
y o i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j ï J
livre perfonne que par une mifericorde g ra tuite , & ne
condamne perfonne que par une très- véritable jufti-
ce. Mais pourquoi il délivre ou ne délivre pas celui-
c i , plûtôt que celui-là : le cherche qui pourra penetrer
la profondeur de fes jugemens ; mais qu’il fe garde du
n. 14. précipice. Il montre en fuite, qu’encoroque ceux qui
pechentavec connoilfance, forent lesplus coupables,
les autres ne peuvent s’excufer fur leur ignorance.
#.17- T o u t pecheur, d it-il, eft inexcufable, foit par le péché
de fon orig in e , foit parce qu’il y a ajouté par fa
propre volonté : foit qu’il fça ch e , foit qu’il ignore.
Parce que l’ignorance même eft fans doute un péché ,
en ceux qui n’ont pas voulu entendre ; & en ceux qui
n’ont p û , c’eft la peine du péché. Et enfuiterLa grâce
ne trouve rien de jufte en celui qu’elle délivre r
ni vo lon té , ni oe uvre, pas même une excufe : car ii
l ’excufe eft jufte , celui qui l ’a eft délivré par fon mérité
, & non par grâce.
*. 31. Mais tout le raifonnement humain de ceu x qui craignent
d’attribuer à Dieu acception de perfonnes, fe
perd dans les enfans. Car puifqu’on accorde qu’aucun
enfant n’entre dans le roïaume des cieux , fans
renaître de l ’eau & du S. Efprit : quelle raifon rend-
on de ce que l’un meurt baptifé, & l’autre fans bap-
»•s1' tême ? quels mérités ont précédé ? Il n’y en a point
dans les en fan s , ils font tirez de la même maiTe : ce
ne font pas les mérités des parens : fuppofé , comme
il peut a rr iver, que ceux dont les enfans meurent
fans baptême foient Chrétiens & que des enfans de
méchans ou d’infidelles, étant exp o fe z , foient con-
. fervez & baptifez par des Chrétiens. Il apporte après
faint Paul l ’exemple d’Efaii & de Jacob. Et ajoute r'
»■3 Î Quand on les preife de la fo r te , il eft étrange en
L I VR E. V I H .G.T-T R O I'S I E'm E. 503
quels précipices ils fe jettent. D ieu , difent-ils , haïf-
foit l’un & aimoit l’autre ¿parce qu’il prévoïoit les oeuvres
qu’ils de'voient faire. Qui n’admirera que l’A p ô tre
n’ait pas trouvé cette fubtilité ? Car il ne s’eft point-'
avifé de cette réponfe, qui leur paroît il courte & fi
décifive. Il dit feulement 1 Dieu nous, garde de pen-
fer, qu’il foit capable d’injufticé ! C a r ila d itàM o ïfe ,
Je ferai mifericorde à qui je la ferai : cela ne vient
donc ni de la v o lo n té , ni de la courfe de l’homme ,
mais de la mifericorde de Dieu. Où font maintenant
les mérités ou bien les oeuvres palTées ou futures, faites
ou à faire par les forces du libre arbitre ? L ’Apôtre n’a-
t’il pas prononcé une décifion claire, en faveur de la
grâce gratuite , c’eft-à-dire , de • D O 3 3 la vraïe Ogrâce ? Et
quand même on diroit que Dieu à prévenu les oeuvres
d’Efaü & de Jacob qui ont vécu lon g temps :
dira-t’on qu’il a prévû les oeuvres futures de ceux qui
doivent mourir dans l’enfance ? comment peut on
appeller futures ces oeuvres qui ne feront point. Il
confond les Pelagiens fur cette objection, & la trouve
fi abfurde, qu’il craint qu'on ne croie pas qu’ils l’aïent
propofée. Il répond encore à une chicane des Pelagiens
, fur ce que l’on répond pour les enfans qu’ils
croient la remiflion des p e ch e z :O ü i, difoient-ils, ils
croient que les pechez font remis dans le g life , non
pas à ceux qui n’en ont point, mais à ceux qui en ont.
Pourquoi don c , dit S. A u g u ftin , les exorcife-t’on &
fouffle-t’on fur eux ? c’eft une illufion , s’ils ne font
pas en la puilfance du démon. Il finit cette grande
lettre à Sixte , en le priant de lui faire part de ce que
les heretiques pourront inventer de nouveau contre
la fo i C atholique , & de ce que lui & les autres docteurs
Catholiques leur oppoferont.