
X L V I .
Saint Maru tha s
en P erie.
Soer. v u . c, 8.
116 H i s t o i r e E c c l b s i a s t i q j î e .
mérité , -8c l’églife l’honore entre les faints martyrs
le quatrième Décembre.
Saint Chryfof tome continue dans la lettre à Olympiade
: Donnez une attention particulière à ce que je
vais dire. Les moines Marfes 8c Goths, chez qui l’évêque
Serapion fe cachoit toujours, m’ont dit que le
diacre Modoüaire eft venu , 8c a apporté la nouvelle
qu’Oulinas ce grand évêque , que j’ai ordonné il y a
quelque rems, 8c envoyé en Got thie, eft mort après
avoir fait de grandes chofes ; 8c il a apporté des lettres
du roi des Goths, qui prie qu’on leur envoyé
un éyêque. Ne voyant donc point de remede plus utile
au renverfement dont nous fommes menacez , que
le retardement : faites leur différer leur v o y a g e a cau-
ie d e lh y v e r ; auffi ne leur eft-il pas poflible d’aller
maintenant vers le Bofphore, ni dans cesquàrtiers-
là. Car il y a deux chofes qui me feroient beaucoup
de peine fi elles arrivoient : que l’évêque fût ordonné
par ceux qui ont fait tant de mal , Scabfolument que
l’on en fît un. Car vous fçavez vous - même qu’ils
n’ont point d’envie d’y en mettre un bon; 8c vous
en voïez les confequences. Faites donc tout votre
poflible pour l’empêcher; mais fans bruit. Que Mo doüaire,
s’il fe peut , s’échape fecretement j ufques-ici:
ce feroit un grand point , s’il ne fe p eu t , faifons ce
qui fe pourra.
Vo ic i quelle avoit été l ’occafion des converfions
que faint Maruthas fit en Perfe. Il y fut envoïé en am-
baflade , comme il arrivoit fou v ent , d’en envoïer de
part 8c d’autre. Le roi de Perfeaïant reconnu la piete
de Maruthas, lui rendoit beaucoup d’honneur,8cl’e-
coutoit comme un homme véritablement chéri de
Dieu. Les mages qui avoient grand pouvoir auprès
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L i v r e v i n g t - u n i e ’ m e . 1 1 7
du roi, en furent aiiarmez,8c craignirent qu’il ne convertît
le roi au chriftianifme : d’autant plus qu il 1 a-
voit délivré d’un mal de tête, qui l’avoit incommo dé
long-cemps, 8c dont ils n’avoient pû leguerir. Ils
firent donc cacher un homme fous terre , au lieu ou
étoit le feu perpétuel que les Perfes adoroient; 8c
quand le roi vint faire fa priere à l’ordinaire, ils firent
crier par cet homme, qu’il falloir/mettre le roi dehors
, parce qu’il avoit commis une impiété ; en t e nant
pour ami de Dieu le prêtre des chrétiens. Ifde-
gerd , c’étoit le nom du r o i , aïant oui ces paroles,
voulut renvoïer Maruthas , nonobftant le refpect
qu’il lui portoit: mais Maruthas s’ étant mis en priere,
apprit par révélation la fourberie des mages ; 8c dit au
roi : Seigneur, ne vous laiflez pas jouer ; mais quand
vous entendrez cette v o ix , faites fouiller fous terre,
6c vous trouverez l’artifice ; car ce n’eft pas le feu qui
parle. Le roi le c r u t , 8c revint au lieu ou etoit le
feu perpétuel, il entendit encore la meme voix ; 8c
aïant fait creufer la terre , il découvrit 1 homme qui
parloir. Il en fut en grande colere, 8c fit decimertous
les mages : puis il dit à Maruthas, de bâtir des eglifes
où il voudroit.
Depuis ce îems- là, le chriftianifme s etendit chez
les Perfes. Maruthas étant revenu a C. P. fut encore
envoïé en ambaflade peu de tems après ; 8c les uaages
recommencèrent à chercher les moïens demp e -
cher le roi de le recevoir. Ils répandirent par artifice
une mauvaife odeur, en un endroit par ou le roi avoir
accoutumé de pafler , 8c accuferent le chrétiens d en
être la caufe. Mais le r o i , à qui les mages etoient
déjafufpeébs; en rechercha foigneufement les auteurs,
& trouva encore que c’étoit des mages, il en fit punir
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