
4 <3p H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
à w pût naturellement-l’un & l'autre j & tournât
fa volonté ! l’un ou à l’autre. Il propofe l’exemple des
philofophés , enqui il reconnoît plufieurs vertus, &
ajoute : D ’où font venues, je vous prie, à des hommes
éloignez de Dieu,tant de choies agréables à Dieu j
d ’où leur font venus ces biens, finon du bien de la
nature ? Que iî deshommes ians Dieu montrent comment
Dieu les a faits : vo y e z ce que peuvent faire des
C h r é t ien s , dont la nature & la vie a été réparée en
mieux, & qui font même aidez du fecours de la grâce
divine.
Il s’étend fur la foi naturelle , qu’il prouve par les
effets de la bonne & de la mauvaife confidence 5 puis
il fait le dénombrement des faints qui ont vécu fous
ne. cette feule loi , depuis Abel jufquesà Jofeph & à Job:
qui a , d i t - i l , découvert les richeifes cachées de la na-
ture , & montré en lui ce que nous pouvons tous. Il
infifte fur la force du libre arbitre,afin que l’on n’attribué
le péché qu’à la volonté feule, Sa non à aucun
vice de la nature. Il dit que c’eft également par un
effet du libre arbitre qu’Âdam a été chaiTé du paradis
& Henoc enlevé du monde. Que rien ne caufe çn
îious la difficulté de bien faire, finon la longue habitude
des vices, qui nous ont in fed e z dès l ’enfanc
e , & paiTent commç en nature ; & c o n c lu t , en di-
f a n t , que s’il y eu des faints avant la l o i , Sa l’avene-
ment du Sauveur, nous devons croire que nous pouvons
être encore bien plus parfaits : nous qui fommes
fortifiez par la grâce de J .C . purifiez par fon fang ,
& excitez à la per fedion par fon exemple, Il vient
au détail de la conduite d’une vierge , & donne de
fort beaux préceptes ; mais en relevant l ’avantage de
la bonne vo lon té , il dit 3, Demetriade ces paroles
r e m a r q u a b l e ?
L i v r e v i n g t - t r o i s i e ’m e . 401
remarquables : Vous avez ici de quoi être juftement
preferée aux autres. Car la nobleffe & la richeife corporelle
viennent des vôtres & non de vous ; mais il
n’y ïq u e vous qui puifliez vous donner les richefles
fpirituelles. C ’eft donc en cela que vous êtes vraïe-
ment loiiable Sa digne d’être preferée aux autres, en
ce qui ne peut être que de vous Sa en vous. C ’eft en
ces paroles que Pelage découvre le plus clairement
fon erreur. Il s’élève enfuite contre ceux qui trouvent
difficiles quelques commandemens de Dieu : Per-^
fonne, dit-il, ne connoit mieux la mefure de nos forces,
que celui qui nous les a données. Il eft trop jufte
pour.avoir commandé quelque chofe d’impoffible ,
Sa trop bon pour condamner l’homme , à caufe des
maux qu’il n’a pû éviter. Il dit encore: Ceux qui par
«ne longue habitude de pecher, ont en quelque maniéré
étouffé le bien de la nature, peuvent être rétablis
par la penitence, Sa aïant changé de volonté ,
effacer une habitude par l’autre. Et encore fur un
pafïage de S. Jacques, il montre comment nous de-
vorïs refifter au démon ; fi nous fommes fournis à
Dieu ; Sa en faifant fa volonté , pour mériter même
fa graee, & refifter plus facilement à l ’efprit malin
par le fecours du faint Efprit. Pelage ne laiife pas de
recommander la priere en plufieurs endroits de cet
écrit.
Cependant fes erreurs fe répandoient en Afrique 5
ceux qui les foutenoient , prétendoient que c’étoit la
dodrine des églifes d’Orient, Sa menaçoienr ceux qui
ne vouloient pas la recevoir, d’être condamnez par le
jugement de ces églifes. C ’eft ce qui obligea S. Au-
guftin, fe trouvant à- Carchage, d’en faire un fermon,
par ordre de l’évêque Aurelius, dans la grande bafiii-
Tome V . Ee e
c. 16.
c . 17. in fi.
c. 15.
X IV .
Sermon de faint
Auguflin contre
les Pelagiens.
A u g . de gefi.
P e l.c . 1. n. 15.'