
zç>s H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Après la mort de Stilicon, lesGoths qui fervoient
dansles armées Roma ine s , fuient maltraitez, comme
ayant été d'intelligence avec lui. On fit mourir
en plufieurs villes leurs femmes 8c leurs enfans, 8c on
pilla leurs biens. Irritez de cette infraction des alliances
, ils le réünirenc fous Alar ic, le plus puiifant de
leurs chefs , qui avoit fervi le. grand Theodofe con.
trele tyran Eugene, 8c étoit revêtu des dignite2 Romaines.
il effaya encore de faire la paix avec Honorius:
8c n’ayant pû l’obtenir, il marcha vers Rome.
On dit que dans cette marche, il rencontra uniaint
moine, qui voulut l’en détourner, lui reprefentant les
maux dont il alloit être caufe ; 8c qu’Alaric lui répondit:
Je n’y vais pointde moi-même, mais quelqu’un
me preife8c me tourmente tous les jours, en difant:
V a piller Rome. Y étant arrivé, il l’ailiegea fi étroitement
, même du côté de la mer, qu’il n’y entroit
plus de viv res , Sc que la famine 8c la pefte commencèrent
à la ravager. Plufieurs efclaves, principalement
des barbares, paiferentdu côté d’Alaric. En
cette extrémité,les fenateurs païens crurent neceffaire
de facrifier au Capitole,8c dans les autres temples. Car
des arufpices Tofcans appeliez p arPompeïen, prefet
de R om e , promettoient de chaifer les barbares, par
des foudres 8c des tonnerres ; fe vantant de l’avoir déjà
fait à Narn.ia ville de Tofcane,qu’Alaric n’avoit pas
prifeen marchant vers Rome. Zofime d i t , que pour
plus grande fûreté, on rapporta au pape Innocent le
deffein que l’on avoit de faire à Rome des facrifices;
8c que le pape préférant le falut de la ville: à fon opinion,
permit de les faire en fecret. Le croira qui voudra,
fu r la fo y d e c çpayen; mais ce qu’il ajoure , eft
plus vrai femblable. LesTofcans ayantfoûtenu que
ces
,A n. 409.
XIX.
Home aillegée
par Alaric.
Socr, y n . c. to .
I
So&om. ix , c. io .
Lib. 5, p. S i6.
L i v r e v i n g t -d e u x i e ’ m e . 197
I ces cérémonies ne fervoient de rien à la ville, fi on ‘ "
I ne les faifoit en public: lefenat monta au capitole, 8c ‘ 4°9'
I commença à y faire, 8cdans les places publiques, ce
I que l’on avoit réfolu : mais perfonne n’ofa y prendre
I part. On laiifa les Tofcans , 8c onfongea aux moyens
I d’apaifer Alaric.
On traita en effet avec l u i , 8c on convint de lui M 1?-.
I donner cinq mille livres d’o r , trente mille livres d’ar-
I gent, quatre mille tuniques de foy e, trois mille peaux
I teintes en écarlate, trois mille livres de poivre. Pour
I faire cette quantité d’or 8c d’a rgent, comme il n’y
R avoit point de deniers publ ics , on taxa les particu-
I liers, qui n’y purent fuffire : enforte qu’il en faluc
I venir aux ornemens des idoles, 8c aux idoles mêmes
I d’or Sc d’argent: ce que Zofime déplore comme une
I impieté, qui mit le comble à la mauvaife fortune de
■ Rome. On fondit entr’autres une image de la vertu:
■ après quoi, dit - ilr tout ce qu’il y avoit chez les Ro-
■ mains de valeur 8c de vertu fut éteint,comme avoient
■ prédit ceux qui étoient inftruits des chofes divines.
■ Moyenant ces préfens, Alar ic levalef iége, 8c le sRo-
■ mains promirent de procurer la paix entre l’empereur
l & lui. C ’étoit l’année 409. fous le huitième confulat ?' 8l*'
■d’Honorius , 8c le troifiéme de Theodofe.
En effet le pape Innocent alla en députation vers Soz,om. ix . c. 7 .
■l’empereur Honorius , qui étoit à Ravenne : 8c on
■raporte avec vrai-femblance à cette députation, une
■loi contre les mathématiciens ou aftrologues, fous le l. u.c.n.<u
■nom defquels font fouvent compris les arufpices 8c l.To.'c.Juji.
Hes autres devins. Par cette loi , il leur eft ordonné de
■brûler leurs livres en préfence des évêqües, 8c d’abju-
Iter leurs erreurs, ou de fortir de Rome 8c de toutes les
■autres v i l le s , fous peine de déportation. Elle eft du
r 0m V . P P