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le degré de leéteur, 5c n eto.it pas encore allez éprouvé
dans le miniftere.de l’églife. Le peuple deFulfale
le reçut avec uneentiere foumiiïion ; 5c il fur ordonné
évêque. Mais il fe conduifit très-mal ; ôc le fcan-
dale fut fi grand, que fon peuple l’accufadevant faint
Augu ftin 5c devant un concile d’évêques, d’exereer
une domination infupportable , de pillages 5c de di-
verfes vexations. Il y avoit même des-étrangers qui
l’accufoient d’impureté, mais ils ne purent le prouver
; 5c les évêques ne le trouvèrent pas affez coupable
pour le priver de l’épifcopat. Ils le condamnèrent
premièrement à la reftrtution de tout ce qu’on p rou-
yeroit qu’il auroit pris, 5c à demeurer privé de la
communion jufques à ce qu’il eût reftitué : enfufte à
quitter ce peuple qui ne pouvoir plus le fouffrir , 5c
feroit capable d’en venir à quelque violence : ainfi
il demeuroit évêque, mais fans églife. Antoine ac-
quiefqaà la fentence ; 5c même configna en deniers la
valeur de ce qu’il avoit p r is , fuivant l’eftimation qui
en fut fa ite , afin de rentrer dans la communion.
Toutefois il appella enfuite au faint fiege , 5c pré-
fenta une requête au pape Boniface , par laquelle en
diffimulant le f a i t , il demandoit à être rétabli dans
fon é g life , foutenant qu’il n’avoit pas dû en être
privé , ou qu’il falloir auffile dépofer de l’épifcopat.
Il fit même écrire au pape en fa faveur par le primat
de Numidie , à qui il avoit perfuadé fon innocence.
Le pape Boniface écrivit pour le ré ta b lir , mais avec
ce.tte précaution r s’il avoit fidelement expofé l’ordre
des choies. Antoine faifoit valoir ce jugement du
faint fiege ,. • 5c menaçoit de le faire executer par la
puifTance ieculiere, 5c à main armée. C ’eft ce que S.
A u gu ftin prie le pape Celeftin d’empêcher, lui en^,
L i v r e v i n g t - q u a t r i e ’me . m f
voïant tous les aétes du procès , pour l’inftruire
à fonds.
Il s’accüfe d’imprudence d’avoir fait ordonner ce
jeune homme fans l ’avoir aiTez éprouvé. Mais il
foutient le jugement de fon concile , 5c qu’encore ;
qu’un qvêque n’ait pas mérité la d ép o fition , il ne
doit pas demeurer impuni. Il en rapporte des exemples
en Afrique même. Prifcus avoit été privé du
droit de parvenir à la primatie, demeurant toujours
évêque. V ié lo r avoit été fournis à la même peine,.
5c de plus aucun évêque ne communiquoit avec lu i ,
que dans fon diocefe. Laurent étoit privé de fon
fiege fans ceffer d’être évêque , 5c fe trouvoit préci-
fément dans le cas d’Antoine 3 5c ces jugemens
avoient été confirmez par le faint fiege. S. Auguftin
c o n c lu t , çn priant le pape d’avoir pitié du peuple
de FùiTalc , en ne leur renvoïant pas cet évêque iî
odieux : d’avoir pitié d’Antoine , en ne lui donnant
pas occafion de faire plus de mal : enfin d’avoir pitié
de lui-même 5c de fa vieilleffe. Il avoit au moins
foixante 5c huit ans. C a r , ajoute-t’i l , ce péril où je
vois les uns 5c les autres, me jette dans une fi profonde
trifteife,que je penfe à abandonner l’épifcopat,
5c ne plus m’occuper qu’à pleurer ma faute. Il eut
fans doute fatisfaétion , 5c Antoine ne rentra point
dans fon fiege. Car nous voïons que faint Auguftin
gouvernoit encore l’églife de Fuffale fur la fin de fa
vie.1
Cette lettre de S. Auguftin eft écrite dans Te temps
où les évêques d ’Afrique deferoient encore aux appellations
à Rome, attendant qu’ils fuifent mieux éclaircis
des canons de Nicée , comme porte la lettre du
concile de 415. au pape Boniface. Il eft vrai qu’on
D d d d i i j
1.7}
Epijl. î.L'4. ad'
Qu o d vu lt.
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Fin de l ’affaire:
d'Apianus.
Sup. n. £!<.-