
s H r s f o t R E E c c L i s ï À i ’n o ü É .
«o’a.n.r.i. ^jue de trafic. Ilsy trouvèrent Archebius évêque de
Panephife ville voifi-ne,qui les reçut avec une grande
charité. Il avoit été tiré d’entre les anacoretes pour
êtrefait évêque; & loin de s’en élever, ildiloit, qu’on
l’avoit çhaffé de la vie anacoretique comme indigne;
parce qu’il n’avoit pas profité des trente-fept ans qu’il
y avoit paffez:toutefois il confervoitdansl’épifcopat
toute l’aufterité de fon premier genre de vie. S’étant
donc trouvé à Tennefe pour l’éle&ion d un évêque;
& ayant connu le mot i f qui avoit attiré en Egypte
Caffien & Germain,il leur dit : En attendant que vous
paillez plus avant, venez voir près de nôtre monafte-
re des vieillards fi courbez de vieî l leffe&d’unafpeétfi
venerable, que leur feule vûë eft une grande inftruc-,
tion. Vous apprendrez d’eux que je ne puis plus vous
enfeigner , parce que je l’ai oublié.
c.j. Archebius ayant ainfiparlé, pr i t fonbâton & fa
peau de chèvre : car c’étoit ainfi que les moines
d’Egypte voyageoient ; & conduifit fes hôtes à Pa-
nephyfe. Lepa ïs tout inondé ne laiifoit d e ie cq u e
quelques hauteurs, qui faifoient comme des iiles.
Là vivoient trois anciens anacoretes, Cheremon,
Nefteros S tjofeph. Archebius mena d’abord fes hôtes
à Cheremon, qui étoit le plus proche & le plus
vieux. Il avoit plus de cent ans, & la vieilleiTe l’a-
voit tellement courbé, qu’il marchoit fur fes mains.
Caffien St Germain étonnez de fon vifage & de fa
maniéré de marcher, le fupplierenr de leur dire quelque
chofe pour leur inftruétion, puifque c’étoit le fu-
jet de leur voyage. Alors Cheremon leur dit avec un
profond foûpir:Quelle inftrutftion vous puis je donne
r , puifque la foiblefle de l’âge m’obligeant à relâcher
mon ancienne aufterité, m’a ôté la confiance
de
L i v r e v i k g t i e’ m e f ?
de parler? Comment puis-je enfeigner ce que je ne
fais pas moi-même ?C ’eft pour cela que je ne permets
à aucun jeune homme de demeurer avec mo i , de
peur qu’il nefe relâche par mon exemple. Il céda to u tefois
à leurs prières, ôc les entretint premièrement
de la perfeétion, leur montrant qu’elle confifte dans
la charité : Après le repas, il leur parla de la chafte-
té ; & le lendemain après les prières du matin , il les
entretint de la proteéfiondeDieu , c’eil-à dire de la
g râ ce, fans laquelle on ne peut conferver la chafte-
t é , ni acquérir les autres vertus. Les queftions qu’ils
lui propofoient, attirèrent ces deux derniers entretiens.
Ils allèrent voir enfuite l’abbé Nefteros : car on
donnoit le nom d’abbé à tous ces faints vieillards, à
caufedeleurâge ôc de leur ve r tu , quoiqu’ils fuifent
fimples anacoretes, fans avoir d’autres moines à conduire.
On croit que ce Nefteros eft le même qui eft
qualifié ailleurs ami de faint Antoine.il entretint Ca f fien
ôc Germain de la fcience fpirituelle, ôc de la différence
de la vie a&ive ôc de la vie contemplative : où
il marque en paffant l’étude des poètes, ôc des autres
auteurs profanes comme un obftacle à la perfeètion
religieufe. Après le repas ôc la priere du foir , ils s’af-
i irent furdes nattes à l ’ordinaire, & Nefteros continuant
la converfation, leur paila de la diverficé des
dons de Dieu : c’eft-à-dire des miracles ôc des autres
grâces femblables, afin qu’ ils eftimaffent davantage
les vertus. Le troifiéme qu’ils vifiterent , fut l’abbé
Jofeph. Il étoit né à T hm u i s , d’une famille très-noble,
& des premiers de la ville ; ôc avoit été élevé avec
grand foin ; eniorte qu’il parlôit bien g r e c , &c n avoit
point befoin d’interprcte comme les auties , qui ne
Tome y , B
c.6.
Coll. x i r .
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Coll. XI Vo
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