
6 H i s t o i r e E c c L E s iA s T iQ j o » .
le v î t au vifage,.& qu’il ne vît perfonne. L’abbé Marc;
• lui.dit un jour : Pourquoi nous fuyez-vous? Arfene:
lui répondit : Dieu fçait comme je vous aime; mais je
ne puis être avec Dieu & avec les hommes ; les troupes
celeftes n'ont qu’une volonté, les hommes en onc
plufieurs. Un des pere s vint fraper à fa porte : le faine,
vieillard o u v r i t , croyant que ce fût celui qui le fer-
voie; mais voyant que c’étoit un autre, il ieprof ter-
na fur levifage. I/aucre lui dit ; Levez v o u sm o n .
pere ,.afin que je vous cmbralfe. Je ne me leverat
point,, d i t - i l , que vous nevousffôyez retiré; & quelque
inftance que l’autre pût faire, il ne fe leva point:
L’a rche vêqueTheophi levi i i tunjour le voir avec un
magiftrat ,& lepr iade lui dire quelque chofe. Arfene
après avoir gardé un peu de hlence s lui dit : Et h je
vous dis quelque choie l'obferverez-vousiils le. promirent;
& il leur dit : où vous içaurez que fera Arfene
, n’en approchez pas. Une autre fois 1 archevêque-
le voulant entretenir, envoya i ça voir auparavant s il
ouvriroit fa porte. Il repondit : bi vous venez je vous,
ouvrirai; &. h je vous ouvre, j ’ouvrirai à tout le monde
; après quoi je ne demeurerai plus ici. L’aichevê-
quedi t : J’aime mieux n’y point aller que de le chaf-
fer. Quelques anciens l’ayant un jour preffé de leur
pa r le r , 8c de leur expliquer la raifon de cette,grandç
retraite, il leur dit : Tant qu’une fille eft dans la mai-
fon de fon pere , plufieurs la recherchent; quand ell$
eft mariée, on en parle diversement, 6c on n’en fait
plus tant de cas. Ainf i leschofés fpirituelles é tant publiées
ne peuveqi être utiles à tout le monde,
S. Arfene vécut ainfi jufques à quatre-vingt-quinze
ans. Car il avoit quarante ans quand il quitta la
cour, 8ç en palfa quarante dans le defert ae Scetis,
L i v K e v‘i n -g t .i e ’,m e . 7
-Sont il fortitquandil fut ravagé par les barbares, 8c
vêcut.encoce quinze ans.Il etoitde.belle taille, mais
un peu courbé dans fa vieilleffe . il.av.oit .bonne mine,
les cheveux tou.s blancs,lahathe,jufques à la ceinture;
m a i s fes larmes ,lui avoient fa i t tomber le .poil des
y.eux.il ne vouloir jamais patlcrd aucune queftion de
,l\écritur,equoiqu’il eût bien pu le faire ; 8c n ecrivoit
¡pas volontiers desiettres. Il difoit un jour : Toute no-
•tre-fcience dumonde ne.nousfert de!rien,& cesEgyp-
,tiens ruftiques ont acquis les vertus.par leur travail.
Commei lconful toi t un vieil Egyptien fur fes propres
pentées, un.autre lui dit : pere A r fene , vous qui etes
fi bien inftruit de tóutes les fciences des Romains 8c
des Grecs, comment confultez - vous cet homme
.greffier f II répondit : Je fçai les fciences des Grecs 8c
des Romains;mais je n ai pas encorcapris 1 alphabeth
de ce vieillard.
On connoît la perfeéHon des moines Egyptiens
.par les relations de Jean Cafïien, qui les vif itoit dans
c e même tems. il était Scythe de nation, ne^de pareils
riches 8c pieux : il fut inftruit a la piete des fa
première jeuneffe dans un monaftere de Paleftine
près de Bethléem , différent de celui deS. Jérôme,
&c apparemment plus ancien. Caffien y embraffa la
vie monaftique,&y contraéfaune amitié particulière
avec un moine nommé Germain : ils conçurent en-
femble le défir de vifiter lesfolitaires d’Egy pte, pour
s’ inftruire de la perfection de ;leur:etat. Labbe & les
moines de leur communauté y confentirent , a condition
qu’ ils reviendroient au monaftere.S étant embarquez,
ils arrivèrent en Eg yp te aune ville nommée
Termefe, dont le territoire étoit tout inondé de
marais, falez : en forte que les habitans ne fubfiftoiene
». j.
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Caifien en
Egypte. Chere-
mon, Nefterosy
Jofeph.
G enriad- C. 50.
Cafi. Coll.™IV.
c. 1.
Vr&f. ad lnjl•
Coll. c. 1 •
Coll'xi-c.i.e. î*