
i4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
il gagna cette fomme, acquitta la dette, & mit fa mere
en repos.--
ceiuvirir.i. Dans cette folitude de Diolcos , Caifien & Germain
virent l’abbé Piammon, le plus ancien de tous
les anacoreres 8c leur prêtre. Il avoit le don des miracles,
& en fit plufieurs en leur prefence. Il les reçue
avec beaucoup d’humanité; 8c leur ayant demandé le
fujet de leur v o y a g e , il leur parla des trois genres de
moines qui fe trouvoient en Egypte : les Cent bues
4* viv ant en communauté : les Anacoretes, qui apiès
s’être formez dans la communauté, palToienr à une
folitude plus parfaite: lesSarabaïtes, quiétoient des
vagabons 8c de faux moin es. il rapporte aux tems des
apôtres l’inftitution des Cenobites , comme un refte
e-s- de la vie commune des fideles de Jerulalem; 8c dit
qu’ils ont produit les Anacoretes, dont il compte
pour les premiers S. Paul 8c S. Antoine. Quant aux
Sarabaïtes, le libertinage 8c l’avarice les faifoient vi-
(>> v r e fan s r e g le -, & ils s’étoient fort multipliez. Les Ce nobites
Scies Anacoretes étoient à peu près en nombre
égal dans l’Egy pte;dans les autres pais il y avoit beaucoup
plus de Sarabaïtes. C e que j ’ai reconnu , difoit
Piammon , du tems de la perfeeution, que Lucius
suf.Uv.xrt: ». éyêque des Ariens excita fous l’empire de Valensîlorf-
qne je portois des aumônes à nos freres reléguez dans
lès mines de Pont d’Arménie. Il y avoit une quatrième
efpece de moines : fçavoir des Ermites libertins,
qui fe retiroient de l’obéïfTance pour v iv re feuls fous
le nom d’Anacoretes.
Qjelques jours après,Caifien 8c Germain allèrent
c«//.xixf. i. au monaftere de l’abbé Paul , habité de plus de deux
cens moines : mais alors il s'y en étoic aifemblé une
fnultitudç infinie des autre? monaf teres, pour cele-
L i v r e v i v c t i e ' m i ; h
|>ter l’anniverfaire du precedent abbé. Comme ils
étoient dans une grande cour rangez douze à douze
pour prendre leur repas, un jeune frere tarda un peu
trop à apporter u n plat. L’abbé Paul lui donna un fou-
flet qui s’entendit de fort loin : mais le jeune homme
ne murmura p o in t , ne changea pas de couleur, ne
perdit rien defamodeft ie; 8c tous les affiftans en furent
extrêmement édifiez.Le plus ancien de ce mona-
f tere, étoit le vénérable Jean, diftingué par fon humi
l i té , qui lui avoit fait quitter la v ie danacore te ,
pour rentrer dans la communaut é.ll entretint les deux
amis de la différence de ces deux états, des avantages
ôc des périls de l’un 8c de l’autre; il mettoit la fou-
veraine perfeétion à en joindre les vertus; commej ai
v u dit i l , en l’abbé M o ï fe , enPaphnuce ôc les deux
Macaires. ils étoient infatiablesdu repos de la folitude,
8c de leur part ne defiroient aucune focieté humaine
: toutefois quand on les alloit vifiter,ils fouffroient
la multitude 8c les foibleiTes de leurs freres avec une
patience inébranlable : comme s ils n euffent fait que
les fervir toute leur vie.
Caifien 8c Germain virent enfuite l’abbé Theonas,
fie apprirent l’oecafion de fa converfion. Ses parens
l ’avoient marié très-jeune, pour éviter la débauche.
Après qu’il eut vécu cinq ans avec fa femme , un jour
i l alla,félon la coutume,avec les autres habitans, por-
“ ter au monaftere voifin les dixnies ou les prémices
de fes fruits. Ils furent reçus par un vieillard nommé
Jean, que l’on avoit choifi pour cette fonéficn ,
à caufe de fon mérité;. 8c qui pour récompenfe de
leur charité, leur fit une inftrutfion fur le devoir de
donner à Dieu les dïxmes 8c les prémices , afin qu elles
faffent employées aux befoins des pauvres | 8ê
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c. 5.4. é'S'0
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