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corrige fon enfant , en le faifant fouffrir. La guerre
même fe pourrait faire a in f i , pour ôter aux médians
le pouvoir de mal faire impunément , qui eft
Luc. XÏl. 14 . le plus grand malheur. En effet, l’évangile ne dé.
fend, point la guerre,, puifqu’il prefcrit les devoirs
des gens de guerre. Que l’on nous donne de tels
foldàts , que les peuples des provinces , les maris, les
femmes, les parens, les enfans, les maîtres, les ef-
c la ve s , les rois, les juges : ceux qui lèvent les droits
du prince 8c ceux qui les paient : qu’ils foient , chacun
dans leur état, tels que le Chriftianifme demande
, 8c que l ’on dife encore qu’il eft contraire au bien
d’un état.
Quant aux reproches que l’on fait aux princes Chrétiens,
d’avoir ruiné l’empire Romain , c’eft une pure
calomnie : puifqu’ayant la lumière de l’évangile , Sal-
luftefe plaignoit que l ’avarice, le luxe 8c la débauche
avoient commencé à ruiner la république. Juvenal
marque le progrès de ces vices, 8c combien les.Romains
s’étoient éloignez de la frugalité, & de la pauvreté
de leurs peros, qui avoit été le fondement de
leur grandeur : Dieu recompenfant par la puiffanee
temporelle ce qu’ils avoient de vertu, quoique fans
la vraïe religion. Pour traiter plus à fonds cette
queftion fi importante, S. Auguftin commença peu
de temps après le grand ouvrage de la cité de Dieu ,
adreffé au même Marcellin. - .
ti- Voluf ien à qui S. Auguftin écrivit en même temps
tL Vo l« - / sla 1
fi«». une lettre faroeufe, etoit un noble Romain frered’ Albine,
& oncle de la jeune Melanie. Il n’étoit pas encore
chrétien jmaistrès-inftruit des lettres humaines,
Et.iy..ah.v. & de la philofophie. S. Auguftin l’avoit exhorté'à
lire les faintes écritures, principalement, des apôtres,
L l V R E V I NGT - D E UXIE’ME. 3
très, qui pourroient l’exciter à lire les prophètes qu’ils
.citent. Et en même temps il s’offroit de réfoudre fes m h w î ;
difficultez. Volufien lui propofa en effet plufieurs
queftions fur l’incarnation du Verbe , & les miracles
de J.C. 8c finit, en difant : On tolere en quelquefor-
te l’ignorance dans les autres évêques y mais quand
on vient à Auguftin , on croit que tout ce qu’il ignore,
manque à la religion. Marcellin ami de Volufien
accompagna cette lettre, de celle dont je viens dé rapporter
la réponfe. Saint Auguftin répondant à V o lu - sp.^e.
fien, dit : que le V erbe de Dieu aïant pris un corps Ep.ii7.c.e.7.
pour fe rendre fenf ible, l ’a pris dans une vierge , 8c
s’eft chargé de toutes les foibleftes delà nature humaine,
pour montrer qu’il étoit véritablement homme
: que Dieu eft uni à l’homme pour faire une feule ».h.
perfonne de J .C. comme lame unie au corps en chaque
homme ne fait qu’une feule perfonne. Ave c cette
différence que l ’on conçoit plus aifément l’union des
deux chofes incorporelles , comme le V erbe divin 8c
l’ame de Jefus Chr i f t ,que de deux chofes , dont l’une
eft corporelle , comme notre ame 8c notre corps.
Jefus-Ghrift eft venu , non feulement inftruire les
hommes de toutes verriez ; mais leur donner le fe-
cours neceffaire pour le falut. Saint Auguftin mon- *. jj;
tre enfuite la grandeur de fes miracles, que les païens
ne nioient pas , mais ils leur oppofoient les prétendus
miracles d’Apollonius, d’Apulée, 8ç des autres
magiciens. Enfin il ramaffe les preuves de la religion »-if-
chrétienne , par une fuite abrégée de toute l’hiftoire
de la religion , depuis la vocation d’Abraham jufques
a fon temps.
Saint Auguftin n’intercedeit pas feulement pour les l u .
Donatiftes3 mais jl s’efforçoit de fauver du fupplice 3 Uve.»-
Tome H. A a a