
V I I .
Rcprftchc des
paycns.
A u g . i l . Retr. e.
4Î-
Sup. Itv. v. n. 9.
Tertull. apol. c.
40.
384 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
prife, les fcrviceurs de Dieu ont pafle par le fil de l à
p é e : on emmene Elypand captif. Liibonea racheté fa
liberté avec de l'or: Egitave eft aftiegée; to u te ft plein
de miferes, de fanglots , d’angoiiTes. V ou s avez vû
ce que les Sueves ont fait en Galice ; jugez de ce que
les Alains fo n t en Lufitanie. Je vous envoie les décrets
de la fo i que vous demandez ; car j'ai emporté
mes écrits avec moi. J’attens tous les jours detre frappé
d’un femblable coup : je vous envoyc ra i tou t, fi
je fçai le lieu où vous ferez caché : Dieu veiiillc nous
regarder en pitié.
Cette inondation des peuples barbares, & principalement
la prife de R om e par les Goths, fut une occa-
fion aux païens de renouveller avec plus d’aigreur
leurs plaintes & leurs calomnies contre la religion
chrétienne: fuivant leur ancienne coutum e ,de lui attribuer
tous les malheurs qui arrivoient dans le monde.
Depuis que cette impieté a paru d ifo ien t- ils , la
puiffance Romaine n’a fait que bailler. Les dieux fondateurs
& protecteurs de cet empire , ont retiré leurs
fecours à mefure qu’on a négligé de les fervir ; &
quand on a celle entièrement, quand on eft venu juf-
ques à fermer leurs temples , défendre par des loix &
fous des peines rigoureufes les facrifices, les augures,
& les autres moyens de fe les rendre propices : ils nous
ont abandonnez, & Rome autrefois viétorieufe eft
devenue la p ro y c des barbares.
Les chrétiens font enveloppez comme nous dans les
calamitez qu’ils nous ont attirées : leur Dieu ne les a
point diftinguez ; ils ont été p i lle z , malfacrez , emmenez
en captivité ; leurs femmes & leurs vierges
n’o n t pas été épargnées plus que les nôtres. Tels
étoient les reproches des payens.
L i v r e v i n g t - t r o i s i e ’m e . 38;
Le tribun Marccllin écrivant à S. Augu ftin fur ce
fujet, l’avoit prié d’en compofer des livres,qui feront,
d ifoit-il, extrêmement utiles à l’églife , principalement
en ce temps. Saint Auguftin crut d’abord qu’une
lettre fuftiroit ; & lui écrivit la grande lettre fur la
politique, dont j’ai rapporté la fubftance. Mais en-
fuite il vit bien qu’un fujet fi vafte & fi important
meritoit un plus grand ouvrage ; & il commença à
cri compofer un, qui eft le plus long de tous les fiens,
&c qui comprend toute la controverfe contre les
païens, dont il avoit déjà traité quelques points aux
occafions : comme dans l ’expofition des fixqueftions
adrèfiees à Deo-gratias, prêtre de C a rrh a g e , vers
l’an 408.
Le titre de ce grand ouvrage eft de la Cité de Dieu,
parce que le deifein eft de défendre la focieté des en-
fans de Dieu , c’eft-à-dire le g life , contre la focieté
des enfans du fiecle. T o u t l’ouvrage eft divifé en
vingt-deux liv re s , dont les dix premiers font era-
ploïez à refurer les païens : cinq contre ceux qui
croïoient que le culte des dieux étoit neceffaire pourt
la profperité temporelle de ce monde : cinq contre
ceux qui vouloient que l’on fervît les dieux pour être
heureux dans une autre vie. Les douze derniers livres
établiftent la vérité de la Religion Chrétienne, & font
divifez en trois : quatre qui montrent l’origine des
deux citez ou focietez,quatre pour leur progrès, quatre
pour leurs fins différentes. Saint Augu ftin fut environ
treize ans à compofer ce grand ouvrage, étant
de temps en temps-obligé de l’interrompre pour plu-
fieurs autres, qu’il ne pouvoir différer. Il le commença
vers l’an 4 1 3 . peu de temps avant la mort de
M arcellin , à qui il adreffe la parole dans le premier
Tome V . C ce
Ap. Aug. ep 1 jtf.
». t.
Ep. i$8. 71. 20.
Sup. I. x x i i .» . jo .
Ep. l o i . a l 4.
i l . Retrait, c. 31.
vnr.
Cité de Dieu do
S. Auguftin.