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G. II.
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*«■ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fur l’excellence de la perfection évangélique ail deffui
de l'obligation de la loi. Theonas touché de cette
exhortation, refolut de quitter ia femme, pourem-
braffer laviemonaft ique , Sc n’ayant pû lui perfua-
der d’en faire autant, il ne laifla pas d’txecuter fon
deffein , Sc la quitta malgré elle. Ce que Caffien ne
propofe pas comme un exemple à imiter; mais comme
une conduite extraordinaire que Dieu avoit au-
tor i fée, en donnant enfuite à Theonas le don des miracles.
Il avança tellement dans la vertu , qu’après
la mort d’Elie , iucceffeur de Jean, il fut élit d’un
commun confentement pour la même charge de
recevoir Si diftribuer les aumônes , que l’on nom-
moit en grec la diaconie , Si qu’ils eftimoienc très-
importante.
L ’abbé Theonas étant venu voir Caffien Sc Germain
dans leur cellule , 8c s’étant affis à terre avec
eux , comme c’étoit le tems pa fca l , ils lui demandèrent
: Pourquoi chez vous obferve-t-on fi exactement
de ne point fléchirdu tout les genoux dans l’o-
raifon pendant ces cinquante jo u r s , 8c de ne point
jeûner jufques à none? Car nous ne voyons point
qu’on le p ratiquefi regulierement dans les monafte-
res de Syrie. Theonas répondit;Le jeûne eft de foi une
chofe indifférente, qui par confequent peut être ob-
fe r v é e o u n o n , félon les occafions. Il eft de tradition
apoftolique dè celebrer en jo ïe , non feulement I
les quarante joursoû Jefus-Chrift parut après ia re-
furreétion , mais encore les dix jours que les difciples
pafferent en retraite jufques à la defeente du S. Efprit;
Si afin que ce relâchement ne nous faffe pas perdre le
fruit del’abftinence du carême , nous ne le faifons
confifter qu’à avancer un peu l’heure de nôtre repas i
c ’eft
L i v r e v i n g t i e ’m e . 17
c’cft-à dire, de le prendre à fexte au lieu de none ,
fans rien changer en la qualité ni en la quantité de
la nonrriture ; ainfi ils ne mangeoient toûjours que
douze onces de pain par jour. Germain demanda |
pourquoi le carême n’étoit que de lix femaines, ou de
fepe en quelque païs ? puifque ni l’un ni l’autre nombre
ne font quarante jours, en ôtant le famedi Sc le
dimanche où l’on ne jeûnoit point ; mais ieulement
trente fix jours. Thomas répondit : Ces trente - fix «
jours font la dixme de toute l’année , qui eft de trois
cens foixante-cinq jours; Sc ce qui fait la diver f i té, ,
c’eft que ceux qui ne jeûnent que fix femaines : jeû nent
le famedi. On n’a pas laiffé de nommer tout ce
tems carême ou quarantaine , peut-être à caufe des
quarante jours du jeûne de Moi fe , d’Elie Sc de J. C.
même. Les parfaits ne s’aftreignent pas à cette loi ,
8c ne renferment pas leur jeûne à des bornes fi étroites:
les anciens jeûnoient toute l’année ; 8c cette loi du
carême n’a été introduite qu’en faveur des foibles:
afin qu’ils donnaffent àDieu au moins la dixme de l’année.
On voit ici combien Ca f f ien, Sc ceux dont il
rapporte les difeours, étoient perfuadez de l'antiquité
8c de l’utilité du carême. L’abbé Theomas les entretint
enfuite des illufions noéburnes Sc de cette parole
de faint Paul: Je ne fais pas le bien que je v e u x , mais
je fais le mal que je ne veuxpas ; leur montrantque
les iaints même ne font pas exempts de péché, ni parfaits
en cette vie.
Caffien Sc Germain après avoir demeuré quelque
tems en Eg ypte , furent violemment tentez de retourner
en leur païs , auprès de leurs parens , qui
étant riches Sc pieux, ne les détourneroient point de
leurbon deffein, Sc leur fourniroient abondamment
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