
4 1 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
concile dit : Vous avez entendu confequemment, 5c
dans le fens de l’églife le don des grâces , dont parle
l’Apôtre.
On objeéla ces articles du livre de Celeilius : Que
l ’on ne peut appeller enfans de Dieu , finon ceux qui
font abfolument fans péché. D ’où s’enfuivoit que S.
Philip-ni. iz- Paul même ne l’étoit p a s , puifqu’il dit qu’il n’eft pas;
■ encore parfait. Que l’oubli ,5c l’ignorance ne- font
point fufceptibles de péché , par ce qu’ils ne font pas
volontaires, mais neceiTaires. Q u ’il n’y a point de
libre arbitre , s’il a befoin du fecours de Dieu : parce
qu’il dépend de la volonté de chacun de faire ou de ne
pas faire. Que notre viétoire ne vient pas du fecours
de Dieu , mais du libre arbitre. Ce que Celeilius ex-
primoit ainfi : C ’eft notre viétoijre , parce que nous
avons pris les armes par notre propre volonté : comme
au contraire , c’eft par notre faute que nous fom-
mes yaincus , quand nous avons rrréprifé volontairement
de nous armer. Il apportoit ces paroles de faint
Pierre : Nous participons à la nature divine : d’où il
conc luo i t , que fi l’ame ne peut être fans péché, Dieu
eft aulli fujet au péché : puifque l ’ame qui en eft une
partie y eft fujette. Celeilius difoit encore : que le pardon
n’eft pas accordé aux penitens, fuivant la grâce
5c la mifericorde de Dieu , mais félon les mérités ôc
le travail de ceux qui par la penitence fe rendent dignes
de mifericorde.
T o u t cela ai'ant été lû , le concile dit : Que dit a
ces articles le moine Pelage ici prefent ? Car le faint
concile & la fainte églife catholique rejette cette
doétrine. Pelage répondit : Je le dis encore , ces pro-
poiîtions félon le propre témoignage de mes adver-
faires, ne font pas de moi , & je n’en dois point repondre.
'. Pet. t. 4;
L i v r e v i n g t - t r o i s ' i e ’m e 7 415
pondre ce que j’ai avoüé être de m o i , je foutiens
qu’il eft bon : ce que j’ai dit n’être pas de m o i , je le
rejette, fuivant le jugement de la fainte églife, en di-
fant anathême àquiconque contredit à la doétrine de
la fainte églife catholique. Car je croi en la Trinité
d’une feule fubftance, 5c tout le refte,félon la doétrine
de l’églife : Si quelqu’un croit autre cho fe , qu’il
foit anathême. Le concile dit : Puifque nous fommes
fatisfaits des déclarations du moine Pelage ici prefent
, qui convient de la fainte doétrine, 5c condamne
ce qui eft contraire à la foi de l ’églife : nous déclarons
qu’il eft dans Ja communion ecclefiaftique & catholique.
Telle fut la conclufion du concile deDiof -
polis. Pelage y fut abfous, parce qu’il parut catholique,
mais fa doétrine y fut condamnée : 5c il fut obligé
de la condamner lui-même. Il eft vrai qu’il ne le
fit que de bouche : car il ne changea point'de fenti -
mens, 5c trompa les évêques.
Jean de Jerufalem étoit à ce concile quand il reçut
la nouvelle de la découverte des reliques de faint
Etienne. A vingt milles de Jerufalem étoit un bourg
nommé Capharmagala , c’eft-à-dire le bourg de Ga-
maliel. Il étoit gouverné par un prêtre nommé Lucien
, faint homme 5c ferviteur de Dieu. Le vendredi
troifiéme des nones de Décembre, fous le dixième
confulat d’Honorius 5c le fixiéme de Theodofe ,
a la troifiéme heure de la nui t , c’eft-à-dire le troifiéme
de Décembre 41 f. à nçufheures du foir , Lucien
dormoit dans fon lit au baptiftere où il couchoit
ordinairement, pour garder les vafes facrez de l’églife,
Eta nt a demi éveillé , il vit un grand vieillard
de bonne mine avec une grande barbe blanche ,
•A ' V 4’ ' ' '
Vetu d’un manteau b|anc, bordé de petites plaques
J'orne Pt h h
A n . 41; .
*.20.
xxir.
Révélation du
prêtre Lucien, v
Marcel, ih r . an»
415. ». 1.
Epi fi. L t ic .n . 8.
Chryfipp. apad
E h o tpC.lj.n .\ .