
11) o H s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ceux qui font paifez à nôtre communion; il y en a qui
ont écé forcez par leurs maîtres; faifons la même cho-
fe ; qu’ils nous entendent , ôc qu’ils choififfent ce qui
leur plaira. Si vous le r efufez , qui ne voit que vous ne
vous confiez pas en la vérité?
A Hippone faint Auguftin s’adreffa à l’évêque Do-
natifte Proculeien, qui répondit d’abord, qu’ils tien-
droient un conc i le, où ils verraient ce qu’ils auraient
à répondre. Enfuite ayant écé fommé une fécondé
fois fur fa promefte, il refufa de conférer à 1 amiab
le ; ôc tout cela paroiffoic par les aêtes publics. Alors
S. Auguftin é crivit une lettre aux laïques Donatiftes,
où il ramaffe en abrégé l’état de la queftion, 5c les
principaux faits quifervoient à la décider, ôc conclut
ainfi : Que vos évêques vous répondentifuf tout cela,
du moins à vous autres laïques, s'ils ne veulent pas
parler à nous; 5c penfez, fi vôtre falut vousf’touche,
ce que c’eft que de ne vouloir pas nous parler. Si les
loups font convenus entre-euxde ne point répondre
aux pafteurs, à quoi fongeoc les brebis d’approcher
des cavernes des loups? Enfin les evequesDonatiftes
firent par tout la même chofe , ôc étant fommez pat
les évêques Catholiques de conférer aimablement,
ils le refuferent toujours , fous pretexce de ne point
parler à des pecheurs. Les Circoncellions enragez
du grand nombre des Donatiftes , qucS. Auguftin ra-
menoit à l’églife, lui drefferent quelquefois des embûches,
lorfqu'il alloic à fon ordinaire vifiter ôc im-
ftruire les paroiffes Catholiques. Il arriva un jour
qu’ils le manquèrent , parce que fon guide s’égara, 5C
quitta fansy penfer le droit chemin, où les Donatiftes
l ’attendoient. Il rendit grâces à Dieu de cette erreur
i î falutaire.
C ’eft ici le temps d’un éclairciffement entre faint Difpute entre
Jerôme ôc S. Au gu f t in, qui eût pû altérer la charité •••'
entre les perfonnes moins vertueufes. Alypius étant Sup. /fü. x ix . n.
revenu dePaleft ine, 5c ayant parlé à S. Auguftin de +t-
S. Jerôme qu’il y avoit v e u , S. Auguftin lui écrivit
une lettre pleine d’amitié : où il le prioit au nom de Et-x*-al- *•
toutes les églifes d’Af r iqu e , de s’appliquer à traduire
les interprètes grecs de l’écriture, plûtôt que d’entreprendre
de traduire en latin le texte même fur l’he-
breu ne croyant pas mieux faire que ceux qui l’a-
voient déja traduiten grec, il l’exhorte à marquer feulement
les différences de l’hébreu 6c des feptante,comme
il avoit fait fur Job. Enfuite il témoigne ne pouvoir
approuver l’explication que dônnoit S. Jerome,
à l’endroit de l’épître aux Galates, où faint Paul dit G»i. n. *•
qu’il refifta en face à S. Pierre, parce qu’il étoit re- S”A »•
prehenfible: s’abftcnant de manger avec les Gentils
convertis', pour ne pas choquer les Juifs. S. Jerôme
difoit , que les deux apôtres n’en avoient ainfi ufé ,
que par un artifice charitable : que S.Pierre, quoiqu’il
fçût bien que les Gentils n’étoient point immondes ,
s’étoit feparé d’eux, pour ne pas éloigner les Juifs de
l ’évangile; 6c que S. Paul lui avoit refifté publiquement,
quoiqu'il fçût bien qu’il ne fe trompoit pas ;
non pour le corr iger, mais pour inftruire en fa per-
fonneles autres Juifs, 5c les defabufer de la neceifité
des obfcrvances légales. Saint Auguftin foûtient que
cette interprétation renverfe toute l’autorité de l’é-*
criturefainte. Car s’ileft permis, dit- il, d’y admettre
des menfonges officieux, ôc de dire que S. Paul
en cet endroit , ait parlé contre fa penfée , 5c traité
SaintPierrede reprehenfible, lorfqu’il ne l’éroit pas:
il n’y a point de paffage que l ’on ne puiffe éluder de