
jSS H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
mois. Et votre fainteté { il adrcffoit la parole à faint
Auguftin ) apparut à ma loeür en la même figure que
nous vous yoïons : par où nous apprîmes que nous
devions venir en ce lieu-ci. C ar je vous ai vû Couvent
depuis dans d’autres villes fur notre chemin, tel
abfolument que je vous vois maintenant. Etant donc
avertis par un ordre de Dieu fi manifefte , nous femmes
venus en cette v ille il y a environ quinze jours.
V ou s avez vû mon affliéhon ôi vous la vo ïe z encore
en la perfonne de ma foeur. Je priois tous les
jours avec beaucoup dè larmes au lieu où font les reliques
de S. Etienne, C e matin comme je tenois la
baluftrade en p leu ran t, je fuis tombé tout d’un
coup : j’ai perdu con n oiifan c e , & je ne fçai où j’étois.
Peu après je me fuis levé g u é r i, comme ont vû ceux
qui étoient preiens.
xxxvn. S u r c e té c r it,S . Auguftin fit dreifer un libelle, pour
ndu.'fon de PaU Ie bre dans l’églife ; & le lundi dé Pâque après le fer-
serm. jn. mon , il le promit au peuple en drfant : On le préparera
aujourd’h u i , & on vous le lira demain. Le
mardi il fie monter le frere & la foeur fur les degrez
de -la chaire élevée d’où il prêchoit : afin que tout le
peuple les v ît enfemble, le frere fans aucun mouvement
difforme, la foeur tremblant de tous fes mem-
Serm. 3x2; bres , Ce qui excitoit a rendre grâces à Dieu pour
l ’un & à prier pour l ’autre. Ils demeurèrent ainfi debout
tandis qu’on lifoit le libelle écrit au nom de
Paul , & adreffé à S. A u g u ftin , contenant tout ce
serm.} 15. qu’il avoit raconté. Après cette leiture S. Auguftin
les fit re tire r , & commença à parler au peuple ; d’abord
fur le refpeèt que les enfans doivent à leurs parens
, & la modération que les parens doivent g arder
à leur égard., Enfurte il les excite à remercier
L i v r e v i n g t - q u a t r i e ’m e . 589
Dieu de ce que ce miracle a été fait chez eux. Il parle
de là mémoire de S. Etienne qui étoit à A n co n e , m ême
avant que fon corps fut découvert en Paleftine.
V o ic i , d it- il, ce que nous en avons appris. Tandis
qu’on laptdoitS. Etienne, une pierre qui 1 avoit frappé
au co u d e , rejaillit fur un homme fidelle qui étoit
prefent : il la prit & la garda. C ’étoit un voïageur^:
le hazard de la navigation le porta a Ancone ; il fçue
par révélation qu’il y devoit laiffer cette pierre. On y
erigea une mémoire de S. Etienne , 5elebruit couroit
qu’il y a voit un de fes bras. On comprit depuis que
le voïa^eur avoit été infpire d y laiffer cette pierre ,
parce qu’en Grec ¿încon fignifie le coude, Mais il ne
s’y fit de miracles qu’après que le corps de S. Etienne
fut découvert.
Saint A uguftin parla enfuite des miracles qui fe
faifoient à Uzale , & commençoit à raconter celui
de la femme dont l ’enfant fut reflufeite, pour recevo
ir le baptême ; mais il fut interrompu par ile peuple
qui commença a crier dans la mémoire de faint
Etienne : Grâces à D ieu , loüanges a J .C .& en criant sup.et.
ainfi continuellement, ils amenèrent la fille qui etoit
guérie. Car étant defeendue des degrez de la chaire ,
elle alla prier devant la mémoire de S.xEtienne , tan-
disque S. Auguftin prêchoit. Si tôt qu elle eut touche
la baluftrade, elle tomba comme fon frere, parut
dormir, & fe releva guérie. Ceux qui entendoient le
fennonfe retournèrent au bruit, coururent au devant;
& comme faint Auguftin demandoit ce que figni-
fioient ces cris dè joïe , on amena Palladia dans 1 e -
glife , on la conduifit jufques a 1 a b fid e , c eft-a-dire ,
au fànétuaire ; & on la remit au même lieu où elle
eut tant de joie ,
E e e e iij
avoit paru avec fon frere. Le peuple