
XXXXIII.
Viedomeftique
S. Auguilin-i
c. 19.
$90 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
de la voir guérie comme lui, qu’il fembioic que les cris
ne duiTenc jamais finir ; & ils étoient fi perçans, qu’à
peine les oreilles pouvoient les fupporter. Saint A u -
guftm aïant enfin obtenu un peu de fîlence , conclut
fon fermon en deux m o ts , par des àéhons de grâ ce s ,
& le lendemain mercredi il acheva l’hiftoire du miracle
arrivé à Uzale. Nous avons tous les fermons que
S. Auguftin fit en cette occafion ; même celui qui fut
interrompu par le miracle. Environ un an aprèsache-
vant fon grand ouvrage de la cité de Dieu , il y écriv
it cette hiftoire de la gùérifon de Paul 8c de Palladia.
I l y raconte plufieurs autres miracles arrivez à H ip -
pone pendant deux ans, & dit qu’il y en avoit déjà
près de foixante 8c dix libelles, quoiqu’il y en eût plu-
fieurs dont on n’en avoit pas donné.
Saint Auguftin étoit fort occupé d’arbitrages en?
tre les Chrétiens 8c les autres perfonnes de toutes religions
, qui lui remettoient leurs differens. Mais il ai-
moit mieux juger des inconnus que fes amis : difant :
que des inconnus il pouvoir acquérir un am i, & que
des amis il en perdoit un. Il s’y occupoit quelquefois
jufques à l’heure du repa s, quelquefois toute la jo u r née
fans manger : prenant cette occafion pour connoî-
tre les difpofitions des parties, 8c leur infpirer les bonnes
moeurs & la pieté. Il donnoit quelquefois des leri
très de recommandation pour des affaires temporelles
-, mais il regardoit cet office comme une courv ée,
& le refufoit quelquefois à fes meilleurs amis, pour
ménager fa réputation, 8c nefe pas rendre dépendant
des puiflances. Quand il recommandoit, c’étoit avec
tant de modeftie 8c de circonfpeétion, que loin d’être
à charge aux grands ', il s’en faifoit admirer. Car il
ne les preffoit pas comme les autres, pour obtenir ce
L i v r e v i n g t - q j j a t r i e ’me. y?i
qu’il demandoit à quelque prix que ce fût ; mais il
emploïoit des raifons aufquelles on ne pouvoir réfuter.
Il approuvoit ces maximes qu’il avoir apprifesde M^ed.epi/i.i^.
faint Ambroife : de ne faire jamais la demande d’aucun
mariage , 8c ne recommander perfonne pour une
charge, de peur d’en avoir des reproches ; 8c dans fon
pais n’aller jamais manger chez perfonne, quoiqu’il
en fût prié, pour ne pas execeder les bornes de la tempérance.
Mais il approuvoit que l’évêque intervînt
aux mariages , quand les parties étoient d’accord ,
pour autorifer leurs co n v en tion s , ou leur donner fa
benediéfion.
Ses meubles fes habits étoient m od e fte s , fans
_ . / « H PS • Serm. 11- al.
affeébation de propreté , ni de pauvreté. IL portoit de diverf.
comme les autres du linge pardeifous, 8c de la laine £-r‘
pardeffus ; il étoit chauffé , 8c exhortoit ceux qui al-
loient nuds p ieds, pour mieux pratiquer l ’évangile ,
a ne pas en tirer vanité. Gardons la charitg, d ifo it - il, serm. toi. «î.j*:
j’aime votre courage , fouffrez ma foiblefTe. Sa table '
étoit fru ga le , on n’y fervoit ordinairement que des
herbes 8c des légumes : on y ajoutoit quelquefois de
la chair pourleshôtes ou les infirmes ; mais il y avoit
toujours du vin. Hors les cuillères, qui étoient d’arg
en t , toute la vaifielle étoit de terre, de bois ou de
marbre , non par neceffité ; mais par amour pour la
pauvreté. Sur fa table étoient écrits deux vers, pour
défendre demédire des abfens :ce qui marque qu’elle
étoit fans riape, fuivant l’ufagede l’antiquité. Q ue lques
évêques des fes amis n’obfervant pas cette regle
il les reprit avec chaleur ; 8c leur dit qu’il falloir effa- -
cer ces vers de la ta'ble, ou qu il fe leveroit au milieu
du repas pour fe retirera fa chambre. On faifoit aufli
la leôfcure à fa table. Ses clercs vivoient toujours avec c.