
A n. 411.
Aug. de geft.
eum Erner. n. 6,
Coll. î .c . 17.
Ibid. c. 18.
Aug. ef, 119,
314 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
me. Et ce ne fera pas une nouveauté ; car on en a ufé
ainfi dès le commencement à l’égard de ceux qui fe
fo.nt réunis en quittant le fchifme. Que fi le peuple
Chrét ien ne peut fouffrir de voirenfemble deux évêques
, contre l'ordinaire : retirons-nous les uns les au-
très. Il nous fuffic pour nous-mêmes d’être Chrétiens,
fideles 8c obéïffans; c’eft pour le peuple que l’on nous
ordonne évêques : ufons donc de notre épifcopat félon
qu’il eft utile pour la paix du peuple. Nous vous
écrivons cecy , afin que vous le faffiez connoître à
tout le monde.
Comme S. Auguf t in, 8c quelques-uns de fes confrères
s’entretenoient entre eux fur ce fujet : que l’on
doit être évêque ou ne l’être pas, félon qu’il eft utile
pour la paix de J. C. en confiderant tous leurs collègues
, ils n’en trouvoient pas beaucoup qu’ils crufïent
capables de faire à Dieu ce facrifice. Ils difoient: celui
ci le peut, celui-là ne le peut pas: celui-ci en
conv ien t , non pas celui-là. Mais quand on vint à publier
la chofe dans le concile, où ils étoient près de
trois cens évêques, cette propofition fut fi agréable
à tout le monde, & reçue avec tant de zele, que tous
fe trouvèrent prêts à quitter l’épifcopat pour réunir
l ’églife. il n’y en eût que deux à qui la propofition
déplut : un vieillard fort â g é , qui le dit même allez
librement: un autre qui le témoigna feulement par
l’air de fon vifage. Mais le vieillard accablé par les
reproches de tous les autres, changea d’avis, 8c l’autre
changea auflî de v ilage.
Marcellin rendit publiques la déclaration des Do-
natiftes, 8c la lettre des Catholiques, auffi-bien que
fes ordonnances, afin que tout lepeupleen pût juger,
& les Catholiques lui écrivirent encore une lettre
pour réponle à la déclaration des Donatiftes. Ils y A n. 411.
témoignent leur inquiétude, fur ce que les Dona tiftes
veulent tous aiufterà la conférence: fi c en’eft,
difent-ils, que ce foit pour nous furprendre agréablement
, 8c fe réunir tous à la fois. Car quant à ce qu’ils
difent, que c’eft pour montrer leur grand nombre, »•<'•
& convaincre de menfonge leurs adverfaires, fi les
nôtres ont dit quelquefois qu’ils qtoient peu, ils ont
pû le dire très-veritablement des lieux où nous fom--
mes beaucoup plus nombreux, 8c principalement
dans la province proconfulaire : quoique dans les autres
provinces d’Af r iqu e , excepté la Numidie confu-
laire, ils foient beaucoup moins que nous. Du moins
avons-nous raifon de dire qu’ils font en très-petit
nombre, par comparaifon à toutes les nations qui
I compofent la communion catholique. Que s’ils vou-
■ loicnt maintenant montrer leur grand nombre, ne
I l’auroient-ilspas fait avec plus d’ordre 8c de tranquil-
I lité par leurs foufcriptions ? Pourquoi donc vouloir
I tous aififter à la conférence? quel trouble n’apporte-
I ront-ils pas en parlant ? ou qu’y feront-ils fans par-
1 1er ? Quand on ne crieroit point , le feul murmure
I d’une telle multitude fuffira pour empêcher la con-
' ference. Craignant donc qu’ils n’ayent deifein de
caufer du tumulte, nous confentons qu’ils y affiftent
tous: mais à la charge que de notre part il n’y ait
que le nombre que vous avez jugé fuffifant : afin
que s’il arrive du tumulte, on ne puifîe l’imputer
qu’à ceux qüi auront amené une multitude inut ile,
pour une affaire qui ne fe peut traiter qu’entre peu
de perfonnes. Mais fi la multitude eft neceffairepour
la réunion, nous nous y trouverons tous quand ils
voudront.
S f iij