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point pecher , a cc pouvoir de Dieu. Quelques-uns
murmurèrent de cette réponfe, Si dirent que Pelade
difoit que l ’on pouvoir être, parfait fans la çrrace de
Dieu. Mais l’évêque Jean les reprit, Si dit : L’apôtre
même témoigne qu’il travaille beaucoup, non félon
la force, mais félon la grâce de Dieu, Comme les af-
fiftans murmuroient encore, Pelage dit : Je le croi
auffi : anathême à qui dit que fans le fecours de Dieu,
Orof.apoicg. l ’homme peut avancer dans toutes les vertus. L’évêque
Jean dit : S’il difoit que l’homme eût ce pouvoir
fans le fecours de Dieu, il feroit condamnable. Vous
autres que dites-vous ? niez-vous le fecours de Dieu ;
Orofe répondit : Anathême à celui qui le nie. Qrofe
parloit Latin & l’évêque Jean parlojt Grec,ils ne s’en-
tendoient que par interprête ; & celui quienfaifoitla
fonc tion étoit un homme inconnu a Oro fe , qui s’en
açquittoit très-mal .; Si des pçrfonnes prefentes à la
conférence l’en avoient fouvent convaincu. Orofe
31'ant donc un fi mauvais interprète Si un juge fi peu
favorable , s’écria : L’heretique eft Lat in, nous fom-
mes Latins ; il faut referver à des juges Latins cette
herefie,qui eft plus connue chez les Latins. L’évêque
Jean veut s’ingérer à juger fans accufateur, étant lui-
même fufpeét. On parla encore long-temps j Si enfin
l ’évêque Jean prononça conformément à la demande
d’Orofe , qu’il falloir envoïer des députez & des lettres
a Roméau pape Innocent,& que tous fuivroient
ce qu’il aurait décidé. Cependant il inppofa filençeà
Pelage &c à fes adverfaires, défendant de hii infulter
comme convaincu. Tous s’accordèrent à cet ayis ; ils
celebrerenti’aétion de grâce j fe donnèrent la paix ; &
pour la conf irmer, prièrent enfemble avant que de
fé féparer.
Quarante-
L T v r e v i n g t - t r o i s i e ’m e . 41 7
Quarante-fept jours après, Orofe étant venu à la
dédicace de l ’églife de Jerufalem , qui fe celebroit le
treizième de Septembre : le premier jour de la f ê t e ,
î’évêque Jean qu’il accompagnoit par honneur félon
fa coutume, lui dit : Pourquoi venez-vous avec moi,
vous qui avez blafphêmé? Orofe répondit : Q u ’ai-je
dit qu’on puiiTe appeller blafphêmé ? L’évêque répondit
: Je vous ai oüi dire , que tnême avec le fecours
de Dieu , l’homme ne peut être fans péché. Orofe prit
tous les affiftans à témoins, que jamais un tel difeours
n’étoit forti de fa bouche, & ajouta : Comment l’é-
vêque qui eft Gr e c , Si n’entend point le Lat in, a-t-il
pû m’entendre , moi qui ne parle que Lat in, & que
ne m’a-t-il fur le champ averti paternellement ? Oro fe
crut devoir embraffer cette occafion , que lui o f frait
la providence , pour réprimer l’infolence des
heretiques, qui abuioient de la patience avec laquelle
l’églife les toleroit ; & non contens de femer leurs erreurs
à Jerufalem, provoquoient les Catholiques au
combat, les acculant de lâcheté. Il écrivit donc une
apologie contre la calomnie de Jean de Jerufalem ;
& au lieu que faint Jérôme & faint Auguftin s’étoient
contentez de combattre les erreurs, fans nommer les
heretiques , ‘ Orofe nomme Pelage Si Celeftius , &
les attaque à découvert. Il finit par cette protefta-
tion : Je prends Jefus-Chrift à témoin, que je hai
l’herefie Si non l’heretique : je l’évite à caufe de
l’herefie ; qui la dételle Si la condamne , Si nous le
tiendrons-tous pour notre frere. Ainfi la résolution
prife à la conférence de Jerufalem, demeura inutile
, par l ’aecufation de l’évêque Jean Si l’apologie
d’Orofe.
Au mbi4 de Décembre de la même année 415. il
Tome V . G g g
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S u f , l. x i . n. j ; *