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Monaftere de Le^
tins.
Serm. S. HiU r
<■*£. S . Léon* to, \
6$ l H IS T O I R E E c C L E S I A S T 1 Q U E .
des iiles de Marfeille. Il fait parler l’abbé Piammon ,
& les autres qu’il avoit vus dans le même voïage :
ce font en tout vingt-quatre conférences , rangées
non félon l ’ordre du temps, mais félon l’ordre des
maderes.
Le monaftere de Lerins avoit été fondé vers l ’an
4 io . par faint H on o râ t, dont cette ille porte aujour-
. d’hui le nom. Il étoit d’une famille n o b le , & qui
‘ a vo it même eu l ’honneur du confulat. Il fe conv ertit
, & reçût le baptême étant à la fleur de fon âge ,
malgré l ’oppofition d e fonp e re & de toute fa famille.
P è s lors il commença une vie fevere &c mortifiée : il
accourcit fes cheveux , porta des habits gro flie rs ,
abattit fon vifage par le jeûne. Un de fes freres n om mé
Venantius , embraiTale même genre de vie. A ïan t
diftribué leurs biens aux pauvres, ils fe mirent fous
la conduite d’un fainç hermite nommé Capraife , qui
demeuroit dans le s ifles de Marfeille. Ils entreprirent
avec lui un voïage , & demeurèrent quelque temps
en Achaïe. Venantius mourut à M ethon e, & H o n o rât
revint en Provence. La vénération qu’il avoit pour
Leonce évêque de Fréjus, le porta à s’établir dans fon
diocefe: il ch o ifitla petite ifle de L e rin s , alors déferre
& in fe â é e deferpens ; & y bâtit un monaftere,qui
fu t bien-tôt habité d’un grand nombre de moines de
toutes nations. Quoiqu’Honorat évitât depuis longtemps
la cleriçature, il fut ordonné prêtre , & avoit
un talent particulier pour la conduite des ames. L ’é-
gflfe d ’Arles l ’aïant demandé pour pafteur, il y fut
confacré évêque après Patrocle, mais il ne la gouverna
que deux ans. Il réunit les efprits divifez & fç
rendit principalement recommandable par fa char
jrité, qui lui f t diftribuer en peu de temps les tréfors
que
L i v r e v i n g t - q u a t r i e ’me. ¿33
que fonpredecefleuravoit amaffez. Il inftruifitmême
dans fon lit pendant fa derniere m aladie, & avoit prêche
fon peuple le jour de l ’Epiphanie, - environ huit
jours avant fa m ort, qui arriva l’an 4 z8. L ’églife honore
fa mémoire le ieizieme de Janvier. Il eut pour M*rty
fucceffeurS. H ilaire, qui avoit été fon difciple à Le- JW
r in s , & conferva dans 1 epifeopat les pratiques de la
vie monaftique. Plufieurs d’entre ces moines étoient
imbus de la d od rin e de C a flien , qu’il avoit puiféeen
O r ien t, & expliquée particulièrement dans fa treizième
conférence : ils avoient peine à goûter ceîle de
iaint A u g u ft in , ôt donnoient dans la même erreur
que les moines d’Adrumet : croïant qu’au moins le
commencement du mérité venoit de nous. Os trou-
voient que la d odrin e de S. Auguftin avoit des con-
fequences fâcheufes contre la bonté de Dieu & la liberté
de l’homme.
Un nommé H ila ire , autre que l ’éveque d’Arles,-, 1
difciple dc S. Auguftin, qui avoit vécu quelque temps à I Z
auprès de lu i , & apparemment le même qui en 4 I 4 . ' s„P. 1.
lui avoit écrit de Sicile touchant l ’erreur des Pela- I5'
giens : lui écrivit encore deux lettres en cette occa-
fiqn. N"ous:n ’ayons-pas la première, mais dans la fécondé
il parle ainfi : Voici ce que l ’on fondent à 9 H
Marieille, ôi en quelques autres endroits des Gaules.
Que c’eft une d o d n n e nouvelle & dangereufe , de
dire que quelques;uns font ch o ifis , en lorte-que la
volonté même de croire leureftdoniïée. Ilsconvien-
nent que tout homme a péri en Adam , qu’aucun ne
peut être délivré par fon libre arbitre, n’eft capable
de lui-même .de commencer ou achever aucune
bonne oeuvre : mais ils ne comptent pas pour une
oeuvre le defir de guérir. Et quand il cft dit : Crois