
4i o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Pame : fi toutes font tirées de Panae du premier homme
: s'il s’en fait journellement de nouvelles pour
chaque homme : fi étant déjà quelque part, Dieu les
*. ». envoie dans les corps, ou fi elles y viennent d’elles-
mêmes. Votre opinion eft la fécondé , que Dieu
fait des ames pour chaque homme qui naît ., comme
il paroît par votre lettre à Marcellin. Je voudrois que
ce futauffi la mienne, mais j’y trouve de grandes
difficultez.
71. ÎOs ». 16. 17* Il explique enfuite ces difficultez qui viennent du
péché originel & des peines que les enfans fouffrcnt,
non feulemenr en cette vie , mais principalement en
l ’autre, s’ils meurent fans baptême : & qui ne fem-
blent pasjuf tes, fi ce font des ames toutes neuves,
créées exprès pour chaque corps. On n’avoit aucun
péché en cet âge g & Dieu ne peut condamner une
ame où il ne voit aucun péché. C a r , dit- il, que ces
ames foient condamnées,fi elles fortent ainfi du corps,
la fainte écriture & la fainte églife le témoignent. Je
».rj. veux donc que cette opinion de la création des nouvelles
amesfoit auffi lamienne,fi elle n’eft pointeon-
traire à cet article inébranlable d'è notre foi : fi elle y
eft contraire, qu’elle ne foit pas non plus la vôtre,
».ad C eu x - là , dit-il enfuite, croient fe mieux tirer de cette
difficulté, qui difent que les ames font engagées dans
chaque corps, félon qu’elles ont mérité dans une vie
précédente. Mais que les ames aient péché dans une
autre vie , d’où elles foient précipitées dans des priions
de chair, je n’en croi rien, & je ne le puis fouf-
frir. Et enfuite : Au refte quoique je defire, & que
je demande ardemment à Dieu de me tirer de cette
ignorance par votre moïen : toutefois fi je ne puis
l ’obtenir, je lui demanderai la patience tpuifque nous
L i v r e v i n g t - t r o i s i e ’m e . 411
croïons en l u i , à la charge de ne jamais murmurer
contre lui, s’il ne nous éclaire pas fur certaines chofes.
J’en ignore beaucoup d’autres, & tant que je ne les
puis nombrer : & je prendrois en gré mon ignorance
fur ce p o in t , fi je ne craignois que certains efprits
inconfiderez fe biffant aller à quelqu’une de ces
opinions , ne s ecartaffent de la folidité de la foi.
C ’eft ainfi que S. Auguftin parloit a 1 âge de foixante
ans, étant reconnu pour un des plus grands doéteurs
de l’églife. .
Dans le fécond livre , il confulte S. Jerome lut la -
queftion de l’égalité des pechez , & de la connexité
des vertus. Il déclare d’abord qu’il effime « t t e queftion
plus importante que 1 autre ; parce qu il ne s agit
pas de l’état d’une vie precedente, mais de la maniéré
dont nous devons agir en celle-ci. Il ne fe contente
pas d’y propofer des doutes comme dans 1 autre , il
réiout la queftion , foumettant toutefois fa decifion
au jugement de S. Jerôme. Les Stoïciens difoient que
toutes les fautes étoienr égales, ôc que celui qui n e-
toit pas arrivé à la perfeétion de la fageffe, n en avoit
point du tout : comme celui qui eft fous leau ne peut
refpirer, qu’il n’en forte tout-a-fait.
Les Pelagiens embraffoient ce dogme , & lem-
bloient être favorifez par l’apôtre faint Jacques : qui
traite comme un grand péché, de faire affeoir le pauvre
plus bas que le riche -, & dit, que celui qui obter*-
ve toute la loi & manque à unfeul article,eft coupable
de tous. S. A u g u f t i n remarque que félon tous les
philofophes,toutes les vertus font tellement liees en-
femble , qu’on ne peut en avoir une véritable, (ans
les avoir toutes, mais qu’il n’en eft pas de meme des
vices : parce qu’il y a en d’entierement opjxnez, I
•. 167. ai. zS.
i t .Ja c . %i.
11.10.
Ep, 167. ». 4.