
434 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
rent le gouverneur Orefte , comme il fortoit en chariot,
Si s’approchant de lui, l’appeliercnt païen & idolâtre
, Si lui dirent d’autres injures. Orefte foupqon-
nant que Cyrille lui tendoit un p ie g e , s’écria qu’il
étoit Chrét ien, & qu’il avoit été baptifé par l’évêque
Atticus à C . P . mais les moines ne l’écoutoient point
& un d’entr’eux nommé Ammonius le frappa â la
tête d’un coup de pierre, qui le mit tout en fang.
Ses officiers épouvantez par la grêle des pierres, le
difperferent ; mais le peuple accourut à fa défenfe, &
les moines furent mis en fuite. On prit Ammonius, &
on l ’amena au gouverneur qui lui fit fon procès, &
le fit mourir dans les tourmens, Saint Cyrille retira le
corps Si le mit dans une égli fe, lui changea de n om ,
l’appellaThaumafe, c’eft à-dire admirable, & le voulut
faire reconnoître pour martyr ; mais les plus fages
des Chrétiens n’approuverent pas cette conduite, Sf
peu de temps après S. Cyrille lui-même laifta tomber
la chofe dans le filence Si dans l’oubli.
Le peuple n’en demeura pas-là. Il prétendit qu’une
femme illuftre nommée Hypatia empêchoit le prefet
Orefte de fe reconcilier avec l’évêque. Elle étoit fille
du philofophe T h e o n , fi fçavante qu’elle furpafloit
tous les philofophes de fon temps. Elle avoir fuccedé
à l’école Platonicienne, & enfeignoit publiquement,
en forte qu’on y accouroit de toutes parts ; Si nous
avons plufieurs lettres de Synefius à el le, où il le
reconnoît fon difciple Sa doèlrinc étoit accompagnée
d’une grande modeftie, qui lui attiroit beaucoup.de
refpeét Si d’autorité auprès des magiftrats. Elle voïoit
iouvent Orefte , ce qui donna occafion à la foupqon-
ner de l’animer contre faint Cyrille. Donc une troupe
degens emportez, conduits par un leèteur nomi.
4:
m I
L i v r e v i n g t -t r o i s i e ’m e . 43;
mé Pierre , la guettèrent comme elle rentroit chez
elle, la tirèrent de la chaife, Si la traînèrent à l’é—
glifenommée la Cefarée ; ils la dépouillèrent, la tuèrent
à coups de pots caftez , la mirent en pièces , Si
brûlèrent fes membres au lieu nommé Cinaron.
Cette aètion , die l’hiftorien Soerate, attira un grand
reproche à Cyrille Si à leglife dAlexandrie : car ces
violences font tout-à-fait éloignées du chriftianifme.
Puis il ajoute : Cela fe paffa la quatrième année de
l’épifcopat de Cy r i l le , fous le dixième confulat
d’Honorius Si le dixième d eT h e o d o fe , au mois-de
Mars pendant les jeûnes, c’eft-à-dire, le carême de
l’an 41J.
On croit que ces défordres d’Alexandrie furent
caufe d’une loi de Theodofe du mois d’O'Stobre 4 16.
pour reprimer les entreprifes des Parabolans. On ap-
pelloit ainfi des clercs du dernier ordre, deftinez à
prendre foin des malades principalement dans les
maladies contagieufes, d’où leur venoit ce nom :car
il lignifie en grec des gens qui s’expofent. La ville
d’Alexandrie envoïa une députation à Conf tant i-
nople pour s’en plaindre. L’empereur ordonna que
tous les clercs en général ne priffent point de part
aux affaires publiques, & en particulier pour les Parabolans,
qu’ils ne feroient pas plus de cinq cens, Si
encore d’entre les pauvres Si des corps de métiers ,
que leurs noms feroient donnez au prefet d’A lexandrie
qui en mettroit d’autres à la place des morts ,
qu’ils ne pourroient fe trouver à aucun fpeétacle , ni
au lieu où fe tenoit le c o n f e i l , ni paroître en jugement
, que pour leurs affaires particulières, ou par un
I ndic. Mais cette loi fut révoquée en partie dix-huit g-4 r-c
mois après, le troifiéme de Février 418. Le nombre
I i i ij
1. T h . de
h. T h . de