
A n . 41
X IX .
Conférence à
Jerufalem.
OroJ. fîpglog?
414 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
milité de S. Jerôme en Ton extrême vieilleffe.
Orofe le trouva occupé à cet ouvrage quand il
arriva en Paleftïne , ôc fe retira auprès de lui à Bethléem
, pour s’inftruire de la religion. Il croïoit y
être caché & inconnu, quand il fut appelle à Jerufa-
lem par les prêtres de cette églife à la fin du mois de
Juin 41/. Y étant arrivé , il affilia à l ’affiemblée des
prêtres où préfidoit l’évêque Jean , qui le fit afleoir
avec eux. Auf f i- tôt i ls le prièrent, s’il fqavoit quelque
chofe qui fe fût paifé en Afr ique , touchant l’he-
refie de Pelage 8c de Celeilius, de le déclarer Amplement
8c fidelemènt. Il expliqua en peu de mots, comment
Celeftius avoit été dénoncé à plufieurs évêques
affemblez à Carthage, quil’avoient oui 8c condamné,
après quoi il s’étoit enfui d’Afrique ; 8c que S. Au-
guftin travailloit à répondre pleinement à un livre de
Pelage, à la priere des difciples de Pelage même, qui
le lui avoient e n v o ie .C ’étoit Jacques 8cTimafe. Orofe
ajouta : J’ai encore entre les mains une lettre du
même é v êque , qu’il a envoïée depuis peu en Sicile,
où il a rapporté plufieurs quellions des heretiques.
On lui ordonna de la lire, ce qu’il fit : c’étoit la lettre
à Hilaire.
Alors Jean évêque de Jerufalem demanda que
l ’on fit entrer Pelage. L ’affemblée y confent i t , tant
par refpedt pour l ’évêque que pour l’utilité de l ’act
io n , croïant qu’il feroit mieux convaincu étant pre-
fent. Quand Pelage fut entré, les prêtres lui demandèrent
tout d’une vo ix , s’il reconnoiifoit d’avoir ch-
feigné cette dodlrine , à laquelle l ’évêque Auguftin
avoit répondu. Il répondit : Q u ’a i - je affaire d’Au-
guftin ? Tous fe recrierent, que parlant fi mal d’un
évêque, dont Dieu s’étpit fervi pour procurer l'uni-
L i v r e v i n g t - t r o i s i e ’m e. 4 1 ;
té à toute l’Afrique , il meritoit d’être chaffié , non
feulement de cette affemblée, mais de toute l’églife.
Mais l’évêque Jean fit affeoir Pelage au milieu des
prêtres catholiques, quoique fimple laïque 6c ac-
cufé d’herefie, puis il dit : Je fuis Auguftin ; pour
faire entendre qu’il vouloir le reprefenter. Orofe lui
dit : Si vous faites le perfonnage d’Auguftin , fui-
vez fes fentimens. L’évêque Jean dit à toute l’aiTem-
blée : Ce qu’on vient de lire eft-il contre d’autres ,
ou voulez-vous parler de Pelage ? Déclarez ce que
vous avez à dire contre lui. Les autres firent figne
à Orofe , ôc il dit : Pelage m’a dit qu’il enféignoit ,
que l’homme peut être fans péché, & garder facilement
les commandemens de Dieu s’il veut. Pelage
répondit : Je ne puis nier que je ne l’aïe d i t , 8C
que je ne le dife. Orofe ajouta : C ’eft ce que le concile
d’Afrique a détefté en Celeftius, 6c ce que I’évfe-
que Auguftin a rejetté avec horreur dans fes écrits ,
comme vous avez oui. C ’cft ce que le bienheureux
Jerôme-, dont tout l’Occident attend les difeours-
comme la rofée du c iel, a condamné dans la lettre
qu’il a écrite depuis peu à Ctefiphon , 6c il le réfuté
encore à prefent dans le livre qu’il écrit en forme de
dialogue.
L ’évêque Jean fans rien écouter de tout cela, vou-
loit obliger Orofe 6c les autres à fe déclarer accufà-
teurs devant lui : mais ils le refuferent . difant que
cette doélrine avoit été fuffifamment condamnée par
les évêques'. Ondifputa long temps ; 6c comme on ac-
eufoit Pelage de dire que l’homme peut être fans péché
s’il veut , l’évêque Jean l’interrogea , & il dit : Je
n’ai pas dit que l’homme eft impeccable par fa nature |
mais j’ai d i t , que celui qui voudra travailler pour ne
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Aug. de Ge(t.
PeUg. c.$é. n. f