
§ 6 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fois. Euthymeîte, c’eft-à-dire en Grec : A ïe z bon cou,
rage , vous aurez un fils de ce n om , parce que toute
l ’églife reprendra courage dans le temps de fa naif-
fance. En effet, ils eurent un fils qui naquit au mois
d’A o û t fous le quatrième confulat de Gracien, c’eft-
a -d ire l’a n 3 7 7 . nommèrent Euthymius: & l’an,
née fui v an te , l'empereur Valens étant m o r t , la paix
sup.i.xvïi.»;57. fut rendue à le g life . Les parens d’Ethymius le
voüerent à Dieu dès fa naiffance ; & fon pere étant
m o r t, fa mere l'offrit à l'âge de*trois ans à S. Otrée
Sn p .i.n u .n . 18.. évêque de Melitine. Il le baptifa , lur coupa les chev
eu x , le fit lecfteur, le le v a auprès de lui dans lamai-
t - 9- fon épifcopale, comme s’il eût été fon fils : & o rdonna
la mere diaconëffe. Il fit inftruire l ’enfant par
deux jeunes hommes excellens/alors ledteurs, & depuis
évêques de Melitine l ’un après l ’autre , Acace &
Synodius. Euthymius étoit fort appliqué à l’étude des
faintes lettres , & à la célébration de l ’office divin :
s’exerçant à toutes les vertus. Après qu’il fu t bien
in ftru it, & qu’il eut paffé tous les degrez des fo n d io n s
ecclefiaftiques, S. Otrée l’ordonna prêtre de l ’églife
de M elitine, & lui donna la conduite des monafteres
voifins : parce que dès l’enfance il avoit témoigné
une inclination particulière pour la vie monaftique,
Depuis le jour de l’Epiphanie jufques à Pâque, il fe re-
tiroit fur une montagne deferte, où fu t depuis bâti
un monaftere nommé de l’A fc en fio n , & y paffoit le
carême en folitude.
A l ’âge de vin gt-neu f ans, c’eft-à-dire l’an 40 6 . fe
trouvant trop détourné par le foin des monafteres,il
quitta la ville de M e litin e , & s’enfuit â Jerufalem.
eup. 1. xvn,».î. Â ïan t adoré la croix & vifité les faints lie u x , il conféra
avec les folitaires du p a ïs , & fe retira à la laure
L i v r e v i n g t - q u a t r i e ’me. § 6 -j
de Pharan à fix milles de Jerufalem, c^eifa-dire dans*
une cellule hors de la laure. Il ne poffedoit r ien , &
gagnoit fa vie à faire de la natte. Il fit amitié particulière
avec Theoèfifte fon voiiin ; & ils fe retiroient
enfemble tous les ans dans le defert de Cutila , depuis
l’oébave de l’Epiphanie jufques au dimanche des
rameaux. Il y avoit déjà cinq ans qu’Euthymius étoit
à Pharan , quand allant à Cutila avec T h eo c tifte , à.
fon ordinaire, ils trouvèrent dans le defert un torrent
très-profond & très-difficile à paffer. Tourn an t de
tous co te z , ils virent au nord une grande caverne ,
où ils grimpèrent à peine. Mais quand ils y fu r e n t ,
ils crurent que D ieu leur avoit préparé ce lieu , & y
établirent leur demeure, vivant des herbes qu’ils ren-
controient.
Quelques pâtres du lieu nommé L a z a r io n , con- f
duifant des troupeaux de chevres, trouvèrent les deux
fo lita ire s, & s’enfuirent ; mais ils leur dirent : N ’aïez
point de peur , mes freres, nous fournies des hommes
comme v o u s , qui habitons ce lieu pour nos pe-
chez. Ces chévriers les firent connoître à d’autres t
& depuis ce temps-là les habitans de Lazarion les
a ffifto ient; & les moines de Pharan aïant appris où
ils é to ien t, les allèrent vifiter. Leurs deux premiers
difciples furent Marin & L u c , qui fondèrent enfuite
un monaftere, & inftruifirent l’abbé Théodore fa meux
en ce defert. Il vint donc un grand nombre
de difciples à Euthymius ; mais il laiffo itàT h eo è fifte
le foin de les inftruire pour vivre plus en retraire..
D ’abord ils ne vouloient point faire de monaftere
en ce lieu, mais feulement une laure comme à.Pharan.
Toutefois votant que la nuit on ne pouvoie
monter à la g ro tte ,d o n t ils faifoient leur églifc, tant