties, il leur en fit
la leéture. Il étoit déjà n u it, & cette a d io n finit aux auZ. prji' „ h. c.
flambeaux, quoiqu’elle eût commencé dès le point ztj.
du jo u r , & que ce fut le huitième de Juin. Aufti les
ades en étoient très-longs, & contenoient cinq cens
quatre-vingt-fept articles. Il nous en refte deux cens
quatre-vingt-un; c’eft-à-dire , jufques à l’endroit où
S. Auguftin commençoit à traiter la caufe générale de
l’églife. On a perdu le refte, qui contenoit plufieurs
ades importans & curieux. Mais S. Auguftin nous
en a confervé la fubftance , & nous avons la table r,*/. MxrceU,
entière des articles, dreflée par un officier nommé
Marcel, à la priere de Severien & de Julien.
La fentence du tribun Marcellin ne fut propofée en
public que le vingt-fixiéme de Juin. Il y déclaré que
comme perfonne ne doit être condamné pour la faute
d’autrui : les crimes de C e ç ilien , quand même ils
auroient été prou v e z, n’auroient porté aucun préju-
diceal églife univerfelle : qu’ilé to it p r o u v é ,q u eD o i
nat etoit l ’auteur du fchifme : que Ceçilien & fon ordinateur
Félix d’Aptonge avoient été pleinement juf-
tifiez. Après cet expofié , il ordonne que les magif-
trats, les propriétaires & locataires des terres empêcheront
les ailembléesdes Donatiftes dans les villes 8c
en tous lieux ; & que ceux-ci délivreront aux Catholiques
les églifes qu’il leur avoit accordées pendant fa
commiffion. Que tous les Donatiftes qui ne voudront
pas le réunir à l’é g life , demeureront fujets à toutes
es peines des loix : &c que pour cet effet tous leurs évç-
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