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Quelques ârtnées après le donateur envoïa fon
fils à S. A u g u ft in , avec une le ttre , par laquelle il le
prioit de lui rendre le contrat de donation , & cn-
v o ïo it cent fous d’or pour les pauvres,c’eft-à-dirc environ
huit cens livres. S. Auguftin rendit le contrat
ôc refufa l’a rg en t, & écrivit au donateur pour le reprendre
fortement de fa diffimulation, ou de fon in-
juftice ,l’exhortant à faire penitence. Quand l’argent
de l’églife m an q u o it, faint Auguftin déclaroit à fon
peuple le befoin des pauvres ; 8c quelquefois pour y
fubvenir , ou pour racheter les cap tifs , il faifoit bri-
fer ôc fondre les vafes facrez. Quelquefois il avertit-
foit le peuple, que l’on n’avoit pas affez de foin du
tréfor do-l’é g life , d’o ù fe tiroit 1 entretien de l’autel.
lifid.c. ij. V o ïan t que les biens immeubles de l’églife excitoient
de la jaloufie contre le clergé , il déclara au peuple ,
qu’il aimoit mieux viv re de leurs contributions vo lontaires
que d’avoir deifein de gouverner ces biens
ôc qu’il étoit prêt de les abandonner, afin que lui ôc
les autres ferviteurs de Dieu vêcuffent de l’aute l, en
fervant l’autel, comme fous l’ancien teftament: mais
les laïques ne Voulurent jamais accepter ces offres.
U n prêtre nommé Janviepentra dans la eommu-
Ptemierfermon nauté de S. A u g u ft in , prétendant avoir diftribué
iietomim- fon bien en bonnes oeuvres : mais en effet il
a voit gardé de l ’a rg en t, qu’il difoit appartenir à fa
fille rca rïl avoit un fils 8c une fille encore jeunes,qui
étoient l’un ôc l’autre dans des monafteres. Il difoit
donc qu’il gardoit cet argent à fa fille , afin qu’elle
en difpofât quand elle feroit en âge. Cependant fe
voïant près de la m o r t , il fit un teftamen t, par lequel
il difpofa de cet a rg en t, aiîuranc avec ferment
qu’il étoit à lui : il déshérita fon fils ôc fa fille ,& in fti-
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tua l ’églife fon heritiere. S. Auguftin fut fort affligé
de,la diffimulation de ce prêtre 8c du.fcandalequi
en pouvoit naître contre fa communauté : c eft pourquoi
il pria un jour fon peuple de venir en grand
nombre à l’églife le lendemain; Ôc c;e jour étant v e - s « ™ . | | î . . ,
nu il commença à leur raconter comment il étoit ¡¡*¡.1™. 1«.».
venu à H ip p on e , comment il avoit ete fart jaretre ôc
évêque malgré lui, ôc comment il avoit formé un mo-
naftere de clercs,dans la maifon épifcopale , pour y
pouvoir exercer l’hofpitalite avec plus de bïenfeance
que dans un fimple monaftere. V o i c i , d i t - i l , Comme
nous-vivons. Il n’eft permis a, perfonne dans notre
focieté d’avoir rien en propre ; fi quelqu un en a,
i l fait ce qui n’eft pas permis. J’ai bonne opinion de
mes freres, ôc ne veux pas. m eme m informer s ils font
autrement. Enfuite il raconte 1 affaire du pretre Janvier,
Ôc déclare qu’il ne veut point que l’églife accepte
fa fucceffion , parce qu’il défaproüve,fa conduite ,
d’autant plus qu’il laiffe un procès a fes en fans, dont
chacun prétendra l’argent qu il a laiffe. ; maïs j efperc,
dit S. Auguftin,accommoder ce différend avdc quelques
uns des principaux d’entre vous.
Enfuite il juftifie fa conduite fur le refus de cette c. j,
fucceffion. Il eft difficile, d it - il, de contenter tout le
monde : les uns me blâmeront, fi je reçois les fuccef-
fions de c e u x qui déshéritent leurs enfans par paffiqn;
les autres m e blâmeront fi je ne les jeçoispas, V o ila ,
difent-ils, pourquoi perfonne ne donne’ rien a l eglife
d ’Hippone. Je déclare que je reçois les offrandes ,
pourvu qu’elles foient bonnes ôc faintes. Que fi quelqu’un
fâché contre fon fils le déshérite ; ne devrois- je
pas le réconcilier avec lu i s’il vivoit encore ? Mais s il
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