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3fS H i s t o i r e E e e t e s i a s t i q j j ï .
de J< G. même, il répéta tro'is fois cette impiété : quoiqu’il
fit profefïion du Chriftianifme.
Après cela Synefius le regarda comme un homme
incorrigible, & comme un membre corrompu, qu’il
fallo ir retrancher de la focieté des fideles. Il afTem-
bla donc fon clergé de Ptolemaïde, & dreffa une fen-
tence d’excommunication en ces termes : Q u ’aucun
temple de Dieu ne foit ouvert à Andronic, aux liens
i & aT h o a s : que tout lieu fai<nt avec fon.enceinte leur
». . foit fermé : le diable n’a point de part au paradis. Si
même il y entre en cacheté , q u il en foit chaffé. J’exhorte
donc tous les particuliers & les magiftratsdene
fe trouver ni fous même toit ni à même table ; & particulièrement
les prêtres, de ne leur point parler de
leur v iv a n t , & ne point affilfer à leurs funérailles
après leur mort. Que fi quelqu’un méprife cette égli-
fe a caufe de fa petitelfe, & reçoit fes excommuniez,
ne croïant pas d evoir lui obéir à caufe de fa pauvreté
: il doit fçavoir qu’il déchire le g life , que Jefus-
C h r ift veut qui foit une. Et celui-là, foit diacre, foit
p rê tre , foit é v ê q u e , nous le mettrons au rang d’A n -
d ronic, nous ne lui toucherons point dans-da main ,
& nous né mangerons point avec lui : tant s’en faut
que nous communiquions aux faints myfteres avec
ceux qui voudront communiquer avec Andronic &
Thoas.
Cet aéteiétok accompagné d’une lettre adreifée à
tous les évêques au nom de l ’églife de Ptolemaïde :
qui contenoit les caufes de l’excommunication & les
crimes d ’Andronic ; & declaroit d’a b o rd , qu’il ne
devoir point être réputé ni nommé Chrétien : mais
que comme maudit de D ie u , il devoit être chalfé
de toutes les églifes avec toute fa famille. L ’excom-
L i v r e v i n g t - d e u x i e ’ m e . 3 / 5»
munication fut auffi lue dans l’affemblée du peuple
de Ptolemaïde : mais auparavant Synefius fit un d if- hÿfef
cours, où après avoir marqué la répugnance avec
laquelle il eit entré dans l’épifcopat, les peines qu’il
y fouffre, & particulièrement les crimes d’Andronic :
il exhorte fon peuple à choifir un autre évêque.
L’aiTemblée fe récria à ces mots ; Synefius voient
qu’il ne les pouvoir perfuader d’agréer fa démiflion ,
remit la chofe à une autre fois. Dans ce difeours, il
dit ces paroles remarquables, fur la diftinétion des <
deux efpeces de gouvernemens, le fpirituel & le temporel.
J’ai voulu vous faire voir par expérience, quejoin- p. iSs.
dre la puiifance politique au facerdoce : c’eft filer en-
femble deux matieres-incompatibles. L’antiquité a eu idem.epi/i.m.
des prêtres qui étoient juges. Les Egyptiens & les Hébreux
ont été long-temps gouvernez par les prêtres.
Mais à mon a v is , depuis que cette oeuvre divine a
été traitée humainement, D ieu a feparé ces genres de
vies : il a déclaré l’un facré l’autre politique : il a attaché
les uns à La matière , les autres à lui-même : ils
doivent s’appliquer aux affaires &i nous à la priere.
Pourquoi voulez-vous joindre ce que Dieu a feparé :
& nous impofer une charge qui ne nous convient
pas ? Avez-vous befoin de proteéüon ? AdreiTez-vous
à celui qui eft chargé de l’execution des loix ? Avez-
vous befoin de Dieu ? allez à l’évêqùe. Le vrai facerdoce
a pour but la contemplation, qui ne s’accorde
point avec l’aéfcion & le mouvement des affaires. Et
enfuite : Je ne condamne pas les évêques qui s'appliquent
aux affaires : mais fçaehant que je puis à peine
fuffirc pour l ’un des d eu x , j’admire ceux qui peuvent
l’un & l’autre.